dimanche 30 août 2009

En Bretagne, les autorités publiques bataillent contre l’algue tueuse

Les algues peuvent-elles tuer ? La mort d'un cheval sur le littoral des Côtes-d'Armor, fin juillet, dans une zone où prolifèrent des algues vertes et où plusieurs incidents ont déjà eu lieu, a ramené le projecteur sur le phénomène des marées vertes, sensible depuis les années 1970 dans plusieurs régions du monde, notamment en Bretagne.
L'état et les collectivités locales mènent depuis 10 ans des actions préventives pour tenter d’enrayer ce phénomène. Le 7 aout, a l’occasion d’une conférence sur le sujet la préfecture des Côtes d'Armor a rappelé que ce phénomène apparaît chaque année de mai à octobre. Selon la préfecture la prolifération de ces algues sur ce littoral est due à la combinaison de 3 facteurs. D’une part, la topographie de la Baie de Saint Brieuc ou de Saint-Michel en Grève, qui sont des baies fermées. D’autre part, une température de l'eau, un éclairement suffisant et le fait que les baies sableuses peu profondes sont ainsi des sites particulièrement favorables au développement des algues vertes. Enfin, la présence d’une surcharge d’azote dans l’eau des rivières qui se jettent dans ces baies. L'apport azoté sur les sols trop souvent plus important que les possibilités d'absorption réelles des plantes, entraine le surplus d'azote a ruisselé vers les rivières et a entraîné leur surcharge en azote. Cet azote s'est logiquement retrouvé rejeté en mer ce qui permet aux algues vertes de proliférer.
Fort de ces constats, l’autorité publique a souligné qu’en Bretagne, la lutte contre le développement du phénomène des algues vertes s'inscrit dans le cadre plus général de la reconquête de la qualité de l'eau. La politique que l'Etat a développé depuis plus de 10 ans a permis de mettre en place un certain nombre d'outils pour reconquérir cette qualité de l'eau et donc agir sur le phénomène des algues vertes.
Enfin la préfecture à profiter de cette occasion pour énoncer les 6 axes d’interventions développés par les autorités dans son action de reconquête.

1 - Les programmes d'action Directive Nitrates :
Ces programmes visent à mieux protéger les eaux contre la pollution par les nitrates d'origine agricole.
Ces programmes ont imposé aux exploitants agricoles, depuis 1996, une quinzaine de mesures dont le but est de limiter les taux de nitrates dans les rivières : limitation des apports azotés sur certaines zones du département (zone d'excédent structurel : limitation de l'apport à 170 ou 140 unités d'azote par hectare), limitation d'extension des cheptels sur certains secteurs sensibles, obligation de stockage des effluents d'élevage... Le 4ème plan d'actions signé par le Préfet le 29 juillet 2009 renforce ce dispositif en prévoyant notamment la mise en place de bandes enherbées ou boisées le long de tous les cours d'eau, la couverture hivernale des sols en zone vulnérable...

2 - Les programmes d'action Bassins Versants contentieux
Programme d'actions mis en oeuvre dans 9 bassins versants bretons dont 6 dans les Côtes d'Armor suite au contentieux ouvert par la commission européenne contre la France portant. Ce programme vise en particulier à limiter sur ces zones, les apports d'azote.

3 - La mise en place de moyens incitatifs : les mesures agri-environnementales (MAE)
- mise en place d'aides financières à l'attention des exploitants agricoles afin de modifier leur système d'exploitation et ainsi utiliser moins d'azote :
- favoriser l'agriculture biologique
- favoriser le développement d'un système d'élevage fondé sur le fourrage plus économe en apport d'engrais (azote)

4 - Les contrôles des exploitations agricoles
L'Etat a fortement renforcé le contrôle des exploitations agricoles : 1500 exploitations vérifiées chaque année sur l'ensemble du département sur 9 000 exploitations
- 16% des exploitations costarmoricaines sont contrôlées chaque année par 20 inspecteurs de l'Etat

5- Les actions d'accompagnement et de soutien des collectivités
L'Etat sensibilise chaque année les acteurs intervenant en matière de ramassage des algues vertes sur les aspects sanitaires de ce phénomène par l'envoi annuel aux communes littorales et aux professionnels du secteur de conseils et de recommandations, ainsi que de consignes pour l'information du public.
Les maires, en tant qu'autorité de police sur le territoire communal, organisent avec efficacité depuis de longues années cette collecte et ont pris les mesures de prévention et de réglementation des zones touchées par les algues vertes.

6-L'accompagnement financier des communes par l'Etat
L'Etat a ouvert la possibilité pour les communes concernées de recevoir des subventions d'investissement afin de participer au financement d'équipement nécessaire à la collecte et au traitement des algues échouées.
Espérons que ces actions seront efficaces, mais en ce qui nous concerne, il nous semble que le volet sensibilisation et accompagnement pédagogique de la filière agricole est un peu faible…

samedi 29 août 2009

La GRA : Le projet pharaonique de la Libye…


Pour ceux qui aurait suspendu leur abonnement à Libé en cette période ou plus rien n’a d’importance que la couleur du ciel et la température de la belle bleue prenez le temps de lire l’article que nous a livré Christophe Ayad, le 13 aout. Pour mémoire, Christophe est un vrai spécialiste du monde arabe et de l’Afrique, auteur notamment d’un ouvrage sur la Géopolitique de l’Egypte, lauréat du Prix Albert-Londres pour plusieurs de ces reportages sur l’Irak, Dubaï et le Rwanda. Son article « A fond perdu » relate l’histoire du projet de la Grande rivière artificielle que le pouvoir Libyen annonçait comme la solution à tous les maux de la Libye, mais qui n’avait pas considérer le fait que les technologies les plus performantes du monde ne peuvent rien si on ne sait pas « planter des c
houx »… une expérience à méditer…

« La Grande rivière artificielle, projet démesuré de Kadhafi censé puiser l’eau fossile du Sahara vers les terres cultivables de la Libye, n’aura fait naître que de faux espoirs et… quelques tomates.
En anglais, on l’appelle The Great Man Made River. Mais les esprits facétieux n’ont pas tardé à trouver un jeu de mot : «The Great Mad Man River.» La Grande rivière artificielle (GRA) devenant ainsi le «fleuve du grand homme fou». Ce n’est pas complètement faux, tant le projet est le fruit de l’obsession d’un seul homme : le colonel Kadhafi, qui pense avoir bâti, la «huitième merveille du monde». Rien de moins. Hormis l’aspect esthétique qui ne saute pas aux yeux, l’effort était, il est vrai, titanesque. La GRA est en effet le plus important ouvrage de génie civil jamais réalisé au monde. La rivière en question n’a rien de bucolique : elle se présente sous la forme d’un réseau de plus de 4 000 km de tuyaux de 4 mètres de diamètre et 7,5 mètres de long, destinés à amener l’eau fossile du Sahara, pompée par des centaines de puits de forage, vers les terres cultivables et la côte méditerranéenne de la Libye.

