mardi 2 mars 2010

Les régions se mobilisent pour défendre la mer Noire

Malgré les politiques lancées par l'Union européenne pour favoriser les réformes politiques et économiques dans la région de la mer Noire*, la mise en œuvre de solutions aux problèmes environnementaux, énergétiques et touristiques se font attendre. C'est en partant de ce constat que l'Assemblée des régions d'Europe (ARE), qui regroupe 270 régions, a décidé de s'emparer de la question et d'organiser les 15 et 16 février 2010 une conférence des régions de la mer Noire, réunissant les représentants politiques des régions situées sur le pourtour de la mer et celles situées sur le fleuve du Danube. Objectif : identifier les défis qui se posent aux régions dans cette zone et envisager les réponses que les autorités régionales seraient susceptibles de mettre en place. "Il y a la question stratégique, qui doit être réglée par la politique européenne ou nationale, mais pour la réalisation, le rôle des régions est très fort, a souligné Klaus Klipp, secrétaire général de l'ARE. Les élus locaux peuvent réunir autour d'une table les représentants des entreprises, des chambres de commerce, de la société civile, pour mener une action commune dans une région, c'est un de leurs points forts."
"Au niveau des Etats, il y a les programmes généraux avec les moyens financiers, au niveau des régions il y a l'exécution de ces programmes, a pour sa part fait remarquer Pierre Meyer, directeur du bureau des relations internationales à l'ARE. La grande difficulté, c'est d'assurer un bon lien entre Bruxelles ou Strasbourg et les territoires mais des actions pilotes novatrices peuvent être menées par les régions en complément des politiques nationales ou supranationales." Des expériences de ce type ont déjà eu lieu, comme la création du programme opérationnel Espace alpin, un programme de coopération territoriale réunissant plusieurs pays dont l'Allemagne, l'Autriche, la France, l'Italie et la Slovénie, et devant permettre d'améliorer la compétitivité et de l'attractivité de la zone.

Sur le pourtour de la mer Noire, de nombreuses initiatives ont été prises par les pays riverains et par l'Union européenne, notamment depuis l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie. Un programme "Synergie de la mer Noire", incluant une série d'initiatives concrètes en matière de transport, énergie, environnement, gestion maritime, pêche, migration et lutte contre le crime organisé et un programme de coopération transfrontalière impliquant les autorités locales des pays du pourtour de la mer Noire, fournissant un soutien aux activités des organisations de la société civile, ont ainsi été mis en place. Une commission spécifique a été créée, la Commission de protection de la mer Noire contre la pollution, rassemblant la Bulgarie, la Géorgie, la Roumanie, la Fédération russe, la Turquie et l'Ukraine. Elle est chargée de développer la convention signée entre ces pays et le plan stratégique d'actions de la mer Noire. Des initiatives qui ont permis d'améliorer la situation de la mer Noire. "Si on est organisé, on est beaucoup plus efficace, a expliqué Ahmet Kideys, directeur exécutif de la Commission pour la protection de la mer Noire contre la pollution. Quand la situation s'est aggravée en 1992, les pays se sont réunis et ça a donné lieu à une convention de protection de la mer Noire contre la pollution."
Pour cette première conférence sur la mer Noire, les régions ont planché sur deux thématiques spécifiques : la gestion de l'eau et le tourisme durable. En participant à cette initiative de l'ARE, les régions impliquées, à l'image de la région d'Odessa en Ukraine, espèrent bien pouvoir s'appuyer sur l'expertise développée par d'autres régions pour des problématiques similaires. "Il y a des bassins d'expertise dont on peut s'inspirer, c'est un mécanisme de coopération, a ainsi affirmé Sergii Glebov, professeur associé au Centre pour les études internationales de l'université Odessa Mechnikov. Nous avons besoin de connaître ces techniques et moyens qui ont fait leurs preuves." Cette première conférence est le début d'une collaboration régionale sur la mer Noire. "Les travaux reprendront en septembre 2010, mais entre-temps, des commissions de l'ARE travailleront sur place et rencontreront les uns et les autres", a précisé Michèle Sabban, présidente de l'ARE.

*Située à la jonction entre l'Europe, l'Asie centrale et le Moyen-Orient, et avec une population importante, la région de la mer Noire représente un marché en expansion au potentiel de développement élevé. Elle constitue aussi une plaque tournante importante pour les flux d'énergie et de transport. D'après les données de la Commission de la protection de la mer Noire, en 2011, 211 millions de tonnes de pétrole transiteront par la mer Noire. Mais ces flux ont des impacts négatifs sur l'écosystème. La mer Noire est très polluée. Elle souffre d'eutrophisation (teneur en nitrates très élevée) et au-delà de 200 mètres de profondeur, les eaux sont anoxiques.

Source : Localtis infos

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