Suite de l'interview de David Blanchon
Un exemple emblématique de ces enjeux de l'eau en Afrique ?
Je prendrais deux exemples : l'un parmi les pays les plus avancés du continent, l'Afrique du Sud, l'autre parmi les plus défavorisés, le Soudan.
L'Afrique du Sud est un des pays le mieux équipés en infrastructures hydrauliques. Et pourtant, il cumulait, à la fin de l'apartheid, les problèmes du « premier » et du « troisième » monde : un niveau de pollution élevé et des maladies liées au manque d'accès à l'eau comme le choléra.
Le gouvernement de l'African National Congress, au pouvoir depuis l'élection de N. Mandela en 1994, a décidé de remettre en cause la gestion de l'eau du régime d''apartheid, avec une nouvelle politique résumée par le slogan « Some, For All, For Ever » censée remplacer le « All, for Some, Now ». L'enjeu est de concilier la protection de l'environnement en limitant le gaspillage (Some, sous entendu water), tout en donnant accès à l'eau à la population noire (for All) avec une perspective de préservation des ressources à long terme (For Ever). Quinze ans plus tard, les résultats de cette nouvelle politique sont mitigés. De nombreux foyers ont bénéficié d'un accès amélioré à l'eau potable, mais dans le même temps, les gaspillages par les agriculteurs exportateurs blancs et les niveaux de pollution restent préoccupants.
Au Soudan, la problématique très différente, car les infrastructures sont actuellement très limitées. Il s'agit pour ce pays très pauvre, mais qui a acquis une capacité à s'équiper grâce à la rente pétrolière et l'aide chinoise, de mettre en valeur ses ressources en eau, et notamment le Nil, qui n'a été l'objet d'aucun aménagement majeur depuis l'indépendance en 1956. Dans ce contexte, tout aménagement apporte d'importants bénéfices à court terme : le seul barrage de Marawi, inauguré en avril 2009 sur le Nil à 300 kilomètres au nord de Khartoum, permet de doubler la production électrique du pays. Les suivants, aujourd'hui en construction, permettront au Soudan d'en exporter. Mais les conséquences environnementales comme les intérêts des populations riveraines ont été négligés. Cela pose évidemment la question de la durabilité de ces investissements, d'autant qu'ils se doublent, au Soudan, de conflits politiques sur le partage des bénéfices futurs.
Un exemple emblématique de ces enjeux de l'eau en Afrique ?
Je prendrais deux exemples : l'un parmi les pays les plus avancés du continent, l'Afrique du Sud, l'autre parmi les plus défavorisés, le Soudan.
L'Afrique du Sud est un des pays le mieux équipés en infrastructures hydrauliques. Et pourtant, il cumulait, à la fin de l'apartheid, les problèmes du « premier » et du « troisième » monde : un niveau de pollution élevé et des maladies liées au manque d'accès à l'eau comme le choléra.
Le gouvernement de l'African National Congress, au pouvoir depuis l'élection de N. Mandela en 1994, a décidé de remettre en cause la gestion de l'eau du régime d''apartheid, avec une nouvelle politique résumée par le slogan « Some, For All, For Ever » censée remplacer le « All, for Some, Now ». L'enjeu est de concilier la protection de l'environnement en limitant le gaspillage (Some, sous entendu water), tout en donnant accès à l'eau à la population noire (for All) avec une perspective de préservation des ressources à long terme (For Ever). Quinze ans plus tard, les résultats de cette nouvelle politique sont mitigés. De nombreux foyers ont bénéficié d'un accès amélioré à l'eau potable, mais dans le même temps, les gaspillages par les agriculteurs exportateurs blancs et les niveaux de pollution restent préoccupants.
Au Soudan, la problématique très différente, car les infrastructures sont actuellement très limitées. Il s'agit pour ce pays très pauvre, mais qui a acquis une capacité à s'équiper grâce à la rente pétrolière et l'aide chinoise, de mettre en valeur ses ressources en eau, et notamment le Nil, qui n'a été l'objet d'aucun aménagement majeur depuis l'indépendance en 1956. Dans ce contexte, tout aménagement apporte d'importants bénéfices à court terme : le seul barrage de Marawi, inauguré en avril 2009 sur le Nil à 300 kilomètres au nord de Khartoum, permet de doubler la production électrique du pays. Les suivants, aujourd'hui en construction, permettront au Soudan d'en exporter. Mais les conséquences environnementales comme les intérêts des populations riveraines ont été négligés. Cela pose évidemment la question de la durabilité de ces investissements, d'autant qu'ils se doublent, au Soudan, de conflits politiques sur le partage des bénéfices futurs.
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