D’autres chiffres puisque les exploits se mesurent plus qu’ils ne s’analysent ? Il faudra, à terme, un demi-million de ces tubes géants pour achever la GRA. Les 5 millions de tonnes de ciment utilisées pour le projet auraient permis de construire une route reliant Syrte, au centre de la Libye, à Bombay, en Inde. La somme des forages effectués dans le désert pour pomper l’eau fossile représente 70 fois la hauteur de l’Everest. Quant aux sommes engagées, elles relèvent du secret d’Etat, mais les estimations vont de 35 à 80 milliards de dollars sur un quart de siècle.

Mais pour les Libyens, cette accumulation presque vertigineuse ne dit rien du changement majeur qu’a introduit al-nahr al-senaeï al-azim (la GRA, en arabe) dans leur vie. Ce pays de 6 millions d’habitants - dont 20 % d’immigrés - pour 1,7 million de km2, est à plus de 90 % un désert aride. L’essentiel de la population se concentre sur une étroite bande côtière longue de 1 800 km. Il pleut moins de 200 mm d’eau par an. Une goutte. En tout cas, absolument pas de quoi renouveler les nappes phréatiques qui alimentent les grandes villes de la côte méditerranéenne : la capitale Tripoli, mais aussi Benghazi, Syrte, Tobrouk, là où se concentre aujourd’hui 90 % de la population, à l’origine bédouine. Outre la déplétion des nappes locales, les infiltrations d’eau de mer les rendent de moins en moins propres à la consommation. Or, les besoins de la population libyenne sont évalués à 5 milliards de mètres cubes par an. Beaucoup trop par rapport aux rares ressources immédiatement disponibles.
C’est dans les années 70 que le bouillant colonel Kadhafi a eu sa «vision» de la Grande rivière artificielle. Une manière pour lui de se poser en nouveau leader du monde arabe, comme son idole Gamal Abdel Nasser qui avait marqué les esprits en construisant le haut barrage d’Assouan. Une manière aussi de s’imposer à la tête du Sahel, l’arrière-cour africaine de la Libye, en réalisant le rêve de tous ces pays souffrant gravement de pénurie d’eau.

Quelle est l’idée ? Tout simplement pomper l’eau souterraine de l’immense désert libyque et l’utiliser pour transformer son pays en une oasis verdoyante et surtout produisant de quoi se nourrir. A l’époque, celui que l’Occident considère comme son ennemi public numéro 1, est obsédé par l’idée de devenir autosuffisant. Il n’aura pas complètement tort puisque l’attentat de Lockerbie (270 morts) contre un avion de la Pan Am en 1988 au-dessus de l’Ecosse, vaudra à la Libye d’être soumise à un long embargo - limité toutefois aux armes, à l’aéronautique et aux investissements pétroliers.

Dès le début des années 80, donc, la Jamahyriya - encore un concept forgé par Kadhafi dans son petit Livre vert et qui signifie «la République des masses» - se lance dans le projet de la GRA. Ironie de l’histoire, les études sont confiées à un bureau d’ingénierie américain, Brown & Root, filiale de Halliburton, le géant du BTP et des services que dirigea un temps Dick Cheney, le vice-président de George W. Bush et l’un des néoconservateurs les plus faucons de cette administration. Pour contourner les sanctions américaines visant la Libye, Brown & Root fut obligé de sous-traiter le contrat à son bureau londonien. Au milieu des années 90, nouvelle tuile : la presse fait état de rapports des services de renseignements selon lesquels les gigantesques tuyaux de la GRA pourraient servir à abriter des troupes, des bases de missiles ou des usines d’armement chimique. Qu’à cela ne tienne, la GRA sera construite vaille que vaille et elle devrait être achevée, en temps et en heure, l’année prochaine… plus de vingt-cinq ans après sa conception. Le coût est exorbitant - jusqu’à 17 % du PIB certaines années, notamment quand les cours du pétrole étaient bas, comme dans la décennie 80 - mais personne n’ose remettre en cause le projet fondateur du régime.
Planter les choux

C’est un consortium coréen, Dong Ah, qui a construit l’essentiel des canalisations. Le forage des puits a été confié à une entreprise brésilienne, Braspetro. Mais le pompage se révèle plus compliqué que prévu et la Libye est obligée de faire appel à la Lyonnaise des eaux pour pomper le précieux liquide souterrain.

Car les eaux souterraines du Sahara ne sont pas forcément stockées dans des piscines naturelles qu’il suffirait de découvrir et de pomper. Cette eau fossile, issue de l’époque où le Sahara n’était pas un désert, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, repose entre 800 et 1 500 mètres de profondeur. Mais elle est parfois emprisonnée dans des micropoches, rapidement épuisées, parfois mêlée à du sable et des boues, ce qui rend le pompage cher et problématique. Autre inconvénient : la nappe souterraine déborde largement les frontières de la Libye, s’étendant sous l’Egypte, le Tchad, le Soudan et l’Algérie. Ces pays accepteront-ils longtemps que la Libye épuise à elle seule cette ressource hautement stratégique et non renouvelable. Car, à la différence des nappes phréatiques côtières, l’eau du Sahara n’est pas renouvelable. Or, les estimations sur la «durée de vie» de la Grande rivière artificielle sont très variables. Plusieurs centaines d’années, jurent les experts libyens. Un demi-siècle tout au plus s’accorde à dire la plupart des spécialistes de la question. D’autant que l’exploitation, déjà hors de prix, ne va cesser de se renchérir au fur et à mesure qu’il faudra déplacer les puits et creuser de plus en plus profond.

Jusque-là, le «fiasco» n’est pas évident et le lecteur arrivé à ce point de l’article se demande légitimement en quoi la Grande rivière du colonel Kadhafi est un prototype de ratage méritant de figurer dans le «Cahier d’été» de Libération. C’est que la GRA est une réussite technologique, qui n’aura servi à… rien au vu des objectifs affichés. Ce n’est pas tout d’avoir de l’eau, encore faut-il savoir planter les choux. Or, les retombées agricoles de la GRA se sont révélées quasiment nulles. Les Libyens, qui restent d’ataviques Bédouins, ne se sont pas mis à l’agriculture malgré les admonestations du Guide. Quant aux fermes collectives où ont été embauchés des milliers de fellahs égyptiens, elles ont toutes les peines à commercialiser leurs produits dans une économie socialiste, dont les prix sont fixés par l’Etat. Résultat, la Libye continue d’importer plus de 80 % de sa nourriture et les grandes villes côtières n’ont cessé de grossir, attirant toujours plus de provinciaux désireux de profiter du confort de la vie moderne et de l’eau courante… »

mercredi 26 août 2009

En Inde l’eau s’amenuise…

Le Monde du 13 aout consacre un article très intéressant au problème des ressources en eau en Inde.

