La pelouse bien verte du stade de Port Elizabeth détonne: exempte des restrictions d'eau pour cause de Coupe du monde, elle ne connaît pas encore la crise que traverse une partie de la côte sud-africaine, frappée par une sécheresse exceptionnelle.
Cinq personnes s'activent nuit et jour pour préserver ce havre de verdure. Mais à l'extérieur du stade, l'herbe grillée grignote les abords de l'immense structure blanche en forme de fleur en pleine floraison.
"Nous n'arrosons que la nuit à deux heures du matin pour éviter toute évaporation et réduire la consommation d'eau", assure Rob Hitchens, directeur du nouveau stade où se joueront huit matches du Mondial.
Le Nelson Mandela Bay Stadium est le seul, parmi les dix stades accueillant la Coupe du monde du 11 juin au 11 juillet, à connaître un tel problème et des solutions à long terme devraient être mises en place prochainement.
"Nous sommes en train d'étudier plusieurs options comme le filtrage du lac voisin ou le stockage dans de grands réservoirs d'eau venue de l'extérieur. Quelle que soit l'option retenue, nous utiliserons de l'eau recyclée avant la Coupe du monde", indique le jeune directeur, "car nous sommes en situation de crise".
Faute de précipitations durant la saison des pluies de septembre à mars, les onze réservoirs qui alimentent la ville se vident chaque mois à hauteur de 5%. Ils atteignaient le 1er mars 39,2% de leur capacité et pour certains, comme le réservoir Churchill, seulement 17%.
"Durant la Coupe du monde, cela devrait aller mais nous allons nous retrouver dans une très mauvaise posture après juillet", reconnaît Barry Martin, directeur de l'eau et des installations sanitaires à la mairie de Port Elizabeth, rebaptisée Nelson Mandela Bay (sud).
"Nous devrions avoir une consommation de 5% supérieure au pic de l'été", estime-t-il, précisant qu'un plan d'urgence est envisagé après le Mondial.
Pour tenir jusqu'à la Coupe du monde, cette municipalité d'1,1 million d'habitants a réduit depuis octobre sa consommation d'eau. L'industrie et les hôtels sont encouragés à faire de même.
"Il y a des restrictions pour arroser le jardin. On n'a plus le droit de remplir les piscines et chaque famille est limitée à 500 litres d'eau par jour", note George Efstratiou, qui vit depuis 45 ans à Port Elizabeth.
"C'est probablement la pire sécheresse que j'ai vue depuis de nombreuses années", commente ce vendeur de fruits et légumes, contraint de s'approvisionner en dehors de la province de l'Eastern Cape "car les agriculteurs ont des problèmes".
Sans eau, ils voient leur production chuter surtout dans le Western Cape voisin, où se trouvent les luxueux hôtels des équipes de football du Japon, de la France et du Danemark.
"Certains fermiers ont déjà mis la clé sous la porte", se lamente le président de l'Association agricole à George, Stephan Gericke, qui réclame l'autorisation d'agrandir les réservoirs.
Seules solutions pour mettre fin à cette crise: de bonnes inondations comme en 1981 et dans une moindre mesure 2006.
"Dans l'Eastern Cape, nous n'avons pas de précipitations normales. Soit il pleut trop ou pas assez", souligne le porte-parole de la météo dans cette province Jarth Sampson. "La sécheresse ne peut être brisée que par une inondation, lance-t-il. Ce qui amène aussi son lot de problèmes!"
Source : AFP
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