samedi 13 février 2010

La brique d'eau ne trouve pas son public

Boire de l’eau dans une bouteille en papier. Surprenante au premier abord, l’idée a de quoi emballer le consommateur qui chasse le plastique de ses achats. Le concept existe bel et bien. Son nom ? L’Aquapax, une brique de 50 cl réalisée en Tetra Prisma, l’un des emballages écolos proposés par l’entreprise Tetra Pak. A l’origine de cette nouvelle eau minérale, lancée en France en février 2009, un duo composé du créateur britannique de la brique d’eau, Neil Tomlinson, anti-plastique convaincu, et d’Alexis Vaillant, fondateur de la société Drinkyz.
« On voulait mettre sur le marché des produits naturels pour limiter l’abondance d’emballages polluants », explique Alexis Vaillant. Il faut dire que la petite brique d’eau présente des mensurations à faire rougir ses consœurs en plastique qui dominent le rayon dédié aux eaux minérales depuis une quarantaine d’années. Pour la rigidité : 75 % de carton, matériau renouvelable issu des forêts nordiques ; pour l’étanchéité : 20 % de polyéthylène ; et contre la lumière et l’air : 5 % d’aluminium. S’il n’existe pas encore d’analyse de cycle de vie de l’Aquapax, il est toutefois possible de se baser sur une étude réalisée en 2008 par le cabinet Bio Intelligence Service sur les jus de fruits Tetra Pak. Les chiffres sont là : l’empreinte carbone d’une brique de 25 cl en Tetra Prisma est de 26 g d’équivalent CO2 contre 97 g pour du PET – polyéthylène téréphtalate –, plastique utilisé pour les bouteilles classiques.
Cependant, l’idée prometteuse ne fait pas encore un carton. Au départ, l’Aquapax était seulement vendue dans un réseau de distribution parisien sélectif – Colette, Cité des Sciences de la Villette. A 2 euros la bouteille, il s’en est vendu 100 000 jusqu’à aujourd’hui. Mais le compteur pourrait décoller en 2010 puisqu’elle s’affiche maintenant dans certains Monoprix à 1 euro. Un sacrifice pour une marque encore loin d’être rentable. « Aucun minéralier français n’empaquette aujourd’hui de l’eau en carton car il faut changer tout le système de production et c’est plus cher que de souffler des bouteilles en plastique », justifie le patron de Drinkyz, qui produit l’Aquapax en Allemagne. Et au-delà de son prix, la brique d’eau en carton se heurte à un obstacle de taille : son opacité. « Le consommateur a l’habitude des bouteilles transparentes qu’il associe à une eau pure », explique Sylvain Pasquier, ingénieur chargé des déchets à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Une autre bouteille d’eau écolo est également confrontée à ces contraintes : la Paper Water Bottle. Cette dernière va encore plus loin que l’Aquapax, car elle propose un emballage exclusivement en papier, à base de feuilles de bambou et de palmier, qui encapsule un film micro-fin de PLA (un bioplastique renouvelable d’origine végétale) afin d’isoler la bouteille.
Problème : depuis l’élaboration d’un prototype en novembre 2008 par l’agence de design Brandimage, aucune bouteille n’a encore été produite. « Des centaines d’organismes sont intéressés, comme des restaurants ou des compagnies aériennes, mais nous sommes encore en négociation pour trouver un industriel qui produise et commercialise la bouteille », explique son créateur, l’Américain Jim Warner. Une fois la question de la faisabilité résolue, l’intérêt écologique reste à démontrer, prévient Sylvain Pasquier de l’Ademe. « L’origine renouvelable du papier n’est pas, en soi, la garantie d’un emballage plus écologique, explique l’expert. Il faut analyser d’autres facteurs comme son poids, son transport ou encore l’impact énergétique de sa production. » Ces études n’existent pas pour l’instant. Et si le mieux finalement, ce n’était pas la bonne vieille eau du robinet ? —

source : terra-economica

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