« En Inde, les nappes phréatiques s'épuisent, mettant en péril les ressources en eau du pays. Un article paru jeudi 13 août dans la revue scientifique Nature établit qu'en six ans, de 2002 à 2008, les réserves d'eau souterraine de trois régions du nord de l'Inde, l'Haryana, le Pendjab et le Rajasthan, ont diminué de 109 milliards de mètres cubes, soit le dixième des réserves annuelles du pays.
L'Inde est prise au piège entre une consommation qui ne cesse d'augmenter et des réserves qui baissent. L'eau souterraine est gratuite et abondante, même en temps de sécheresse. Depuis quarante ans, les agriculteurs se sont donc tournés vers l'exploitation des nappes phréatiques, sans se donner la peine de demander des autorisations. En l'absence de législation et de contrôle des autorités, 19 millions de puits ont été forés.

Cette eau souterraine, qui constitue 38,5 % des ressources disponibles, est pourtant précieuse. S'il suffit de seulement quelques minutes pour extraire l'eau des profondeurs, il faut des années pour reconstituer une nappe phréatique. Dans son rapport intitulé "Propriété et gestion des nappes phréatiques", le commissariat au plan indien met en garde contre leur surexploitation : entre 1995 et 2004, "la proportion de districts surexploités est passée de 4 % à 15 %, faisant de la surexploitation des nappes phréatiques un objet de préoccupation". Dans les régions arides ou semi-arides comme le Gujarat, le Tamil Nadu ou le Rajasthan, plus de la moitié des districts sont classés comme étant dans une situation critique ou semi-critique ou comme surexploités.

Cette pénurie conduit les agriculteurs à creuser des puits de plus en plus profonds. Mais tous n'ont pas les moyens de s'équiper de pompes à eau suffisamment puissantes. Dans un article paru mardi 11 août dans les Lettres de la recherche environnementale (ERL), Tushaar Shah montre que ces pompes à eau, qui fonctionnent avec des générateurs alimentés au gazole ou au kérosène, sont responsables de 4 % à 6 % des gaz à effet de serre émis par l'Inde, le quatrième pollueur de la planète. Or le réchauffement climatique réduit les chances de renouvellement des nappes phréatiques.

En 2001, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a montré qu'une augmentation des températures se traduirait par de plus fortes précipitations, sur une moindre durée. Ce changement pourrait ralentir le rythme de réapprovisionnement des réserves d'eau souterraines. Enfin la montée du niveau de l'océan provoque la salinisation des nappes phréatiques côtières, les rendant impropres à la consommation. La contamination chimique des nappes phréatiques, à l'arsenic ou au fluor, est en outre déjà à l'oeuvre dans certains Etats, comme l'Andhra Pradesh ou le Bengale-Occidental.

Les nappes phréatiques servent à irriguer des cultures à haut rendement, où sont aussi utilisés des pesticides et des engrais. Or "les systèmes d'irrigation souterrains sont particulièrement vulnérables à la contamination chimique. Une fois contaminés il est très difficile, voire impossible de les décontaminer", lit-on dans un des articles publiés dans ERL. »

La pénurie d'eau suscite déjà des tensions en périphérie des grandes agglomérations. "La guerre de l'eau a commencé", va même jusqu'à affirmer Sunita Narain, rédactrice en chef de la revue environnementale Down to Earth. "Aux alentours de New-Delhi, les citadins utilisent les ressources en eau des paysans. Et les paysans ont à leur tour recours aux maigres ressources en électricité des citadins pour pomper l'eau dans des puits profonds", explique Sunita Narain. En 2005, cinq paysans ont été tués au cours de manifestations, dans le Rajasthan, pour protester contre l'acheminement de l'eau du barrage de Bisalpur vers la ville de Jaipur.

Le gouvernement expérimente la possibilité de recharger artificiellement les nappes phréatiques et commence à peine à contrôler les creusements de puits. Restreindre l'accès à l'eau dans les régions agricoles s'avère difficile à contrôler et risqué politiquement. Le gouvernement central préfère donc étendre le réseau d'irrigation en surface. "Depuis 1990, les gouvernements du centre et des régions ont investi plus de 20 milliards de dollars dans la construction et la réhabilitation de systèmes d'irrigation par canaux, alors que la surface alimentée par cette irrigation a baissé de 3 millions d'hectares", écrit Tushaar Shah.

Le temps presse pour éviter la surexploitation des nappes phréatiques. Alors que l'agriculture consomme 85 % de l'eau douce du pays, la situation pourrait s'aggraver avec l'industrialisation et l'urbanisation de l'Inde. Le commissariat au plan indien prévoit qu'à ce rythme, l'Inde souffrira en 2050 d'un déficit de 320 milliards de mètres cubes d'eau par an.

lundi 24 août 2009

Les stars s'engagent pour l'eau – 3

Avant Matt Damon ou Sharon Stone dont nous vous parlions le mois dernier, Jennifer Connelly apparaissait dans cette séquence où on la voyait, dans un New-York asséché, se rendre à Central Park pour chercher un peu d'eau trouble à donner à boire à ses enfants...


vendredi 21 août 2009

L'agonie de la mer Morte


Entre la Jordanie et Israël apparaissent les rives de la mer Morte. Elle expire là, sous un soleil de plomb, abreuvée d’un flot de baigneurs indolents, incapables de la moindre brasse dans cette eau dont le taux de salinité, 33 %, est dix fois plus élevé que dans les océans. Une goutte dans les yeux brûlerait comme de l’acide. Mais pour la peau, cette concentration unique de minéraux et de micro-organismes possède toutes les vertus. L’air y est aussi plus pur qu’ailleurs, la pollution quasi inexistante. Un monde à part, qui peu à peu s’évapore, ne recueillant de sa source que des larmes : le fleuve Jourdain s’épuise à irriguer l’agriculture, l’industrie, les villes.
À cela s’ajoutent le réchauffement climatique et surtout l’exploitation de la potasse, qui engloutit chaque année 300 millions de mètres cubes d’eau, soit un quart des pertes de la mer Morte. Alors, bien sûr, le niveau descend – de 1 mètre par an, c’est le plus bas du globe, à moins 420 mètres – et la terre, bouleversée, se venge. Depuis les années quatre-vingt, le sol s’affaisse, criblant les côtes de cratères bouillonnant d’eau sale. Peut-on ressusciter la mer Morte ? Le projet pharaonique d’un canal creusé sur 200 kilomètres jusqu’à la mer Rouge pourrait renflouer ce « grand lac », tout en approvisionnant par dessalement les pays riverains. Cette solution inquiète pourtant les écologistes pour qui seule la réhabilitation du Jourdain peut éviter un désastre.

jeudi 20 août 2009

Un guide pour les décideurs sur la question de l'eau

L'OCDE a élaboré avec ses partenaires un Guide pour l'action publique afin d'aider les gouvernements qui envisagent une participation du secteur privé aux questions liées à l'eau.

