vendredi 31 juillet 2009
Grenelle de la mer : un plan pour l'énergie « bleue »
jeudi 30 juillet 2009
Matt Damon s'engage pour l'accès à l'eau
mardi 28 juillet 2009
Les guerres pour l'eau, un mythe ?
Selon Wendy Barnaby - présidente de l’Association des écrivains scientifiques britanniques et auteur du livre « Do nations go to war over water? », l’idée de futurs conflits concernant les ressources d’eau serait un « mythe. »
Elle rapporte la thèse de Tony Allan, professeur à l’Université Kings College London, selon lequel il s’agit plutôt d’un conflit sur « l’eau virtuelle. » Selon lui, « l'eau virtuelle coule plus dans le Moyen-Orient que le fleuve du Nil en Egypte. » Les conflits qui opposeraient l'Egypte, l’Israël et la Jordanie ne seraient pas en rapport avec l’eau. Wendy Barnaby estime que « bien que la gestion de l'eau doive s'adapter au changement climatique, les mécanismes de base d'accords commerciaux, internationaux et le développement économique, qui font diminuer les pénuries d’eau, persisteront. »
lundi 27 juillet 2009
dimanche 26 juillet 2009
Enquête sur la gestion de l’eau et l’assainissement
samedi 25 juillet 2009
Le combat de Ma Jun contre la pollution de l'eau en Chine
Quand il a lancé en 2006 à Pékin l'Institute for Public & Environmental Affairs (Institut pour les affaires publiques et environnementales ou IPE), Ma Jun s'attelait à une entreprise titanesque : dresser une carte de la pollution de l'eau en Chine et identifier les entreprises fautives.
Ancien assistant à Pékin du journal hongkongais South Post, Ma Jun s'est fait connaître en 1999, avec son ouvrage La Crise de l'eau en Chine. Aujourd'hui, trois ans après son lancement, le site de l'IPE répertorie près de 32 000 contrevenants à la législation sur la pollution de l'eau, et plus de 13 000 dans le domaine de la pollution atmosphérique. 1,7 million de visiteurs ont été comptabilisés depuis juin 2008. Le moteur de recherche de l'IPE, qui permet, en indiquant le nom d'une usine, d'avoir accès à son "casier judiciaire" écologique, est en train de devenir une référence : "Nos informations sont de source publique. Elles viennent soit des bureaux locaux de protection de l'environnement, soit des médias. Le renforcement en Chine, l'année dernière, des mesures sur la transparence des informations relatives à l'environnement a eu un effet de catalyseur, la quantité d'information disponible sur la pollution s'est accrue de manière exponentielle", explique Ma Jun.
Certains des contrevenants épinglés par l'IPE se décident à contacter l'ONG, qui leur suggère la réalisation d'un audit par un cabinet spécialisé dans l'environnement. Si l'entreprise s'amende et met en oeuvre des mesures antipollution, elle peut être rayée de la liste noire. "Les pollueurs ne se sentent pas menacés par les amendes, souvent trop faibles, mais ils craignent de plus en plus la mauvaise publicité", estime Ma Jun. La trentaine de sociétés, qui ont entrepris de corriger leurs pratiques, y ont été poussées par les multinationales dont elles sont les fournisseurs ou les partenaires. Ce qui a conduit l'IPE à lancer un "pacte pour une chaîne d'approvisionnement verte ", selon lequel une multinationale s'engage à s'assurer que ses partenaires chinois sont "propres" : Wal-Mart ou Nike, s'y sont engagés, mais aucun de leurs concurrents français.
Pour agir simultanément auprès des gouvernements locaux, l'IPE a lancé en juin un classement des villes chinoises, selon une batterie de critères environnementaux, comme la transparence des données. "On demande les informations que la loi désigne comme ouvertes au public. Certaines municipalités répondent qu'elles ne sont pas prêtes, d'autres que leur chef n'est pas d'accord. C'est un premier test", dit-il. "Le travail de Ma Jun est très important, estime Alex Wang, l'un des juristes travaillant à Pékin pour l'ONG américaine NRDC (Natural Resource Defense Council), car depuis le temps que la Chine est l'usine du monde, il permet enfin de faire comprendre aux sociétés chinoises et étrangères que violer les lois de protection de l'environnement n'est plus acceptable."
Ma Jun et ses équipes font face à des résistances : les gouvernements locaux soucieux d'attirer les investisseurs mettent régulièrement au pas les bureaux locaux du ministère de l'environnement et la presse. Collusion et corruption - notamment quand il s'agit de groupes publics - protègent les pollueurs qui se passent donc de lobbyistes.
