C'est une chimère devenue rêve, un rêve devenu réalité. Dans deux ans, la station Sea Orbiter se jettera à l'eau. Ce géant fuselé de 51 mètres de hauteur dont 31 sous l'eau, sorte de crustacé du futur aux antennes dressées vers le ciel, se promènera six mois en Méditerranée pour des tests ultimes, avant de prendre définitivement le large et de dériver au gré du Gulf Stream.
Il y a du Jules Vernes dans cette aventure, mais aussi la volonté de porter l'héritage des grands pionniers, de La Pérouse (1741-1788) au commandant Cousteau, au côté de qui Jacques Rougerie, concepteur de Sea Orbiter, a fait ses premiers pas sous-marins. Depuis, notre homme a construit des maisons sous la mer (Galathée au Japon, Hippocampe au Mexique), conçu des centres comme Océanopolis à Brest et Nausicaa à Boulogne-sur-Mer avant de naviguer sur le trimaran transparent Aquaspace.
Enthousiasmé par Sea Orbiter, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie, lui a donné un sérieux coup de pouce avec le Grenelle de la mer. Et le Président de la République l'a définitivement adoubé dans son discours sur la politique de la mer fin juillet, au Havre. Pour autant ce projet français, qui doit permettre d'observer les grands fonds en continu, «est une plateforme internationale», insiste Jacques Rougerie.
Le comité d'éthique est là pour en témoigner avec, parmi les membres, Dan Goldin, un ancien administrateur de la Nasa, ou encore le Norvégien Kjell Holden, vice-président de Marintek, le plus grand centre d'essais en bassin de carène, qui a délivré le permis de naviguer à Sea Orbiter. Mais on y trouve également l'astronaute Jean-Loup Chrétien, Henri-Germain Delauze, le président de la Comex, ou encore Patricia Ricard, la présidente de la Fondation océanographique Paul-Ricard…
Avec dix-huit personnes à bord, dont une poignée de permanents, Sea Orbiter sera une plaque tournante de chercheurs de tous horizons, en relation permanente avec l'Ifremer, partenaire scientifique, qui travailleront sur les liens entre le climat, les gaz à effet de serre et les océans, mais également sur les grands mouvements migratoires des poissons, la biologie marine…
«Sea Orbiter pourra également se mettre en position fixe, notamment à proximité des montagnes sous-marines», s'enthousiasme Jacques Rougerie. «On pourra alors envoyer un drone d'observation capable de descendre à 3 000 mètres de profondeur»,ajoute-t-il.
Ce vaisseau sera également équipé d'un module pressurisé qui servira de simulateur spatial. De quoi «permettre à un équipage de six astronautes de la Nasa ou de l'Agence spatiale européenne (ESA) de tester leurs capacités à vivre en milieu extrême et à effectuer, à l'intérieur comme à l'extérieur, des tâches similaires à celles qu'ils devront effectuer dans l'espace», précise encore le document de présentation. Enfin, une grande part sera accordée à l'éducation des jeunes.
Les appels d'offres pour la construction de Sea Orbiter vont être lancés prochainement avec un budget de 35 millions d'euros. La mise en chantier est prévue fin 2010, et la mise à l'eau un an plus tard.
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