mercredi 20 janvier 2010

Mexico en manque d’eau

Pour la grande bourgeoisie, la villégiature sur les rives de l'Avandaro, près de Mexico, était synonyme de bien-être. L'été dernier, la capitale, en manque d'eau, a fait baisser de moitié le niveau du lac.
Mexico, l'une des plus grandes mégalopoles du monde avec ses vingt millions d'habitants, cherche eau désespérément.
Les plans d'eau qui autrefois entouraient la capitale et irriguaient une civilisation aztèque florissante n'ont pas résisté à l'exode rural et à l'explosion des bidonvilles de la capitale.
Le gigantisme de la ville a fini par rattraper les Mexicains aisés qui fréquentent le village de Valle de Bravo et pratiquent le ski nautique sur le lac à la belle saison.
En août, les puissants hors-bord ont dû surfer autour des rochers qui émergeaient des flots au fur et à mesure que Mexico procédait au pompage du lac.
"Je suis né ici et je n'ai jamais vu le lac à un tel niveau", se désole Carlos Gonzalez, 33 ans, propriétaire du Los Pericos, un restaurant sur pilotis menaçant de redescendre rapidement sur terre.
Face à la menace, les riches estivants se sont mobilisés et l'on est parvenu à un compromis: le niveau du lac sera maintenu à 75% de son niveau initial.
Les responsables de la capitale se sont alors tournés vers une autre solution, la taxation de l'eau dont le prix était jusqu'à présent remarquablement bas pour l'ensemble de la population.
Les classes aisées paieront désormais leur eau trois fois plus cher que les pauvres. Mais la facture annuelle, à 515 pesos (40 dollars) par an, reste plus qu'abordable et leur permet, avec 300 litres par jour, de consommer deux fois plus d'eau que leurs homologues européens.
RESEAU EN MAUVAIS ETAT
Pour les habitants des quartiers pauvres, les coupures d'eau sont fréquentes et viennent s'ajouter à un réseau d'approvisionnement en très mauvais état, qui fournit un liquide impropre à la consommation.
"Elle sort du robinet par petits jets, comme le jus du tamarin, et elle est jaune, jaune!", raconte Maricela Martinez, qui loge avec sa nombreuse progéniture dans une petite maison du quartier modeste d'Iztapalapa. "Quelquefois, c'est pire. On dirait l'eau putride dans laquelle ont baigné les fleurs", ajoute-t-elle.
Pour les Martinez, pas question de boire de cette eau. Ils préfèrent se faire livrer de l'eau minérale en bonbonnes de cinq litres.
Pour Ramon Aguirre, responsable de l'alimentation en eau de la capitale, la solution ne peut venir que d'une hausse encore plus importante des tarifs.
Encore faut-il que ces ressources supplémentaires soient utilisées pour rénover un réseau de distribution en complète déliquescence: 40% de l'eau est détournée par des escrocs ou fuit des tuyaux avant de parvenir aux particuliers. Et seulement la moitié de ce qui sort du robinet est comptabilisé.
Ironie du sort, la capitale mexicaine est régulièrement sous les eaux lors des orages de fin d'été, mais la majeure partie de cette eau n'est pas récupérée et provoque des inondations monstres, comme ce fut le cas en septembre dernier.

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