Les barrages géants prévus sur le cours supérieur du Yangzi, en amont du barrage des Trois-Gorges, construits par des consortiums de sociétés d'électricité et de géants du BTP et financés par les grandes banques et les gouvernements provinciaux, reflètent ces difficultés. Dans plusieurs cas, les travaux ont avancé sans que les maîtres d'oeuvre n'aient procédé à la moindre étude d'impact sur l'environnement, pourtant obligatoire. Mis devant le fait accompli, le ministère de l'environnement vient d'ordonner la suspension des travaux de deux des barrages. Mais les écologistes n'ont pas eu voix au chapitre.
Les promoteurs d'un barrage, celui d'Ahai dans le Yunnan, ont publié en 2007 une étude succincte d'impact sur l'environnement. Fin 2008, l'IPE et d'autres ONG ont donc été invités - pour la première fois dans le cas d'un projet hydroélectrique en Chine - à participer à une consultation organisée par le ministère avec les constructeurs du barrage dont l'édification est déjà bien avancée : "On a dit qu'on ne viendrait que si nous obtenions auparavant les réponses aux questions que nous avions posées en 2007, lors de la publication de l'étude. Cela a été le cas, ce qui nous a permis de consulter des experts et pointer du doigt toutes sortes de risques sur l'écosystème. C'est très positif, mais il y a encore beaucoup de travail à faire !".
jeudi 23 juillet 2009
Les nouveaux défis de l'eau, « Pour une culture de la responsabilité », Antoine Frérot
La publication d’ouvrages sur l’eau et ses problématiques a été particulièrement importante cette année. Ainsi je ne suis arrivée à la lecture du livre intitulé « Pour une culture de la responsabilité » que cet été. Son auteur, Antoine Frérot, ancien élève de l'École Polytechnique et Docteur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, est actuellement directeur général de Veolia Eau. Ma tentative d’avoir une connaissance exhaustive de tous les ouvrages qui paraissent sur le sujet me permet de souligner que ce livre s’illustre par son approche concrète et réaliste, me semble t-il des grands enjeux liés à l’eau.
En effet, cet ouvrage fait le point sur les grands enjeux actuels de l’eau dans le monde dans l’objectif « de démontrer qu’il est possible d’avoir, face à la question de l‘eau, une réflexion qui privilégie l’action tout en allant dans le sens de l’intérêt général ». De plus, ’auteur partage l’opinion de son préfacier, Ángel Gurría, secrétaire général de l’OCDE et membre du conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement auprès du secrétariat de l’ONU, selon lequel « l’irresponsabilité des hommes a fait de l’eau un des principaux problèmes pour les hommes de ce siècle ».
En visant à « dépassionner » les débats et les amener sur le terrain de l’objectivité, il trace de nouvelles perspectives sur les questions de ressources, de modèles financiers, de solidarité et de gouvernance. Les propositions, enrichies d’exemples concrets, s’appuient sur une double conviction : les réponses ne peuvent pas être globaalisantes ni idéologiques, et les progrès ne verront pas le jour sans logique de coopération et de dialogue entre les acteurs.
La première partie détaille le problème de l’eau dans le monde contemporain. Selon l’auteur, afin de ne pas « polluer » le débat autour des solutions, ce problème doit être pris de façon à la fois sérieuse et calme, c’est-à-dire en évitant à la fois l’indifférence et le catastrophisme.
Quelques idées fortes de cette partie, essentiellement pédagogique :
- Il ne faut pas se tromper de responsable. C’est bien la croissance démographique qui génère le problème de l’eau et non pas une évolution naturelle, car la quantité d’eau sur notre planète, comme on le sait bien, reste stable. Nous sommes responsables du problème de l’eau. « A Jakarta, les systèmes d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées ont été conçus à l’origine pour une population de 500 000 personnes. Aujourd’hui, la capitale indonésienne dépasse les 15 millions d’habitants et subit une pénurie d’eau permanente »
- La demande a augmenté avec la démographie, mais elle a augmenté d’une façon irraisonnée : surexploitation agricole, réseaux d’adduction et d’assainissement inadaptés et insuffisamment entretenus, pompage excessif de nappes phréatiques…
- La conséquence est une diminution de la qualité de l’eau, qui entraîne notamment la pollution durable des nappes phréatiques et des crises sanitaires (notamment les épidémies de choléra). « Dans les pays en développement, 90 % des eaux usées sont rejetées sans traitement. Le potentiel destructeur des eaux usées ni collectées ni traitées est explosif. Les bombes sanitaires sont amorcées, prêtes à exploser en série »
- Or, le problème de l’eau est central pour le développement des pays : l’eau détermine en grande partie la santé des individus, mais aussi le développement économique ou scolaire. La question est au cœur des objectifs du millénaire. Selon l’auteur, si l’on veut les respecter, il faudra apporter « l’eau potable à 900 millions d’individus et l’assainissement à 1,3 milliards d’ici 2015 » (soit dans sept ans).
