L'hiver australien est trompeur dans l'État de Victoria. Le long de la route reliant Melbourne à la petite ville de Wonthaggi, les vaches paissent paisiblement dans de longues prairies verdoyantes gorgées d'eau. La température ne doit pas dépasser les 10 degrés. Succession rapide de phases nuageuses et d'ensoleillement, le ciel pourrait aussi bien coiffer un paysage lunaire du nord de l'Écosse. Pourtant, c'est bien dans ce bourg collé à l'océan qu'est en train de sortir de terre la deuxième plus grande usine de dessalement d'eau de mer au monde.
En quelques années, la problématique de l'accès à l'eau s'est en effet imposée au sommet de l'agenda des responsables politiques australiens. Alarmé par plusieurs années de sécheresse consécutives, généralement attribuées au réchauffement climatique, devant composer avec une croissance rapide de sa population, le pays a engagé une série d'initiatives destinées à sécuriser l'accès de ses citoyens à la rare ressource.
L'Australie s'active sur différents fronts. Depuis plusieurs années, les gouvernements locaux encouragent, contraignent parfois, leurs administrés à une utilisation plus raisonnée de la ressource. Les Australiens utilisent en effet en moyenne 260 litres par jour et par personne, soit 100 litres de plus qu'un Français. Le pays s'est ainsi fixé un objectif de réduction de 15 % des volumes d'eau utilisés d'ici à 2030. A cet horizon, le pays compte également recycler 30 % de cette eau, essentiellement pour des usages industriels et agricoles. Mais l'évolution la plus spectaculaire concerne aujourd'hui le dessalement d'eau de mer. Hormis le Moyen-Orient, aucune région du monde n'a engagé de projets aussi importants en la matière.
Pionnière, Perth a été la première ville à se doter de capacités de dessalement à grande échelle, avec une production de 140 millions de litres par jour, soit un sixième des besoins de l'agglomération. Puisée à 150 mètres de l'usine, en proche banlieue de la ville, l'eau subit un premier filtrage ainsi qu'un pré-traitement chimique. Elle est ensuite envoyée à haute pression - 60 bars - à travers un ensemble de membranes où se produit une réaction d'osmose inverse. La moitié des volumes y est débarrassée de son sel - et de ses minéraux, qu'il faudra rajouter lors de la dernière étape du traitement. L'autre moitié, qui contient une concentration en sel deux fois plus élevée que l'eau de mer, est rejetée entre 300 et 500 mètres du bord.
À partir de 50 mètres des zones de rejets de ces saumures, le différentiel de salinité avec l'eau normale est de moins de 2 %, assure Keith Cadee, de Water Corporation, l'entreprise d'eau locale. Quelques dizaines de mètres plus loin, il devient inexistant, poursuit-il, rappelant la tutelle sourcilleuse de l'agence de protection de l'environnement australienne sur ce sujet. Perth a par ailleurs instauré une règle largement suivie par les autres villes. Les importants besoins en énergie des usines de dessalement sont compensés par la construction d'infrastructures d'énergies renouvelables produisant l'équivalent de leur consommation. Aujourd'hui, Perth a pris goût à l'eau dessalée. Une deuxième usine, confiée à des groupes espagnols, est déjà en cours de construction.
Mais la ville a depuis été imitée par toutes les autres métropoles australiennes. La production d'eau dessalée devrait plus que sextupler entre 2008 et 2017 pour atteindre 4,2 millions de mètres cube, selon le cabinet de conseil Global Water Intelligence. « On peut imaginer qu'à terme, un verre d'eau bu sur trois en Australie proviendra d'eau dessalée ou réutilisée », estime Rémi Lantier, le patron de Degrémont, la filiale d'ingénierie de Suez Environnement. Depuis le début de l'année, Veolia produit 250.000 mètres cubes par jour à Sydney, une capacité permettant de subvenir aux besoins de 15 % de la population de la ville. Brisbane devrait bientôt lancer un appel d'offres. A Adelaide, l'espagnol Acciona est en train de doubler la capacité de son usine, pour la faire passer à 300.000 mètres cubes quotidiens.
Melbourne, où le taux de remplissage des réservoirs de la ville a sa place réservée en première page des journaux, a vu plus grand encore que ses homologues. C'est une usine de 450.000 mètres cubes par jour qui se construit. Sur le site, à Wonthaggi, la future unité de dessalement n'est encore qu'un squelette métallique. Le tunnelier, qui repose au fond d'une profonde excavation, s'apprête à percer la cavité qui ira aspirer l'eau via un tuyau de 4 mètres de diamètre, à la vitesse de 0,54 mètres par seconde. Le long de la route, posés sur le sol, les tronçons du double pipeline de 84 km qui reliera l'usine à Melbourne n'attendent que d'être ensevelis. Si les délais sont tenus, l'usine pourra dès décembre 2011 couvrir un tiers des besoins de la ville, pour un investissement global de 3,5 milliards de dollars australiens (2,42 milliards d'euros). L'énergie consommée - 146 Megawatt par jour - sera elle aussi compensée avec la construction d'une ferme éolienne.