Ce guide s'articule autour des 24 Principes de l'OCDE pour la participation du secteur privé aux infrastructures, et met en exergue les particularités de chaque secteur, les aspects à prendre en considération par les pouvoirs publics, et les outils et pratiques disponibles. Ces principes sont regroupés en cinq volets :

1. Décider de la nature et des modalités d'une participation du secteur privé ;

2. Garantir un environnement institutionnel et réglementaire solide pour l'investissement dans les infrastructures ;

3. Garantir un soutien public et institutionnel pour le projet et le financement choisis ;

4. Assurer une coopération efficace entre les secteurs public et privé au service de l'intérêt général ;

5. Encourager un comportement responsable des entreprises.

Le guide formule également à l'intention des gouvernements quatre recommandations générales et une série d'orientations, ainsi que des notes sur les pratiques des pays pour aider à les appliquer.

La première recommandation générale est de préciser les objectifs fondamentaux de la fourniture de services et la contribution que peut apporter le secteur privé pour leur réalisation. Il faut pour cela définir clairement le rôle et les responsabilités des différents partenaires privés et les modalités de leur participation. Cela permet de faire en sorte que les partenariats répondent bien aux besoins locaux et que l'intérêt général soit préservé.

Deuxièmement, les pouvoirs publics devraient établir un cadre général favorable, fondé sur une réglementation de qualité et un engagement politique fort, y compris concernant la lutte contre la corruption. La répartition des rôles entre autorités responsables et les mécanismes de coordination devraient être clairement définis pour assurer l'application effective des dispositions réglementaires et contractuelles. Cela vaut dans tous les cas, que les opérateurs de l'eau soient publics ou privés.

Troisièmement, les partenariats devraient s'appuyer sur des mécanismes de responsabilité solides et comprendre des dispositions contractuelles claires et cohérentes fondées sur les résultats obtenus ; le suivi devrait reposer sur la mise en commun de l'information et la consultation des parties prenantes.

Quatrièmement, les partenaires privés devraient être encouragés par le secteur public à pérenniser le partenariat autant que possible. Les premiers devraient faire preuve de détermination et agir en toute bonne foi, promouvoir l'intégrité, communiquer avec les consommateurs et gérer efficacement les aspects sociaux et environnementaux de leurs activités. Ils devraient garder à l'esprit que leur apport influence la vie de millions de personnes.



mercredi 19 août 2009

Création d'un réseau méditéranéen de lutte contre la pollution marine.

Des enquêteurs et des procureurs de neufs pays de la côte méditerranéenne ont récemment rassemblé leurs efforts pour intensifier la lutte contre la pollution marine.
La première réunion officielle du Réseau méditerranéen des procureurs, tenue en juin dans les bureaux de Marseille de la Banque mondiale, a insufflé une nouvelle dynamique afin d’encourager l’application de la législation et des traités environnementaux. Ces derniers prévoient des dispositions permettant d’éviter la pollution marine de sources terrestre, navale et aérienne.
Cette réunion a bénéficié de l’appui de la Banque mondiale, par l'intermédiaire de son Programme d'assistance technique sur l’environnement en Méditerranée, aussi appelé METAP, et a été organisée en partenariat avec le ministère français de la Justice et l’Organisation internationale de droit du développement. Cette réunion a permis de rassembler des représentants venant d’Algérie, d’Égypte, d’Espagne, de France, d’Italie, de Malte, du Maroc, de Tunisie et du Liban. La promotion de la coopération régionale et la mise en application des dispositions prévues dans les traités existants constituent les principaux objectifs de ce nouveau réseau.
« Les instruments juridiques ont longtemps été au centre de l’attention. Mais il est à présent urgent de commencer à collaborer pour s’assurer que ces lois soient mises à profit et soient respectées », a affirmé Dominique Bichara, conseillère juridique principale à la Banque mondiale chargée des régions de l’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Il y a quinze ans, très peu de pays méditerranéens se souciaient de la préservation des zones côtières. Aujourd’hui, tous les pays disposent d’agences et d’un ministère de l’environnement, ainsi que d’une législation environnementale, et ceci est partiellement le fruit du travail du Programme d'assistance technique sur l’environnement en Méditerranée.
L’application des lois environnementales reste cependant inégale autour du bassin méditerranéen. Les juges, les procureurs et les enquêteurs sont souvent confrontés à un manque de formation, d’expérience, de capacités et d’équipements essentiels pour être en mesure de gérer des cas de plus en plus complexes. Ils ne disposent peut-être pas toujours des instruments nécessaires pour décourager les déversements dans la mer. Cette situation freine les efforts entrepris en matière de protection de la biodiversité dans la Méditerranée. En l’absence d’un système judiciaire robuste et de services chargés des enquêtes et des poursuites, les pollueurs continueront à déverser des déchets dans la mer et à chercher de nouvelles zones de déversement, a affirmé Mme Bichara.
À travers le partage de l’expérience et des pratiques d’excellence, le réseau de procureurs favorisera la collaboration entre les enquêteurs et les procureurs méditerranéens en vue de faire respecter les dispositions juridiques internationales.
Le réseau, qui se réunira annuellement, peut également aider à la création d’un système d’alerte contre les déversements d’hydrocarbures ou autres catastrophes. Enfin, le groupe pourrait également jouer un rôle important dans l’harmonisation des procédures et des sanctions sur l’ensemble de la région méditerranéenne afin d’éliminer les « paradis » des pollueurs.
« Sans conteste, le débat dans le domaine est désormais lancé tout comme existe la volonté d’accélérer l’application des mesures pour préserver la biodiversité de la Méditerranée. Les membres du réseau ont maintenant un nom, un numéro de téléphone et des coordonnées où les contacter, » a souligné Mme Bichara.
La Méditerranée constitue l’un des milieux naturels présentant la plus grande biodiversité de la planète. Cependant, l’accroissement de la population régionale exerce de plus en plus de pressions sur cet écosystème. A savoir que les 22 pays côtiers de la mer Méditerranée comptent plus de 400 millions d’habitants, dont 143 millions vivent sur le littoral.
Selon les estimations d’une étude de 2008, menée par la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement, environ 80 % de la pollution marine de la mer Méditerranée est d’origine terrestre. D’après la même étude, plus de la moitié des zones urbaines du littoral dotées d’une population supérieure à 100 000 habitants ne disposent pas d’usines de traitement des eaux et déversent 60 % de leurs déchets directement dans la mer.

lundi 17 août 2009

L’éolienne qui produit de l’eau potable

Marc Parent, climaticien à la tête d’Eole Water, a mis au point un système simple : l’éolienne aspire l’air du vent, dont l’énergie est utilisée faire fonctionner un système frigorifique nécessaire à la condensation de l’humidité de l’air. Les vapeurs d’eau qu’il contient se transforment ensuite en eau, qui est traitée par des filtres puis récupérée dans une cuve incorporée à l’éolienne. Le tout sans aucun rejet de CO2, contrairement à d’autres mécanismes de retraitement des eaux, comme le dessalement de l’eau de mer.