Dans un deuxième chapitre, qu’il nomme « les faux amis de l’eau », l’auteur s’attache à dénoncer de fausses vérités ou lieux communs, qui à force de focaliser les attentions détournent des vrais problèmes :
- Même si le réchauffement climatique aura des conséquences sur la ressource en eau, il ne faut pas surestimer son impact, car on risque d’oublier que la cause principale est essentiellement un manque d’engagement et d’organisation collectif. « Avec le martèlement médiatique généralisé sur le réchauffement climatique, on tend à oublier que les problèmes actuels d’eau dans le monde proviennent de l’homme, et non de la nature. Leur origine se trouve bien plus dans l’augmentation de la population et de la demande en eau par habitant que dans les évolutions climatiques en cours » Il ne faut pas surestimer le risque de « guerres de l’eau ». Au contraire, on voit se développer une « hydrosolidarité » à l’échelle mondiale ainsi que de nouvelles attitudes. Les pays développés prennent en compte la question climatique dans leur gestion de l’eau à long terme.
- En ce qui concerne le financement du service d’eau, deux solutions mises en avant sont, selon l’auteur, impraticables : la gratuité totale et le recouvrement total par l’usager. Elles ne sont pas praticables dans les pays en développement : la gratuité ne permet pas d’entretenir les réseaux d’eau et le recouvrement par l’usager empêche l’accès des plus pauvres. Elles ne prennent pas en compte toutes les dimensions du service dans les pays développés : le consommateur paye certains services qui profitent à la collectivité, et qui devraient donc être plutôt financés par l’impôt. Il propose une solution mixte, qu’il nomme « recouvrement socialement acceptable ». « L’application du principe « l’eau paie l’eau », en vigueur dans les pays développés est irréaliste dans les pays en développement. Les investissements à réaliser y sont beaucoup trop lourds pour être supportés uniquement par les abonnés du service. Dans les pays en développement, la notion de ‘recouvrement acceptable des coûts’ doit se substituer au principe de ‘recouvrement intégral des coûts’ »
- Selon l’auteur, le secteur privé, souvent dénoncé comme hégémonique ou responsable de tous les maux, serait insuffisamment représenté dans le secteur de l’eau (moins de 10 % à l’échelle mondiale). Cela serait essentiellement dû à des contrats mal conçus dans le passé et à un manque d’expérience. L’auteur cite la dernière étude de la Banque mondiale selon laquelle « seuls 8% des partenariats public-privé mis en œuvre depuis 1990 ont été annulés avant la fin des contrats ».
- Antoine Frérot refuse la critique selon laquelle l’eau serait chère. « Dressant un parallèle hâtif avec l’or noir, on assimile parfois l’eau à l’or bleu. Il n’en est rien : l’eau n’est pas le pétrole. Le pétrole est une ressource fossile, exploitée de façon minière ; l’eau, une ressource renouvelable ». De la même façon, il dénonce un autre amalgame « l’eau n’est pas non plus l’électricité. C’est un produit facile à stocker, mais cher à transporter sur de longues distances. En somme, elle est l’inverse exact de l’électricité dont le transport est simple et peu couteux, mais dont le stockage est très difficile ». Pour pousser la comparaison il nous confronte à la réalité des couts de l’eau dans nos pays développés. Ainsi , « L’eau n’est pas un poste de dépense important dans les pays développés : En 2006, « en France, la facture d’eau représente en moyenne 1 euro par jour et par famille, pour 330 litres délivrés puis épurés quotidiennement. Les ménages consacrent à l’eau et l’assainissement 0,8 % de leur budget moyen, c’est à dire trois fois moins que pour les télécommunications (2,4 %) et quatre fois moins que pour l’électricité (3,8 %). En d’autres termes, l’eau est un des services publics les moins chers ». Dans les pays en développement, le prix serait trop faible, ce qui revient finalement à un entretien et à un raccordement insuffisants des réseaux, d’où une exclusion des populations les plus pauvres.