Source : La Tribune
En quelques années, la problématique de l'accès à l'eau s'est en effet imposée au sommet de l'agenda des responsables politiques australiens. Alarmé par plusieurs années de sécheresse consécutives, généralement attribuées au réchauffement climatique, devant composer avec une croissance rapide de sa population, le pays a engagé une série d'initiatives destinées à sécuriser l'accès de ses citoyens à la rare ressource.
L'Australie s'active sur différents fronts. Depuis plusieurs années, les gouvernements locaux encouragent, contraignent parfois, leurs administrés à une utilisation plus raisonnée de la ressource. Les Australiens utilisent en effet en moyenne 260 litres par jour et par personne, soit 100 litres de plus qu'un Français. Le pays s'est ainsi fixé un objectif de réduction de 15 % des volumes d'eau utilisés d'ici à 2030. A cet horizon, le pays compte également recycler 30 % de cette eau, essentiellement pour des usages industriels et agricoles. Mais l'évolution la plus spectaculaire concerne aujourd'hui le dessalement d'eau de mer. Hormis le Moyen-Orient, aucune région du monde n'a engagé de projets aussi importants en la matière.
Pionnière, Perth a été la première ville à se doter de capacités de dessalement à grande échelle, avec une production de 140 millions de litres par jour, soit un sixième des besoins de l'agglomération. Puisée à 150 mètres de l'usine, en proche banlieue de la ville, l'eau subit un premier filtrage ainsi qu'un pré-traitement chimique. Elle est ensuite envoyée à haute pression - 60 bars - à travers un ensemble de membranes où se produit une réaction d'osmose inverse. La moitié des volumes y est débarrassée de son sel - et de ses minéraux, qu'il faudra rajouter lors de la dernière étape du traitement. L'autre moitié, qui contient une concentration en sel deux fois plus élevée que l'eau de mer, est rejetée entre 300 et 500 mètres du bord.
À partir de 50 mètres des zones de rejets de ces saumures, le différentiel de salinité avec l'eau normale est de moins de 2 %, assure Keith Cadee, de Water Corporation, l'entreprise d'eau locale. Quelques dizaines de mètres plus loin, il devient inexistant, poursuit-il, rappelant la tutelle sourcilleuse de l'agence de protection de l'environnement australienne sur ce sujet. Perth a par ailleurs instauré une règle largement suivie par les autres villes. Les importants besoins en énergie des usines de dessalement sont compensés par la construction d'infrastructures d'énergies renouvelables produisant l'équivalent de leur consommation. Aujourd'hui, Perth a pris goût à l'eau dessalée. Une deuxième usine, confiée à des groupes espagnols, est déjà en cours de construction.
Mais la ville a depuis été imitée par toutes les autres métropoles australiennes. La production d'eau dessalée devrait plus que sextupler entre 2008 et 2017 pour atteindre 4,2 millions de mètres cube, selon le cabinet de conseil Global Water Intelligence. « On peut imaginer qu'à terme, un verre d'eau bu sur trois en Australie proviendra d'eau dessalée ou réutilisée », estime Rémi Lantier, le patron de Degrémont, la filiale d'ingénierie de Suez Environnement. Depuis le début de l'année, Veolia produit 250.000 mètres cubes par jour à Sydney, une capacité permettant de subvenir aux besoins de 15 % de la population de la ville. Brisbane devrait bientôt lancer un appel d'offres. A Adelaide, l'espagnol Acciona est en train de doubler la capacité de son usine, pour la faire passer à 300.000 mètres cubes quotidiens.
Melbourne, où le taux de remplissage des réservoirs de la ville a sa place réservée en première page des journaux, a vu plus grand encore que ses homologues. C'est une usine de 450.000 mètres cubes par jour qui se construit. Sur le site, à Wonthaggi, la future unité de dessalement n'est encore qu'un squelette métallique. Le tunnelier, qui repose au fond d'une profonde excavation, s'apprête à percer la cavité qui ira aspirer l'eau via un tuyau de 4 mètres de diamètre, à la vitesse de 0,54 mètres par seconde. Le long de la route, posés sur le sol, les tronçons du double pipeline de 84 km qui reliera l'usine à Melbourne n'attendent que d'être ensevelis. Si les délais sont tenus, l'usine pourra dès décembre 2011 couvrir un tiers des besoins de la ville, pour un investissement global de 3,5 milliards de dollars australiens (2,42 milliards d'euros). L'énergie consommée - 146 Megawatt par jour - sera elle aussi compensée avec la construction d'une ferme éolienne.
Source : La Tribune
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