vendredi 24 septembre 2010

La vallée de Saint-Gervais menacée par une poche d'eau

Quelque 65 000 m³ d'eau liquide emprisonnés sous pression dans une poche au fond du glacier de Tête-Rousse sur la vallée de Saint-Gervais, dans les Alpes menacent d'exploser à tout instant. Dans ce scénario catastrophe, une coulée de boue emporterait les 900 habitations qui se situent sur son passage. Trois mille personnes seraient englouties. Et avec elles, les nombreux touristes qui sillonnent l'aiguille du Goûter, «voix royale» d'accès au mont Blanc.
C'est pour éviter un tel drame que des travaux de sécurisation ont débuté sur zone depuis août. Avec, comme objectif, une opération de pompage, d'un coût de plus de deux millions d'euros, qui se poursuivra jusqu'au mois d'octobre. Car, comme l'explique le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, «à la différence de la plupart des glaciers, cette cavité située à 75 mètres de profondeur ne possède pas de purge naturelle et ne peut donc se vider sans intervention humaine».
La commune n'en est pas à ses premiers soucis causés par cette poche d'eau géante. En 1892, son explosion avait provoqué la mort par noyade d'au moins 175 résidents de la vallée. Une coulée de «lave torrentielle», mélange d'eau, de graviers, de rocs, de terre et d'arbres les avait emportés. C'est en réalisant des études sur l'utilité du tunnel de surveillance du glacier creusé à l'époque que les glaciologues ont progressivement découvert la présence de cette poche d'eau, entre 2007 et 2010.
En juin, les autorités acquièrent la certitude que la poche est entièrement constituée d'eau. Dans l'urgence, Jean-Marc Peillex et le préfet de Haute-Savoie, Jean-Luc Videlaine, organisent alors un appel d'offres de marchés publics. Ils retiennent un groupement d'entreprises du pays, habitué à travailler en haute montagne. Les équipes vont procéder à un pompage vertical de l'eau, avec des puits de forage de 22 cm de diamètre installés sur le glacier. L'eau sera ensuite rejetée de façon régulée dans la vallée. De la haute voltige, en somme.
D'autant qu'«on ignore comment le glacier va réagir, après lui avoir enlevé sa base d'eau, avance Christian Vincent, ingénieur de recherche au laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement du CNRS/UJF de Grenoble. Mais au moins, on pourra surveiller le remplissage de la cavité à l'issue du pompage ».

source : Le Figaro.fr (20 août 2010)

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