- Enfin, il constate que le financement des Objectifs du Millénaire est insuffisant. « L’eau et l’assainissement bénéficient chaque année d’environ 3 milliards de dollars d’aide publique au développement. Or les investissements supplémentaires pour atteindre les Objectifs du millénaire dans l’eau et l’assainissement ont été chiffrés de 10 à 30 milliards de dollars par an. Le seuil minimum de 10 milliards correspond à l’emploi de techniques « durables et bon marché ». Même si la totalité de cette somme ne saurait provenir de l’aide publique au développement, on reste loin du compte » L’aide publique est indispensable et trop faible. Les nouvelles formes d’aide au développement (aides conditionnées aux résultats, associations bailleurs de fonds internationaux - opérateurs privés) permettent de débloquer des fonds.
Dans une troisième partie, l’auteur cherche à présenter des solutions et de nouveaux modèles de gestion de la ressource.
- Antoine Frérot, considère que le droit à l’eau doit être inscrit dans les faits.
- Il faut accroître la ressource en réduisant le gaspillage, en utilisant davantage le recyclage de l’eau et le dessalement de l’eau de mer (par exemple l’usine d’Ashkelon en Israël fournit 15% de l’eau potable du pays, dans une zone qui souffre de grave pénurie d’eau). De même, l’utilisation plus importante des eaux de pluie à des fins industrielles serait utile.
- Dans les pays développés, les modèles de financement devraient évoluer. Deux pistes sont évoquées : le recours à l’impôt et la rémunération aux performances des opérateurs, comme cela est réalisé à Indianapolis. « A Indianapolis, ville de 1,1 millions d’habitants, dont Veolia Eau gère le service d’eau et d’assainissement, notre rémunération comprend une partie fixe et une partie variable. Le montant de cette dernière dépend du respect des performances exigées. Par exemple : respecter à 99,9% les standards de qualité d’eau établis par l’Environmental Protection Agency, ou encore, obtenir un taux de satisfaction des clients de 90%. Ce système d’indicateurs et de rémunération variable incite l’opérateur à améliorer ses performances »
- Dans les pays en développement, l’enjeu est d’accroître la solidarité et de développer des formes innovantes de « social business ». L’auteur cite une joint-venture créée avec Muhamad Yunus (inventeur du microcrédit et prix Nobel de la Paix 2006). Une unité de production a été installée pour alimenter en eau potable une ville de 25 000 habitants. L’investissement est remboursé par les ventes d’eau, de façon progressive . La Grameen Bank a calculé un prix de vente de l’eau en fonction des capacités financières des habitants, soit 1.5 centimes les 10 litres. « Social business », car la joint venture fonctionne sur la règle : « pas de perte, pas de dividendes ».
- Pour finir, le problème de l’eau ne peut être résolu qu’avec une amélioration de la gouvernance mondiale, qui implique une bonne volonté de chacun.
L’intérêt du livre est de dresser un tableau assez complet des problématiques de l’eau, mais de proposer aussi des idées nouvelles. L’auteur a cherché à sortir des débats classiques public/privé, prix/gratuité, etc.
On ne peut que partager le constat de l’importance du problème de l’eau, et sa volonté de renoncer au catastrophisme et à l’idéologie pour chercher (et trouver) collectivement des solutions concrètes.
Cameroun : nouveau prêt de l'AFD pour financer des infrastructures
mercredi 22 juillet 2009
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lundi 20 juillet 2009
Le secrétariat du Conseil des ministres africains sur l'eau sera inauguré fin juillet à Abuja
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Partenariat renforcé entre le G8 et l'Afrique pour améliorer l'accès à l'eau
mardi 14 juillet 2009
L'eau en bouteille interdite dans une ville australienne
dimanche 12 juillet 2009
vendredi 10 juillet 2009
La Banque Mondiale félicite la Tunisie pour sa gestion de l'eau
jeudi 9 juillet 2009
Appel à contribution : Risques et inégalités face à la gestion de l’eau en Méditerranée - colloque de Djerba, 24-27 septembre
La problématique de l'eau revêt un caractère stratégique à l’échelle planétaire et cristallise des enjeux multiples, environnementaux, économiques, sociaux et territoriaux. Les risques liés notamment à la raréfaction et à la contamination de la ressource en eau prennent une dimension particulière en Méditerranée où les aléas climatiques et l'inégale répartition des ressources contribuent à accroître la concurrence entre l'irrigation agricole et les besoins domestiques et urbains en constante augmentation. L’eau fait également l’objet d’une nouvelle rhétorique politique et gestionnaire où sont mis en avant des enjeux éthiques, d’équité sociale et de lutte contre la pauvreté, autant de dimensions qui font partie intégrante du développement durable. En effet, avec la notion de justice environnementale, la question de l’inégalité s’élargit à l’inégalité face au risque et la question de l’eau se voit posée non seulement en termes de répartition de la ressource, mais aussi d’accès à une eau propre, considéré comme un droit fondamental à garantir.
