mardi 16 mars 2010

A ne pas rater : Soirée thématique sur l'eau "à contre courant" sur ARTE

Que signifie le manque d'eau, pénurie réelle ou surexploitation ? "A contre-courant", diffusé mardi soir sur Arte, démonte, sur trois continents, une série d'idées reçues.
Pour vous mettre l'eau à la bouche voilà la façon dont le producteur Luc-Martin Gousset présente cette soirée théma :

"La guerre de l’eau n’aura pas lieu, c’est cette idée qui a tenu lieu de programme de travail pour les auteurs Vassili Silovic et Sylvie Briet.
Pourtant c’est avec l’idée opposée qu’ils ont commencé leur enquête.
C’était en 2006, à l’époque peu de film traitaient encore le problème de l’eau et ceux qui sont petit à petit sortis insistaient eux aussi sur les guerres de l’eau passées ou à venir, ressassant souvent les mêmes exemples: manifestations en Bolivie en 2000, absurdités américaines à Las Vegas ou en Californie... pointant le plus souvent les mêmes coupables, sociétés multinationales de Véolia à Bechtel en passant par Suez…
Seulement voilà, dès les premiers repérages les choses sont apparues plus grises que peintes en noir et blanc. Là où l’on racontait l’histoire édifiante d’une mobilisation des habitants des bidonvilles contre des multinationales de l’eau avides de profit se profilait une réalité plus complexe : la collision d’intérêts et de forces sociales et culturelles autant qu’économiques révélée par l’arrivée de compagnies des eaux mal préparées pour faire face à des problèmes qui sortaient du champ de leurs compétences.
Les raisons pour lesquelles 1 milliard d’hommes n’ont pas encore accès à une eau potable se modulent non seulement en fonction des conditions économiques et géographiques mais aussi , et surtout, selon les capacités des communautés à s’organiser pour partager un bien dont la caractéristique universelle n’est pas tant d’être gratuit (car il ne l’est pas) que d’être commun.
Il fallait se rendre à l’évidence: la guerre de l’eau n’a pas eu lieu et n’aura sans doute pas lieu de la manière dont beaucoup de films ou d’articles catastrophiques l’entendent. Il s’agit d’une lutte aussi ancienne que l’humanité pour extraire, recueillir, traiter et acheminer l’eau dans des centres urbains de plus en plus gigantesques ou des campagnes de plus en plus désertiques. Si ici et là la lutte peut prendre l’apparence d’un combat entre David et Goliath, elle est d’abord une lutte prométhéenne, à la fois énorme et banale, énorme comme les gigantesques barrages qu’elle a suscités, et banale comme un puit. Pour répondre à cet enjeu, les auteurs ont choisi de partir à la rencontre de quelques situations remarquables, à contre courant de celles habituellement médiatisées."

ARTE apporte un éclairage inédit sur l’un des enjeux majeurs pour la planète de demain en diffusant deux films de Sylvie Biret et Vassili Silovic.
Un constat : c'est souvent moins la rareté de la ressource que la revendication de son usage qui fait conflit, même dans le nord de la France, où une cressonnière du Pas-de-Calais se trouve en conflit avec les localités voisines.
Mais qu'elle abonde ou goutte à peine, l'eau est un combat multi-millénaire et permanent sur terre : il faut non seulement l'extraire, la recueillir, mais aussi la traiter et l'acheminer.
Celles de Mexico s'écoulent en un fleuve nauséabond au milieu d'une plaine agricole, à plusieurs dizaines de km de la mégapole. A la plus grande satisfaction des paysans qui utilisent ces "eaux noires", comme ils les appellent, pour irriguer leurs champs.
A Bamako, le fleuve Niger baigne généreusement la capitale malienne et saurait sans aucun doute désaltérer l'ensemble de la population. "Mais la ville s'est développée et les infrastructures n'ont pas suivi", regrette un ingénieur de la société Energie du Mali. Résultat : "Les riches du centre-ville, qui sont raccordés, paient l'eau bien moins cher que les pauvres en périphérie".
Dans le sud de l'Espagne, des travaux de titan sous Franco qui rêvait, comme en Californie, de faire d'une plaine désertique un éden agricole, confinent à l'hérésie hydraulique pour continuer d'honorer une demande exponentielle.
"Dans nos sociétés, on veut toujours plus sans réfléchir d'où vient l'eau. Au final, il faudra tous vouloir moins", note le réalisateur Vassili Silovic au terme de ses plus de deux ans d'enquête sur le sujet.
"A l'été 2006, Barcelone a subi une sévère sécheresse et a dû importer de l'eau douce par bateau depuis Marseille. Mais à la première pluie, les réservoirs se sont remplis et chacun a oublié le problème".
Parti, au début de son enquête, avec un credo militant sur l'eau gratuite pour tous, il en est revenu : oui, l'eau est un bien commun de l'humanité, mais pour arriver jusqu'à ceux qui en ont besoin, il faudra bien la payer.
Alors que la question motive de nombreuses ONG et de militants alter-mondialistes, sa caméra s'attarde dans un village du Mali où se tient un véritable conseil de gestion entre plusieurs localités contraintes de s'entendre sur le partage du puits.
L'un des voisins promeut l'idée d'une caisse commune pour assurer l'entretien de la pompe : "Sinon, quand elle tombera en panne dans vingt ans, on aura toujours notre puits et rien pour puiser l'eau".
La discussion est vive. Et ce sont les femmes qui tranchent : oui à une contribution, modeste, qui garantira l'accès à la ressource.
"A un moment, quelqu'un doit payer. Non pas l'eau, mais l'adduction et son traitement. C'est irresponsable de faire croire qu'il puisse en être autrement", conclut-il.
("A contre-courant", Soirée Thema sur l'Eau - Arte, mardi 16 mars 20h35)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour l'info, le rendez vous est noté !

Unknown a dit…

Pour une fois que je vais regarder la téle...
En tous cas votre blog est super, je suis moi-même prof d'histoire-gé Gonnesse et je l'ai montré à mes élèves pour leur expliquer l'importance d'utiliser internet pour la diffusion du savoir et de l'information.

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