Le projet de Marc Parent est d’héliporter les éoliennes de 15 mètres de haut, à installer en une heure dans les pays nécessiteux, avec un objectif de production de 800 litres d’eau par jour. "le côté ethique est pour moi très important", précise Marc Parent.

Pour l’heure, Eole Water souhaite développer ce produit dans les pays les plus riches pur l’industrialiser et en faire ensuite bénéficier les populations qui en ont le plus besoin. Il propose trois prototypes, de 10 à 14 mètres de hauteur pour des capacités de 53 litres /24 h à 514 litres /24h. Question tarif, les prix devraient s'étaler de 9 000 euros à 25 000 euros pour la plus grande capacité.

Voir : http://www.eolewater.com/


vendredi 14 août 2009

Le Canal Sud-Nord chinois s'embourbe

A deux pas du plus grand projet d'adduction d'eau jamais planifié, Li Yunxi regarde ses plans de maïs rabougris, souffrant de la sécheresse depuis des semaines. "Nous, les gens ordinaires, nous n'osons pas prendre cette eau. Elle est pour Pékin et ici on ne la vole pas", dit Li en désignant un canal faisant partie du Projet de dérivation Sud-Nord, ambitieux mais peinant à se concrétiser. Chez Li, dans la province centrale du Hebei, les températures flirtent avec les 40 degrés depuis des semaines, les rivières et puits sont depuis longtemps taris. Mais, malgré son déficit en eau, le Hebei reste mis à contribution pour approvisionner Pékin.
Il y a quelques mois, le gouvernement a annoncé que le grand canal central du Projet Sud-Nord, qui doit acheminer les eaux d'un affluent du fleuve Yangzi à 1.300 km de Pékin, vers la capitale et sa grande région, ne serait pas achevé avant 2014, en retard de cinq ans. Une épreuve pour le nord de la Chine qui manque cruellement d'eau, alors que le réchauffement climatique aggrave la situation et que la demande en eau est de plus en plus forte, surtout à Pékin et dans le Hebei qui l'entoure, soit une population de 96 millions de personnes.
Aujourd'hui, une portion de canal de 300 km achemine de l'eau prélevée dans les réservoirs du Hebei, de la ville de Shijiazhuang vers la capitale. Le canal au-dessus des terres de Li, disparaît dans les parages du lit asséché de la rivière Yishui pour ne réapparaître que sur l'autre rive, près d'une station de pompage souterrain. "Il n'y a pas eu d'eau dans la rivière depuis 30 ans", dit le paysan au teint cuivré, en sueur sous son chapeau de paille.
Le puits familial aussi a rendu l'âme il y a une dizaine d'années et Li, comme d'autres villageois, dépend de l'eau, onéreuse pour lui, sortie de la station de pompage. Pour combien de temps ? "Au début, ils allaient pomper l'eau à 30 ou 40 m de profondeur, maintenant c'est plus de 100". Les nappes phréatiques vont rester exploitées tant que le canal ne sera pas opérationnel, cet énorme projet à trois voies du Sud humide vers le Nord aride, de 400 milliards de yuans (quelque 40 milliards d'euros).
"Avec le retard de cinq ans, la crise (hydrique) va s'aggraver dans le Nord", souligne Zhang Junfeng, un expert de l'association de protection de l'environnement Green Earth Volunteers. "Le Projet Sud-Nord visait à réduire le volume des eaux souterraines utilisé dans les zones urbaines", explique-t-il aussi. Zhang estime que Pékin a déjà pompé près des deux tiers de ses nappes, avec des puits pouvant aller jusqu'à 1.000 m de profondeur.
Selon les plans publiés par la presse officielle, en 2014 quelque 13 milliards de mètres cubes d'eau de l'affluent du Yangzi devraient parvenir au Nord chaque année, dont le dixième affecté à Pékin, qui en 2008 a consommé 3,5 milliards de mètres cubes d'eau. Le reste de l'eau détournée du Sud approvisionnera d'autres grandes villes et régions sur la route du canal et notamment le Hebei. Un volume significatif devrait être perdu en évaporation et fuites, a reconnu le gouvernement.
Selon la presse, les retards sont dus à des surcoûts mais aussi à la difficulté de déplacer jusqu'à 300.000 personnes vivant sur le trajet prévu. Les délais sont aussi liés à la nécessité de construire à grands frais des stations de traitement de ces eaux extrêmement polluées sur la voie est du projet. Côté ouest, le canal qui devait transférer les eaux du Yangzi vers le fleuve Jaune, le long du plateau tibétain, a été reporté sine die, selon la presse. Si cet abandon est confirmé, il devrait faire retomber le coût total du projet, ont estimé les médias.

Source : AFP

jeudi 13 août 2009

L'eau au Mali


Au Mali, les conditions d’hygiène sont précaires et l’approvisionnement en eau potable reste préoccupante. Selon la quatrième Enquête démographique et de Santé (EDS IV), 70 % de la population utilise l’eau des puits et 4 % les eaux de surface comme source d’approvisionnement en eau. Selon la même source, 66,1 % de la population n’utilise aucun moyen de traitement de l’eau à domicile (javellisation, ébullition, filtration à travers un filtre...)
Ces différents facteurs couplés au déficit d’hygiène individuelle font que les maladies diarrhéiques restent une préoccupation majeure au Mali. En effet, les maladies diarrhéiques, toutes causes confondues, constituent la 3e cause de consultation après le paludisme et les infections respiratoires aiguës. Elles touchent particulièrement les enfants de zéro à cinq ans qui payent un lourd tribut en termes de morbidité et de mortalité.
D’après les données du système National d’information sanitaire (SIS), en 2008, il a été enregistré 185 027 cas de diarrhées avec 153 décès ; la tranche d’âge inférieure à 5 ans est la plus touchée. Ces cas enregistrés sont loin de refléter la réalité du fait de la faible couverture sanitaire et la sous fréquentation des services de santé au niveau communautaire.
Les maladies diarrhéiques font partie des pathologies sur lesquelles se focalise la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME). Le Mali est régulièrement touché par des épisodes de choléra, en 2008 il a été enregistré 904 cas de choléra dont 345 pour la tranche d’âge inférieure à 15 ans avec 67 décès, soit un taux de létalité de 7,66 %.
Les pathologies citées sont dues à la consommation de l’eau insalubre et aux mauvaises pratiques de l’hygiène, notamment la non observation du lavage des mains au savon aux moments décisifs ; elles ont des conséquences désastreuses sur l’état de santé des populations, surtout des groupes socio-économiques défavorisés.
Selon l’OMS, la désinfection de l’eau à domicile et sa conservation contribueraient à réduire de 39 % l’incidence des maladies diarrhéiques.
Compte tenu de la frange de la population s’approvisionnant au niveau des sources non traitées ou non protégées d’une part, et des comportements et pratiques à risque tout au long de la chaîne de l’eau (collecte, transport, stockage) d’autre part, la désinfection de l’eau à domicile et sa conservation constituent des moyens efficaces pour obtenir une eau potable et prévenir ainsi les diarrhées.
Dans le cadre de l’obtention d’une eau de qualité afin de réduire l’incidence des maladies liées à l’eau, et particulièrement les maladies diarrhéiques, plusieurs actions ont été mises en œuvre par différents acteurs. Il s’agit entre autres de la surveillance et le contrôle de la qualité de l’eau par la Direction Nationale de la Santé à travers ses services déconcentrés et avec l’appui des partenaires comme l’OMS, l’UNICEF ; l’organisation d’une journée d’information et de sensibilisation en 2008 avec l’appui financier de l’USAID ; la diffusion de messages audiovisuels sur le traitement de l’eau de boisson par le ministère de la Santé et l’ONG PSI ; la mise en œuvre de la DNS et ses partenaires (UNICEF, Water Aïd, ONG locales...) de l’approche d’auto approvisionnement en eau (Self Supply) ; l’initiative de promotion par PSI du produit de désinfection de l’au «AQUATAB», etc. Reste qu'une véritable amélioration passera nécéssairement par une politique d'investissement à grande échelle dans les infrastructures.

