Des souches de bactérie de type NDM-1 résistante aux antibiotiques, considérées comme une bombe à retardement par les experts, ont été retrouvées dans de l'eau à New Delhi, révèlent dans une étude publiée jeudi des médecins de l'université britannique de Cardiff. Selon cette étude publiée dans la revue britannique The Lancet, ces agents pathogènes connus comme le "New Delhi métallo-beta-lactamase" (NDM-1) ont été retrouvés dans 51 échantillons d'eau sur 171 prélevés dans des rigoles et dans deux échantillons sur 50 issus de l'eau du robinet. Ces échantillons positifs, identifiés pour la première fois en 2009, ont été prélevés dans le quartier administratif et commercial de Connaught Place ainsi que dans la zone touristique et populaire du Fort rouge, à Delhi.
"Une surveillance internationale sur la résistance, incorporant des prélèvements de l'environnement et un examen clinique doit être mise en place en priorité", estime dans son étude l'équipe de médecins. L'équipe plaide aussi pour des mesures urgentes pour empêcher la propagation de ces germes rebaptisés "super-bactéries" dans les médias, car le gène NDM-1 qui leur confère cette super-capacité à résister aux antibiotiques a été repéré dans plusieurs espèces de bactéries totalement différentes. Selon Mohammed Shahid, de l'hôpital Jawaharlal Nehru dans l'État indien de l'Uttar Pradesh (nord), cité dans l'étude, l'hypothèse d'une large propagation sur le plan mondial de la "super-bactérie" est "réelle et ne devrait pas être ignorée". Les chercheurs ont mené cette étude en septembre et octobre 2010, peu après des mises en garde lancées par des chercheurs, inquiets de voir le NDM-1 s'étendre rapidement via des étrangers venant se faire opérer à moindre coût dans des hôpitaux indiens.
Selon les chercheurs, la présence de NDM-1 a "des implications importantes" pour les habitants de New Delhi qui dépendent uniquement de l'eau publique. Elle représente plus largement une menace pour les 650 millions d'Indiens qui n'ont pas accès à une eau propre. "De façon préoccupante", ce gène de résistance NDM-1 s'est diffusé à des espèces de bactéries pathogènes responsables non seulement de la dysenterie, mais aussi du choléra, selon l'étude. L'étude montre que ces souches résistantes ne sont pas uniquement présentes dans les hôpitaux indiens, mais également répandues dans l'environnement.