Infos-eau inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique, "Parole d'experts", dans laquelle nous invitons des spécialistes à mettre en perspective leur travaux sur les problématiques de l'eau. Pour inaugurer cette série, nous avons interviewé David Blanchon, Maître de conférences en géographie et membre du laboratoire Gecko à l'Université Paris X Nanterre.
Il a réalisé sa thèse d'agrégation sur l'espace hydraulique Sud Africain, pour laquelle il a reçu en 2004, le prix du Comité national Français de Géographie et le prix Henri Milon de la Société Hydrotechnique de France. Cette thèse a été publiée cette année aux éditions Karthala David Blanchon est également l'auteur de "L'Atlas Mondial de l'Eau", paru aux Editions Autrement début 2009, et dont nous avons parlé ici .
Il a réalisé sa thèse d'agrégation sur l'espace hydraulique Sud Africain, pour laquelle il a reçu en 2004, le prix du Comité national Français de Géographie et le prix Henri Milon de la Société Hydrotechnique de France. Cette thèse a été publiée cette année aux éditions Karthala David Blanchon est également l'auteur de "L'Atlas Mondial de l'Eau", paru aux Editions Autrement début 2009, et dont nous avons parlé ici .
Quels sont les spécificités de la situation africaine et les grands enjeux de l'eau en Afrique ?
L'Afrique présente par rapport aux grandes régions du monde une double spécificité : un grand retard dans l'équipement en infrastructures hydrauliques, mais aussi un grand potentiel d'aménagement.
Les manifestions du retard sont malheureusement bien connues. L'Afrique est le continent où les cours d'eau sont le moins aménagés pour la production hydroélectrique et où l'agriculture irriguée est la moins développée par rapport au potentiel existant, alors que, si l'on excepte les grands déserts du Sahara et du Namib, elle a des ressources en eau relativement abondantes et se trouve, en tout cas, dans une situation qui n'est pas pire que celle de l'Asie.
De plus, peu d'attention a été portée historiquement à la prévention des risques hydrologiques. Cela explique pourquoi les populations africaines paient un si lourd tribut aux sécheresses et aux inondations.
Troisième manifestation de ce retard : le sous-équipement dans l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. L'Afrique se situe au dernier rang pour l'accès à l'eau et à l'assainissement : les taux n'y sont respectivement que de 56 % et 37 % contre 83 % et 59 % au niveau mondial. Dans ces deux domaines, la situation ne s'améliore que lentement, car les investissements restent insuffisants. L'Afrique sub-saharienne n'atteindra les Objectifs du Millénaire -réduire de moitié la population n'ayant pas accès à l'eau potable et à l'assainissement- qu'en 2040 et 2076, alors que ces objectifs fixés en 2000 sont déjà en passe d'être atteints en Asie et en Amérique Latine.
Ce « retard » explique en contrepartie que l'Afrique est également le continent où le potentiel de développement est le plus fort. Et il est possible d'y mettre en valeur les ressources en eau, tant pour l'agriculture que pour l'hydroélectricité, sans commettre les erreurs qui ont été faites en Europe et Amérique du Nord, c'est-à-dire en respectant plus l'environnement et les intérêts des populations. C'est le grand enjeu de la question de l'eau en Afrique : parvenir à mettre en valeur les ressources en eau, pour produire de l'hydroélectricité, pour irriguer, pour fournir un service adéquat à une population urbaine en rapide expansion, sans trop compromettre la préservation de ses riches écosystèmes aquatiques.
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