mardi 11 août 2009

Histoire belge d'eau

Deux communes du nord de la Meuse, Avioth et Thonne la Long, rencontrent des difficultés pour alimenter leur population en eau. Deux solutions s’offrent à elles : soit effectuer un forage important (80 m) pour capter une eau de qualité moyenne, nécessitant des traitements lourds et coûteux, soit aller acheter une eau d’excellente qualité dans la commune d’à côté… en Belgique !
Si la solution belge est la plus intéressante sur le plan technique, elle est moins évidente sur le plan administratif.
Les deux communes meusiennes ont néanmoins réussi à braver les écueils : l’eau Belge coulera dans les robinets des habitations d’Avioth et de Thonne la Long, d’ici 2 ans…
Reportage France 3 à voir ici !

lundi 10 août 2009

L’Or bleu tibétain


Château d’eau de l’Asie, le Tibet est le berceau de la plupart des grands fleuves qui irriguent les pays asiatiques. On compte notamment le Brahmapoutre (Chine, Inde, Bengladesh), le Mékong (Chine, Myanmar, Laos, Thaïlande, Cambodge, Viêt Nam), l’Indus (Inde, Pakistan) et enfin le Fleuve Jaune et le Fleuve bleu (Chine). Pas moins de trois milliards de personnes vivent de ces ressources d’eau. Quatrième plus grand réservoir d’eau douce de la planète, le Toit du Monde est un enjeu stratégique pour l’ensemble de l’Asie et plus particulièrement pour la Chine qui y voit un moyen d’assouvir ses aspirations d’accroissement de puissance économique et politique.
Qui tient l’approvisionnement en eau, tient le pouvoir. Les différentes dynasties chinoises l’avaient très bien compris. Ainsi l’histoire de l’Empire chinois est rythmée par la recherche de la maîtrise de cette ressource. Cette volonté se caractérise dans les idéogrammes mêmes du terme Chine, qui comprend l’idée de la maîtrise des fleuves. Les différentes politiques économiques doublées du rapide développement industriel n’ont fait qu’aggraver la situation originelle de la Chine : assèchement des sols, pollution, destruction des ressources halieutiques et des écosystèmes, intrusion d’eau saline dans les nappes phréatiques. L’eau est restée au cœur des préoccupations de la Chine. Dans ce processus de stratégie économique et d’accroissement de puissance, les eaux du Tibet sont vitales. Déjà en 2003 sur les 45000 grands barrages répertoriés dans le monde, 22 104 étaient chinois ! Lorsque l’on sait qu’un tiers des cours d’eau partant du plateau tibétain traverse la Chine, on comprend l’attrait du géant chinois pour le Toit du Monde. George Ginsburg écrit dans son livre La Chine communiste et le Tibet : « Celui qui contrôle le Tibet domine le piémont himalayen ; celui qui domine le piémont himalayen menace le sous-continent indien ; et celui qui menace le sous-continent indien peut à n’importe quel moment se saisir de l’Asie du Sud, et même de toute l’Asie. » Les ressources d’eau du Tibet seraient donc la clé de contrôle du continent asiatique, du moins de la partie terrestre de l’Asie. La Chine l’a bien compris et a entamé depuis plusieurs années une série de projets pour résoudre son problème de pénurie d’eau au nord, répondre à ses ambitions économiques, et partir à la conquête des clés du continent asiatique.
En 1993, le projet du barrage des Trois Gorges sur le Yangsté, barrage hydroélectrique le plus long du monde (2 335 mètres) avec une capacité de production évaluée à 18 200 mégawatts. Ce projet a nécessité le déplacement de 1,2 million de personnes. Notons aussi que la banque mondiale refusa de soutenir sa construction à cause de son manque de viabilité et des conséquences écologiques qu’il entraîne. Claude B. Levenson, journaliste au Monde et à Politique Internationale, sinologue et tibétologue écrit : « la Chine, assoiffée d’eau et d’énergie, n’hésite pas à mettre en danger l’équilibre écologique de ses voisins, et au-delà de l’ensemble du continent ». En 2020, Pékin prévoit de réaliser 15% de sa consommation d’énergie grâce aux énergies renouvelables dont l’hydroélectricité. La construction de nombreux barrages, rappelant la politique de « grands travaux » du Grand bond en avant sous Mao, fait de la Chine le « robinet » de l’Asie. L’eau est utilisée comme une arme politique, en créant un climat de dépendance pour les pays voisins. Ce vecteur de puissance diplomatique auprès des pays voisins pourrait également déstabiliser la Chine sur le long terme. En effet, la nationalisation des parcelles privées des paysans, leurs expropriations ne manque pas de créer des troubles internes. Troubles que la Chine gère par l’envoi de force de police voire de l’armée.
Repoussant encore plus loin les limites du réalisable, le projet Tsangpo (autre nom du haut-Brahmapoutre quand il coule au Tibet) prévoit de détourner le fleuve au niveau de la frontière indienne. Pour le moment les choses sont encore sur le papier ou presque car la Chine ne souhaite pas de conflit direct avec le grand adversaire indien. A l’image du Jeu de Go, la Chine place ses pions pour enserrer ses voisins au service de son développement économique. De fait, ce projet de 50 milliards de dollars permettrait la construction de la plus grande centrale hydroélectrique, générant deux fois plus d’électricité que le barrage des Trois Gorges (40 000 mégawatts). Il permettrait aussi la mise en place de canaux afin d’irriguer les terres du Nord de la Chine et par la même occasion le désert de Gobi en vue d’y faire des expériences d’agriculture intensive. Conséquences de cette entreprise, pas moins de 400 000 personnes seront délocalisées et relogées.
Dans la continuité de ce projet, celui du « Canal Shuotian » appelé aussi la « Grande Route de l’Ouest ». Conçu par l’ingénieur chinois, Guo Kai, il prévoit de détourner les eaux du Brahmapoutre vers le Fleuve Jaune afin de résoudre définitivement la pénurie d’eau dans le nord de la Chine. Ce canal commencerait près de la ville de Tsetang dans le Tibet central. Un projet titanesque qui est encore en cours de validation par le gouvernement mais qui a cependant déjà reçut le soutien de 118 généraux et d’un grand nombre de membres de l’Assemblée Populaire Nationale chinoise et de la Conférence Consultative Politique du Peuple, ce qui témoigne de l’implication stratégique du régime. On notera au passage la publication en 2005 du livre de Li Ling, Save China Through Water From Tibet qui reçut un vif succès auprès des différents ministères chinois semble-t-il !
Si ces projets se réalisent dans leur totalité, les conséquences stratégiques et écologiques seraient désastreuses pour des millions de personnes voire des milliards. Suite à plusieurs barrages dans la province chinoise du Yunnan bloquant le cours du Mékong, qui abreuve 60 millions de personnes, la Birmanie, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam ont fait part de leur inquiétude. Mais Pékin ne veut rien entendre et rétorque que la priorité est l’approvisionnement énergétique du pays et que la survie des fleuves n’est en aucun cas menacée. Plus directement vis-à-vis du Tibet, Pékin maintient une stratégie sournoise d’assimilation. Sous-couvert de déplacement de population pour la construction des différents barrages en terres tibétaines, le Tibet se voit envahir petit à petit par les chinois et le peuple tibétain, menacé de disparition.

