L’Association scientifique et technique pour l’eau et l’assainissement (Astee) vient de développer avec Ogeris (outil de gestion des risques sanitaires), un outil précieux, fonctionnant sur le logiciel Excel, à destination des petites sociétés de traitement et de distribution de l’eau. Cette démarche est une nouvelle approche pour l’association, dont la vocation première est d’avantage d’être une plate-forme de réflexion et d’expertise qu’un centre de développement d’outils opérationnels. Ogeris doit permettre aux unités de distribution de petite taille c’est-à-dire, desservant moins de 5000 habitants, de gérer préventivement les éventuels risques sanitaires d’origine biologique. Notez bien que,t ces petites installations représentent 91,6 % des UDI et approvisionnent 26,7 % de la population française !
Créée en 1905, l'Astee est une association reconnue d'utilité publique. Elle rassemble des experts, chercheurs scientifiques et praticiens, ainsi que des représentants d'organismes publics et privés et de ministères, qui interviennent dans les différents secteurs de l'environnement.
Sa mission consiste à mener des réflexions approfondies sur les multiples aspects méthodologiques, techniques et réglementaires liés à la gestion de l'eau potable, de l'assainissement, des milieux aquatiques, des déchets, ainsi qu'à la qualité de l'air, aux nuisances sonores et aux ressources énergétiques. Elle est habilitée à faire des recommandations aux pouvoirs publics.
En se basant sur les travaux d'une université américaine, le groupe de travail formé par l'Astee s'est attaché depuis fin 2005 à créer un outil adapté au contexte technique et réglementaire français et à le tester sur 15 sites pilotes.
Il s'agit d'évaluer les risques puis de mettre en place un système de suivi et de contrôle opérationnel des points essentiels pour la maîtrise de la qualité de l'eau en tout point du système de production et d'alimentation. OGERIS réalise une description fine du circuit de l'eau par l'intermédiaire de questionnaires simples à renseigner.
Le logiciel Ogeris est ainsi mis gratuitement a disposition sur sur le site de l’association (www.astee.org/projets/ogeris). Une fois le logiciel téléchargé, l’exploitant renseigne une série de données sur son installation. Elles permettent à l’outil de pointer du doigt les étapes les plus vulnérables : la ressource, le traitement, le stockage, le pompage de l’eau traitée… A chaque question est attribuée une note, pondérée ensuite, assurant alors une hiérarchisation des risques sur l'ensemble du système. Grâce à ce bilan détaillé, OGERIS :
cible les points de vulnérabilité au risque microbiologique du site,
propose des recommandations d'actions en termes de connaissance, de surveillance, d'exploitation, de conception du site et aide l'utilisateur à définir un plan d'action,
cible les points de suivi des étapes essentielles à la surveillance et à la maîtrise du risque microbiologique.
« Si la ressource en eau est identifiée comme source de risques sanitaires potentiels, le logiciel va pointer du doigt les causes de cette vulnérabilité : le type d’aquifère, l’absence de protection de la ressource… », explique Séverine Jacob, ingénieur à Veolia Eau, qui a participé au groupe de travail de l’Astee ayant produit l’outil.
Ogeris propose ensuite des actions correctives pour remédier à cette faiblesse, et affecte ces actions d’une note de priorité. Celle-ci est déterminée à la fois par la facilité de mise en œuvre de la solution, et par la gravité de la vulnérabilité.
Un outil d’analyse rapide
L’outil permet en outre d’éditer un dossier complet, informatisé et imprimable, résumant l’analyse. Ainsi, les trois étapes d’un Water safety plan (plan de sécurité de l’eau) telles que définies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont respectées : évaluation du système, mise en place d’un suivi opérationnel, définition d’actions correctives.
Cependant, contrairement aux outils très complexes utilisés par les grandes sociétés de l’eau, comme le Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP, Analyse des dangers - points critiques pour leur maîtrise), cet outil donne ses résultats en une seule journée.
Ogeris répond à un enjeu de taille : « 45 % des maladies d’origine hydrique sont d’origine microbiologique. Ce n’est pourtant qu’un premier pas : si Ogeris a du succès, nous prévoyons de créer un logiciel plus robuste et de prendre en compte aussi l’analyse des risques chimiques, » promet Séverine Jacob.
Pour en savoir plus : http://www.astee.org/projets/ogeris/index.php
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