La remise en cause de la place prépondérante du secteur agricole dans l’utilisation des ressources hydriques, la nécessité de mieux répartir ces dernières entre différents usages et l’accentuation des risques environnementaux liés à l’irrigation (pollution, salinisation des eaux et des sols notamment) ont conduit partout à une réforme des politiques de l’eau et une réorganisation de ses systèmes de gestion. Au Sud, il s’agit du passage à une politique de gestion par la demande, visant à « rationaliser » l’usage de l’eau, notamment à travers des mesures tarifaires et des techniques d’économies d’eau, mais aussi des réformes institutionnelles visant à une prise en charge de la gestion de l’eau par ses usagers. Au Nord, sur fond de concurrences et parfois de conflits d’usage, l’intégration des questions environnementales conduit à la fois à la mise en place de nouvelles formes de coordination hydraulique et de nouveaux référentiels de gestion. Ce contexte modifie fortement les conditions d’accès à la ressource, génèrent de nouveaux risques dans la pratique de l’agriculture irriguée (coûts accrus, dépendance vis-à-vis des systèmes de gestion collective de l’eau, légitimité sociale de la pratique) et conduit à de nouvelles tensions dans le gouvernement des territoires.
Bien que de nombreux travaux aient déjà été effectués sur la question de la gestion hydraulique dans les pays de la Méditerranée, peu d’entre eux ont porté sur la perception du risque lié à la pratique de l’irrigation agricole, dans sa dimension sociale locale. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce colloque proposé par le LADYSS, en lien avec le projet de recherche « Risques et inégalités face à la gestion durable de la ressource hydraulique en Méditerranée» (RHYM). Concernant six pays de la rive nord et de la rive sud de la Méditerranée, le projet RHYM s’est fixé comme objectifs de :
1. comprendre comment les agriculteurs irrigants identifient et hiérarchisent les problèmes que font surgir la crise hydraulique et l’expérience croissante d’un risque environnemental,
2. proposer une évaluation critique des expériences de gestion dite participative des ressources en eau, notamment de leur rôle dans la minimisation ou l’aggravation des risques et des inégalités liés à l’irrigation.
S’appuyant en partie sur les résultats du projet RHYM, le colloque de Djerba, ouvert à la communauté scientifique, permettra de rassembler des chercheurs et des doctorants de différentes disciplines qui abordent les questions du risque et des inégalités liés à la gestion des ressources hydriques. L’objectif scientifique de ce colloque est de confronter différentes démarches de recherche permettant d’analyser dans différents contextes nationaux les diagnostics faits aux échelles nationale, régionale et locale d’une « configuration hydraulique » confrontée à la gestion des risques.
Le colloque s’articule autour de quatre grands axes dans lesquels pourront s’inscrire les réponses à cet appel à contributions.
Les agriculteurs irrigants sont soumis à une multitude de risques liés à la production et à la commercialisation et sont confrontés à des choix difficiles qui conditionnent leurs comportements vis-à-vis de la ressource eau. Les risques relatifs à la production sont essentiellement d'ordre économique et environnemental. Alors que les irrigants intègrent le premier type de risques (économique) et élaborent des stratégies pour le minimiser, ils tendent à être moins conscients des risques environnementaux et à moins prendre en compte ces derniers dans leur processus décisionnel. Ils perçoivent les risques environnementaux comme peu susceptibles d’être réduits par des décisions individuelles – du fait qu’ils touchent l’ensemble des irrigants - ou comme non susceptibles d’affecter leurs résultats dans le court terme.