source : Infoguerre

dimanche 9 août 2009

L'eau et l'agriculture

Dans ce bref entretien, Pasquale Steduto, Chef de la division FAO Water, aborde certaines des questions qui se posent à l’approche de la date fixée pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Il traite de plusieurs thèmes, tels que le changement climatique, les conflits liés à l’eau ou encore la hausse des rendements par goutte d’eau; il examine également les défis qu’il faudra relever à l’avenir.

Voir l'entretien ici : http://www.fao.org/nr/water/index_fr.html

vendredi 7 août 2009

Eau: l'Irak réclame une réunion urgente avec le Syrie et la Turquie

Le ministère irakien des Ressources hydrauliques a réclamé une réunion avec ses voisins turque et syrien après la chute de moitié du débit de l'Euphrate par rapport au mois de juin dans un pays qui fait déjà face à une importante sécheresse.
Le ministère souhaite "une réunion urgente en présence des ministres et des experts des trois pays concernés en août prochain pour discuter du partage de l'eau et de la fluctuation des débits en Irak", a indiqué un communiqué du ministère.
Le débit de l'Euphrate "dans la région de Hassiba (à la frontière syrienne) est très bas. Depuis 10 jours, il est de 250 m3/s et ces quantités ne sont pas suffisantes pour l'agriculture et les autres besoins", ajoute le ministère.
Fin juin, la Turquie, où l'Euphrate prend sa source, avait toutefois ouvert les vannes de ses barrages sur le fleuve et accru son débit pour le porter à 570 m3/s. Ankara avait promis à l'Irak un débit d'ici juillet à 715 m3/seconde.
Selon le ministère des Ressources hydrauliques, l'Irak a besoin d'un débit dans l'Euphrate d'au moins 500 m3/s pour couvrir 50% des besoins d'eau pour l'irrigation.
La situation en Irak est rendue d'autant plus difficile que la région fait face une grande sécheresse depuis deux ans en raison d'une diminution importante des précipitations en hiver, poussant de nombreux agriculteurs à quitter la campagne pour les villes.
Une autre conséquence de l'assèchement de l'Euphrate est la mise en danger du mode de vie des "Arabes des marais", qui quittent ces zones humides durement frappées par la pénurie d'eau.
"Quatre vingt familles ont récemment quitté le marais de Abou Zark" à l'est de Nassiriyah, dans le sud du pays, a affirmé à l'AFP Ali Radad, un responsable des projets agricoles dans la province de Dhi Qar.

jeudi 6 août 2009

Ouverture en Espagne de la plus grande usine de dessalement d'Europe

Alors que la région de Barcelone était menacée depuis plus d’un an de restrictions d’eau, la plus grande usine de dessalement d’Europe vient d’ouvrir à El Prat del Llobregat. Elle produira chaque jour 200 millions de litres d'eau potable.
L’Espagne a mis en service lundi la plus importante usine de dessalement d'eau de mer en Europe. A partir d'un hectolitre d'eau de mer, l’installation parvient à extraire 45 litres d'eau potable. Située près de Barcelone, à El Prat del Llobregat, cette usine d'un coût de 230 millions d'euros produira chaque jour 200 millions de litres d'eau potable. Cela correspond à 24% de la consommation de la région de Barcelone, où vivent environ 4,5 millions de personnes.

Le chef du gouvernement régional catalan, José Montilla, a estimé que cette installation éloignait «la menace de restrictions» de l'approvisionnement en eau, qui pesait sur la région depuis un an et demi. A l’heure actuelle, deux autres usines de dessalement d'eau de mer sont en construction en Catalogne.

Eau chaude sanitaire : l'Ademe lance un appel à projets

Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'eau chaude sanitaire (ECS) peut représenter jusqu'à 25% de la consommation totale d'un logement et pourrait atteindre plus de 50 % dans un logement de type bâtiments basse consommation (BBC).
C'est dans ce contexte et dans le cadre du Programme National de Recherche et d'Expérimentation sur l'Energie dans le Bâtiment (PREBAT) que l'Ademe lancera dès le 31 août 2009, un appel à projets pour ''un Programme d'Actions Concertées en Technologies de l'Energie sur l'Eau Chaude Sanitaire (PACTE ECS)''.
L'objectif de cet appel à projets est de voir apparaître sur le marché d'ici 3 à 4 ans, une offre innovante de solutions d'équipements en eau chaude sanitaire pour les logements collectifs et individuels. Son but est de proposer une haute efficacité énergétique à service rendu équivalent tout en restant compatible avec les coûts du marché actuel.
L'objectif du PACTE ''ECS'' est d'atteindre un niveau de consommation du poste ECS en énergie primaire de 15 kWhep/m2.an
Le marché visé est le résidentiel (équipements domestiques), habitat collectif et individuel. Cet appel à projets s'adresse aux industriels, bureaux d'étude, centres scientifiques ou techniques, architectes, économistes ou encore les sociologues.
Le cahier des charges sera disponible sur www.ademe.fr. La date de clôture des dossiers est fixée au 30 novembre 2009.

mercredi 5 août 2009

Un pôle de compétitivité sur l'eau va être créé

Un an après sa mise en place, le comité d’orientation stratégique des éco-industries (Cosei) est en phase avec ses objectifs. Les six actions prioritaires, annoncées en décembre 2008, sont engagées.

