Le doublement attendu, d'ici à 2050, de sa demande alimentaire, place l'Asie devant un redoutable défi. Faute de pouvoir étendre ses surfaces cultivées, l'amélioration de l'irrigation est le principal moyen d'y répondre. C'est ce que conclut un rapport publié par l'Institut international de gestion de l'eau (IWMI), mardi 18 août, à l'occasion de la Semaine mondiale de l'eau, qui s’est tenue à Stockholm. Aditi Mukherji, coauteur du rapport et spécialiste de la question de l'eau, en explique les grandes lignes. Nous reproduisons ici les principaux éléments de l'interview qu'elle a accordée au Monde :
Quelle est l'ampleur du défi que l'agriculture asiatique doit relever d'ici à 2050 ?
La population devrait augmenter de 1,5 milliard en Asie d'ici à 2050, passant de 3,5 à 5 milliards d'habitants. Il faudra fournir assez de nourriture à cette population, mais l'Asie n'a plus de terres disponibles pour étendre ses cultures. Et il n'y aura pas plus d'eau disponible qu'aujourd'hui. Le défi est de produire plus de nourriture avec autant d'eau et de superficie, et donc d'augmenter la productivité de l'agriculture.
Quelles sont les solutions ?
On ne peut pas beaucoup compter sur l'agriculture pluviale pour produire davantage de nourriture. Et importer des aliments n'est pas une solution acceptable politiquement. Il faut donc faire porter l'effort sur l'irrigation. L'Asie a les plus grands systèmes d'irrigation au monde. Ils ont été conçus dans les années 1950 et 1960. Ils étaient une composante essentielle de la révolution verte. Mais ils n'ont pas évolué depuis les années 1980, et n'ont pas été bien entretenus.
Pourquoi ?
Ils étaient conçus dans le but de stimuler la production de céréales, et les gestionnaires ont gardé la maîtrise du débit d'eau. Mais le prix des céréales a chuté et, de plus en plus, les paysans ont cultivé des plantes procurant un meilleur revenu, des légumes par exemple. Mais ces cultures requièrent une autre gestion de l'eau, et les paysans ont investi dans des pompes. On a donc maintenant un système d'irrigation qui n'est pas utilisé à son plein potentiel.
La situation est-elle identique dans toute l'Asie ?
Pas tout à fait. En Asie centrale, les experts en irrigation, qui étaient surtout russes, sont repartis en Russie. En Inde et en Chine, les systèmes ont été beaucoup mieux maintenus par l'Etat.
Comment rendre l'irrigation plus productive ?
Il faut améliorer sa précision, en développant les méthodes de goutte-à-goutte et en rendant les lâchers d'eau beaucoup plus flexibles. Il est nécessaire de changer l'état d'esprit des responsables, pour qu'ils pensent davantage aux besoins des utilisateurs. Il faut aussi accompagner l'innovation paysanne : les systèmes d'irrigation ne fonctionnent pas bien, et pourtant la production agricole continue à croître. L'explication de ce paradoxe, comme l'a montré notre recherche, c'est que les paysans innovent. Ils adaptent leur mode de culture aux contraintes hydriques, et ont investi dans leurs propres systèmes, notamment dans les pompes. Il y a eu ainsi une énorme augmentation de l'irrigation par l'eau tirée des nappes phréatiques dans toute l'Asie. On peut parler d'une révolution silencieuse.
Mais ils ont aussi créé des mares, pour avoir de l'eau disponible, ou multiplié les dispositifs de recueil des précipitations pendant la saison des pluies. Il ne faut pas s'opposer à ce que font les paysans, mais les aider à s'améliorer.
Mais n'y a-t-il pas surconsommation de l'eau souterraine ?
Si l'Etat ne peut pas leur apporter de l'eau au moment nécessaire, les paysans n'ont pas d'autre ressource que de pomper l'eau. Ce qu'il faut, c'est améliorer les procédés de recharge des nappes d'eau souterraines.
Les gouvernements sont-ils assez attentifs à ces questions ?
Oui, depuis la crise alimentaire de 2008. Il y a une prise de conscience accrue que l'agriculture a été négligé
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