Les systèmes de production (choix des cultures, niveaux d'intensification, décalage des cycles de production, etc.) sont conditionnés par les opportunités commerciales et par les rapports de forces qui s’établissent entre les multiples acteurs opérant sur les marchés. La relation marché-système de production exprime fondamentalement un rapport au risque économique et des stratégies visant à le minimiser. Cette relation reflète aussi les tensions dans les processus de décision et les stratégies de valorisation de la ressource eau qui doivent prendre en compte, outre les aspects techniques de la gestion (plus ou moins maitrisés), les déterminants du marché (prix, offre, demande, circuits de distribution, saisonnalité, etc.).
L’axe thématique « Marché, échanges et systèmes de production » apportera des éclairages sur les risques liés au marché, et plus particulièrement à la commercialisation, en liaison avec les systèmes de production (y compris dans leurs aspects techniques) et contribuera à mieux comprendre les stratégies d'adaptation des agriculteurs des différents contextes nationaux et locaux. Il s’agit notamment de répondre aux questions suivantes :
1. Un système de commercialisation performant (eg. une faible marge commerciale) et des systèmes de production adaptés aux attributs des ressources et des marchés peuvent-ils réduire le risque lié à l'irrigation?
2. La complexité des marchés, la diversité des circuits de commercialisation et les difficultés des prévisions de l'offre et de la demande (et par conséquent des prix) sont-elles de nature à accroitre la perception des risques chez les irrigants ?
La notion d’inégalité environnementale est définie le plus souvent comme une forme spécifique d’inégalité sociale qui concerne soit l’exposition aux pollutions ou aux risques, soit l’accès à la nature ou aux aménités urbaines ou rurales. Une définition plus large de cette notion prend également en compte, au-delà des inégalités d’exposition aux risques et aux nuisances, les inégalités de production des maux environnementaux et la distribution inégale des « droits » à polluer et à dégrader l’environnement (inégalités écologiques). Les champs d’application de la notion d’inégalités environnementales sont nombreux : santé, habitat, rapports Nord/Sud, etc. Dans le domaine de l’eau, la question de l’accès à la ressource hydrique symbolise les plus grandes inégalités au niveau de la planète et figure au tout premier plan de l’agenda international. Les débats internationaux mettent de plus en plus en avant les enjeux éthiques, d’équité sociale et de lutte contre la pauvreté liés à l’eau (droit à l’eau). Cet axe thématique propose d’explorer la notion d’inégalités environnementales (écologiques) et d’inégalités face au risque dans le champ des recherches sur l’eau. Il s’interroge également sur les liens entre inégalités écologiques et inégalités sociales. Quatre dimensions de ces inégalités écologiques liées à l’eau sont retenues:
1. Les inégalités d’accès à l’eau, 2. les inégalités d’exposition aux nuisances et de perception des risques liés à l’usage de l’eau, 3. les inégalités de production de nuisances et de maux environnementaux liés à l’eau, 4. les inégalités dans la capacité d’action des usagers de l’eau, plus particulièrement celles résultant de l’organisation et du fonctionnement des dispositifs de gestion de l’eau.
La construction sociale et technique du risque est affaire de confrontation à l'incertitude : celle du marché, celle de la complexité technologique, celle des aléas de la nature, celle du comportement d'autrui. Chaque individu est plus ou moins perméable à ces différentes incertitudes, propose une hiérarchie entre elles et compose avec elles pour les réduire quand il n'en fait pas un appui pour orienter son comportement. L'objectif de cet axe est de comprendre en quoi ces expériences, ces choix, ces stratégies au niveau individuel répondent à des logiques sociales et techniques et d'analyser la place qu'y occupent les dispositifs sociotechniques liés à l'irrigation. En effet, une piste de réflexion est à mener à l'échelle des pays méditerranéens pour comprendre comment la construction du risque s'inscrit dans une logique, soit de prise de risque pouvant être liée à l’innovation, soit assurantielle révélant au contraire une aversion pour le risque. Les dispositifs techniques comme le rapport à la technique seront examinés sous l'angle de leur capacité à permettre une maîtrise ou au contraire une dépendance des individus dans différents contextes sociotechniques. Cet axe thématique propose donc d'explorer l'articulation entre dispositifs sociotechniques de la gestion de l'eau et vulnérabilités. Trois angles d'approche seront privilégiés:
1. y-a-t-il un lien entre la configuration des dispositifs sociotechniques et l'expression des vulnérabilités ?
2. le rapport aux autres groupes sociaux comme le rapport aux institutions sont-ils des facteurs de réduction ou d'aggravation de ces vulnérabilités ?