La première tranche des appels à projets, pour un montant de 10 millions d’euros, est finalisée. En revanche, les membres du Cosei, dressant un bilan des actions engagées dans les pôles de compétitivité, ont remarqué des redondances, et des manques. « Ainsi, de nouveaux pôles de compétitivité sur la thématique de l’eau et des éco-technologies seront créés. Et pour les thématiques réparties sur plusieurs pôles, à l’instar du bâtiment, une tête de réseau sera désignée pour coordonner les différentes actions », détaille Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie. Autre tâche pour le Cosei : « devenir une structure opérationnelle. Les membres du comité vont nous faire des propositions en ce sens fin septembre », annonce Christian Estrosi, ministre de l’Industrie.

Par ailleurs, la liste des 50 projets retenus dans la première tranche des appels à projets porte principalement sur des thématiques de traitement des pollutions : dépollution des sols et des nappes phréatiques, recyclage, traitement des eaux et valorisation. Pour le second appel à projet, Chantal Jouanno souhaite qu’il porte plus sur la prévention des pollutions que sur leur traitement.


mardi 4 août 2009

Les sources du fleuve Yangtsé et du fleuve Jaune enfin découvertes

Des scientifiques chinois ont déclaré avoir déterminé les sources du fleuve Yangtsé et du fleuve Jaune, les deux plus grands fleuves du pays, après une enquête de 40 jours menée l'année dernière.
Contrairement à ce que pensaient les scientifiques, le fleuve Yangtsé (6 300 km) prendrait sa source dans la rivière Damqu et non dans la rivière Tuotuo, la rivière Damqu étant plus longue et ayant un débit plus élevé ainsi qu'une zone de drainage plus vaste, indique une étude réalisée sur trois grandes rivières -- le fleuve Yangtsé, le fleuve Jaune et le fleuve Lancang.
Pour des raisons similaires, les scientifiques estiment désormais que le fleuve Jaune (5 464 km) prend sa source dans la rivière Kar. La rivière Marqu était auparavant considérée comme la source du fleuve Jaune.
La rivière Zayaqu, sur le plateau Qinghai-Tibet, a été identifiée pour la première fois comme étant la source du fleuve Lancang, connu sous le nom de Mekong en Birmanie, en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam.
Cette enquête a été menée du par une équipe de 40 experts et chercheurs de l'Académie des Sciences de Chine, d'universités et d'autres institutions.
Tang Qianli, chef de l'équipe, a déclaré avoir utilisé des technologies modernes, dont un système de positionnement global, un système d'information géographique et un système de détection à distance, pour garantir des résultats "complets, scientifiques et incontestés".

lundi 3 août 2009

La pollution des mers manifestée par les coquillages


Depuis une vingtaine d'années, les proliférations d'algues toxiques, dues à la pollution maritime, se multiplient sur les littoraux du monde entier et sont devenues une source de préoccupation. Un indicateur particulièrement flagrant de cette pollution est la concentration de polluants dans les coquillages : filtrant l'eau de mer, ceux-ci retiennent les polluants.
Trois types de contaminants s'y accumulent : les résidus chimiques, les pollutions microbiologiques (liés aux dysfonctionnements des stations d'épuration et aux activités agricoles) et, depuis une vingtaine d'années, les substances toxiques produites par certaines espèces de micro-algues. Ces dernières peuvent provoquer des désordres gastro-intestinaux ou neurologiques.
Toutes les régions du monde sont touchées par ces proliférations, et la consommation de coquillages, qui a été multipliée par 15 en un demi-siècle dans le monde, est devenue une pratique alimentaire à risque : "Les Etats-Unis et le Canada sont davantage concernés par les toxines paralysantes et amnésiantes, qui peuvent produire des intoxications graves. Des cas mortels ont été recensés au Canada dans les années 1980, observe Catherine Belin, directrice du réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines (REPHY) créé par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) en 1984. Les toxines diarrhéiques dominent en Europe." C'est le cas en France, où tout le littoral est affecté. Des toxines paralysantes ou amnésiantes y sont également repérées plus ponctuellement. Mais aucune intoxication mortelle n'a été recensée en France.
Le phénomène a été clairement caractérisé pour la première fois dans les années 1970. Les pollutions ont ensuite augmenté de manière importante dans les années 1990, avant de se stabiliser dans les années 2000. En cause : les eaux de ballast des navires, qui ont propagé les algues toxiques sur tout le globe. La pollution locale est un facteur aggravant : l'afflux d'azote et de phosphore venu des villes et des exploitations agricoles favorise les efflorescences d'algues.
Les scientifiques s'inquiètent aujourd'hui de nouveaux risques émergents à cause de l'impact du réchauffement climatique. Ainsi l'Ostreopsis, habituée aux eaux tropicales, prolifère de plus en plus en Méditerranée. Cette algue produit une substance toxique qui se disperse dans l'air, provoquant des troubles respiratoires. Des fermetures préventives de plages ont déjà eu lieu en France, en Espagne et en Italie. Lors de tests biologiques, qui consistent à injecter des extraits de glandes digestives de coquillages ayant cotoyé ces algues à des souris, on aboutit à la mort des animaux en vingt-quatre heures.

dimanche 2 août 2009

Accès à l'eau : une star s'engage

Après Matt Damon dont nous vous parlions ici, c'est au tour de Sharon Stone de plonger : la star s'est en effet associée au joaillier Damiani afin de lancer un nouveau projet humanitaire, pour venir en aide aux populations africaines et leur apporter une aide concrète. Ainsi, la blonde au regard de braise va concevoir une collection de bijoux dont un pourcentage sera reversé à une association humanitaire qui alimente en eau potable des villages africains. Sharon Stone a d'ailleurs effectué de fréquents allers-retours en Afrique afin de juger elle-même la situation. La collection de bijoux devrait être lancée à l'automne prochain.

samedi 1 août 2009

La Banque islamique de développement investit dans l'accès à l'eau

La Banque islamique de développement (BID) et le Gouvernement gambien ont lancé un projet de 4,875 millions de dollars US pour la construction de 100 points d'eau destinés à l’alimentation de 40.000 personnes.
Le projet, financé par la BID, permettra d’assurer 35 litres d'eau par jour à chaque personne dans les quatre parties de la Gambie.
S'exprimant lors du lancement, Autounan Saho, ministre de la Pêche, des Eaux et des Affaires de l'Assemblée nationale, a souligné que le projet est une autre étape importante du programme de développement du gouvernement.
Il a déclaré que c'était une "campagne impeccable" pour atteindre l'objectif d'assurer à 100% l'accès à l'eau potable pour la population, en accord avec les objectifs de Vision 2020.
"Le temps pris pour puiser de l'eau sera réduit et le grand fardeau que les femmes et les enfants en particulier portent jusqu'ici, dans la population ciblée, sera considérablement allégé. Les femmes pourront également disposer de plus de temps pour entreprendre des activités génératrices de revenus, permettant ainsi aux enfants de se consacrer plus à leurs études et à leurs activités de loisirs", a dit le ministre.
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