3. quelles sont les modalités de réponses (technique, adaptation ou innovation) et quels comportements d'anticipation génèrent ces situations vulnérables (adhésion à des modèles ou rejet, logiques techniques de dépendance ou de maîtrise, …) ?
La gestion de l’eau offre un terrain concret d’observation de la transformation des cadres institutionnels et territoriaux de la gestion des ressources naturelles et de l’émergence de nouvelles formes de gouvernance territoriale, réorganisant les rapports entre acteurs publics, privés et associatifs. Elle constitue un lieu d’investigation particulièrement intéressant des interactions, et de la manière dont sont négociées les tensions, entre logiques individuelles et exigences de l’action collective. Générant des dispositifs de gestion plus complexes, les nouvelles approches participatives et intégrées de la question hydraulique conduisent à s’interroger sur :
1. les conditions du passage d’une gestion étatique à une gestion par les usagers ou d’une refondation du partenariat public/privé,
2. les conditions du passage d’une gestion de l’eau conçue comme ressource pour la production à une gestion concertée multi-fonctions,
3. les modalités d’articulation entre anciens et nouveaux dispositifs de gestion,
4. les échelles territoriales pertinentes pour la gestion de l’eau (territoire institutionnel, territoire de la ressource, territoire technique).
* L’UMR Ladyss « Dynamiques sociales et recomposition des espaces » est un laboratoire pluridisciplinaire associant deux disciplines principales, la géographie et la sociologie et quatre sites. Elle est contractualisée avec quatre universités – Paris 1, Paris 7, Paris 8 et Paris X Nanterre (université de tutelle), et rattachée à deux sections du Comité national de la recherche scientifique, la section 39, « Espaces, Territoires, Sociétés » (section principale), et la section 36 « Normes et Règles ». Sa direction est assurée par un sociologue, Jean-Paul Billaud. Le laboratoire consacre ses travaux à l’étude des processus et formes actuels de recompositions sociales et spatiales en rapport avec la mondialisation et les problèmes d’environnement. Mieux relier ces processus et leurs différentes composantes, en combinant les approches et les points de vue disciplinaires et à travers la confrontation d’analyses menées à différents niveaux et différentes échelles et dans des contextes territoriaux diversifiés, représente l’objectif d’un projet qui s’inscrit d’emblée dans le mouvement de décloisonnement sémantique et thématique qui traverse les sciences sociales.
Lieu et dates du colloque
Djerba, 24-27 septembre 2009
Responsables scientifiques
Jean-Paul Billaud, Alia Gana
Envoyer un résumé de votre communication d’une page avant le 05 septembre 2009 aux responsables scientifiques
Alia Gana : agana@u-paris10.fr
Jean-Paul Billaud : billaud@u-paris10.fr
http://calenda.revues.org/nouvelle14212.html
mercredi 8 juillet 2009
Le Cemagref en pointe pour réduire la consommation hydrique agricole
A Montpellier, des chercheurs consacrent leurs travaux à la réduction de la consommation d'eau dans l'agriculture, qui absorbe dans le monde 70% de l'eau douce consommée annuellement, avec l'objectif de "valoriser chaque goutte" de cette ressource vitale.
Les travaux de ces chercheurs du Cemagref (institut de recherche pour l'ingénierie d'agriculture et de l'environnement) suivent deux axes principaux: expérimenter un nouveau mode d'irrigation basé sur "un goutte à goutte enterré" et promouvoir, notamment au Maghreb, une reconversion de l'irrigation classique, par rigole, vers le goutte à goutte de surface.
Le récent Forum mondial de l'eau, à Istanbul, a mis en évidence que le temps de l'eau facile était révolu sur cette planète soumise à la double pression de la croissance démographique - la population devrait passer de 6,5 milliards d'humains aujourd'hui à 9 milliards en 2050 - et du réchauffement climatique.
Réduire la consommation d'eau dans l'agriculture tout en augmentant la production alimentaire, "c'est le grand challenge", analyse Sami Bouarfa, chercheur au Cemagref.
Dans l'arboriculture et le maraîchage, le "goutte à goutte de surface", avec des tuyaux à même le sol, a déjà fait ses preuves. En limitant l'évaporation, cette technique "permet de réaliser une économie de 50% d'eau par rapport à l'irrigation par rigoles, et de 15% par rapport à l'irrigation par aspersion (jets), couramment pratiquée en France", souligne Sami Bouarfa.
Mais elle est incompatible avec le passage d'engins de labours ou de récolte sur les terres semées de céréales, qui représentent en France environ 50% des cultures sur les terres arables.
Il est donc indispensable d'enterrer les tuyaux, ce qu'expérimente depuis deux ans le Cemagref à Montpellier, où des parcelles de blé, d'orge et de maïs sont cultivées avec les trois techniques d'irrigation: aspersion, goutte à goutte de surface et enterré. Objectif: analyser et comparer la croissance de la plante, les quantités d'eau utilisées, les rendements de la céréale, et enfin modéliser sur ordinateur les données recueillies.
Avec le goutte à goutte enterré, 10% d'eau pourraient encore être économisés par rapport au goutte à goutte de surface, assure Pierre Ruelle, agronome au Cemagref.
"Ce n'est pas négligeable mais cela risque de ne pas suffire", souligne Sami Bouarfa.
Car dans le monde, l'irrigation gravitaire - par rigoles - est de loin la technique la plus utilisée. Mais elle est souvent à l'origine d'un grand gaspillage.
Participer à la conversion des agriculteurs au goutte à goutte est donc une autre mission que mènent, notamment au Maroc, avec les autorités et les chercheurs marocains, les équipes du Cemagref et du CIRAD.
Dans ce pays, un million d'hectares sont irrigués en gravitaire et l'enjeu est d'en convertir plus de la moitié au goutte à goutte classique, d'ici 2020.
Un défi dans la mesure où les agriculteurs sont habitués à submerger leurs cultures, note Sami Bouarfa. Par ailleurs, pour les petits exploitants, le passage au goutte à goutte représente un risque économique, même si le Maroc accorde jusqu'à 60% de subventions pour l'équipement.
Mais ce sont eux qu'il faut convaincre, car ce sont les plus nombreux et ils occupent les plus grandes surfaces. C'est là un vrai enjeu, dit Sami Bouarfa.
H2O mon amour
H2O mon Amour est une association toulousaine qui organise chaque année un colloque scientifique transversal : cette année, ce sera les 11 et 12 septembre. En proposant ce colloque, l’association H20 souhaite apporter une perspective transversale, avec des sujets très divers permettant aux participants d’acquérir un savoir pluridisciplinaire.
Parmi les interventions proposées :
Eau virtuelle : le mensonge est dans les chiffres, l’équation réelle est bien plus complexe … par Yann Olivaux, biophysicien, L’eau et le fœtus : action de l’environnement sur le liquide amniotique. Pathologies fœtales et précautions pour un développement optimal par Georges Dussert, médecin, Couleurs de l’eau : tout savoir sur les arcs en ciel et les phénomènes optiques liés à l’eau du ciel par Roger Raynal, professeur de biologie, Eaux informées et horticulture. Rendements quantitatifs et qualitatifs après l’action d’une eau traitée. Mais qu’est ce que l’eau informée ? par Patrice Godart , checheur indépendant, L’eau dans l’air, le plasma virtuel, ses effets réels. Du gaz de Brown aux générateurs actuels, une piste passionnante pour une énergie à profusion par Gérard Froussart, chercheur indépendant, Physique de la goutte d’eau. La forme, comme la dynamique d’une goutte d’eau statique ou en mouvement, sont régies par des lois physiques simples …mais difficiles à appliquer par Marc Henry, Prof. Fac de Strasbourg, Micro centrales et biodiversité. Les microturbines respectent désormais la faune , elles ont néanmoins un rendement étonnant par Pierre Lefevre, cabinet Hydo-M, Dégazage des lacs hyperbiotiques. Catastrophe annoncée ou opportunité énergétique ? Des considérations politiques bloquent actuellement les recherches par Pierre Lefevre, cabinet Hydo-M, Réseaux haute tension et élevages. Nuisances sanitaires et courants collatéraux, l’avis d’une vétérinaire de terrain par Françoise Heitz, docteur vétérinaire, Rôle de l’eau liée dans les transferts énergétiques cellulaires Influence de la structure de l’eau interfaciale sur les activations enzymatiques. Exemples et conséquences biologiques par André Moulin, biologiste 13190 Allauch, Action d’ondes électromagnétiques ( téléphone portable) sur des échantillons d’eau déstrucurée, puis restructurée ( procédé Dileka) par Joseph Ligné, ingénieur, chercheur indépendant. L’imaginaire de l’eau : présence dans les mythes humains, mais aussi dans des situations extrèmes ( états de conscience modifiée), d’une réalité éthérique dont le support physique est l’eau par Roger Durand, professeur à L'Université de Clermont-Ferrand.
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