dimanche 25 janvier 2009

Le bassin du Rio Grande, zone d’études stratégiques pour les économies d'eau

Un groupe de chercheurs formé par Manuel Pulido-Velazquez, de l’université de Valence (Espagne) et par Frank A. Ward, de l’université de Las Cruces (Mexique), vient de remettre en cause certaines idées reçues sur la gestion et l'économie de l'eau.

Pulido-Velazquez est hydrologue, Ward spécialiste de l’économie agricole: ils sont les auteurs d'une étude sur le système hydraulico-agricole du bassin du haut Rio Grande, depuis sa source dans le Colorado jusqu’à El Paso (Texas) en traversant le Nouveau-Mexique.

Le bassin est stratégique pour au moins deux raisons. D’une part, la région étant moins célèbre pour son humidité que la pointe bretonne, la moindre goutte d’eau y est avidement convoitée par les agriculteurs, les citadins et les industriels. D’autre part, le Rio Grande constitue la frontière américano-mexicaine à partir d’El Paso jusqu’au golfe du Mexique. Le partage de l’eau fait donc l’objet de négociations permanentes entre les deux nations: tout ce qui est pompé avant la frontière est perdu pour les Mexicains.

La mode écologique actuelle encourage l’humanité à restreindre ses dépenses en eau. Excellente idée. Toute modération est bonne à prendre, surtout pour l’agriculture qui est la plus grosse utilisatrice de la planète -autour de 50% de la consommation totale, dont une bonne partie en pure perte.

L'arrosage tous azimuts n'est pas seul en cause : il y a aussi l’évapotranspiration, c’est-à-dire la perte d’eau par les plantes elles-mêmes. On estime qu’une plante transpire par ses stomates 30 à 50% de l’eau qu’on lui apporte.

Nos deux chercheurs s'intéressent à l'optimisation actuelle de la gestion agricole de l'eau qui cherche à maximiser l'efficacité de l'irrigation : généraliser le goutte-à-goutte, par un réseau de tuyaux percés au pied des plantes, faisant couler l’eau qui est alors immédiatement pompée par les racines. Grâce à ce circuit court, aucune goutte n’est perdue dans l’air, sur les feuilles ou les zones entourant la culture. Mais le système coûte cher à installer et à entretenir... et ne serait pas si efficace.

D’après nos deux chercheurs, le goutte-à-goutte est en fait pire que le jet d’eau! Avec ce dernier, on perd une partie de l’eau par évapotranspiration et une autre par infiltration, mais l’infiltration permet quand même à l’eau de rejoindre le circuit local. Avec le goutte-à-goutte en revanche, l’eau est entièrement absorbée par les racines… puis entièrement évaporée! Et plus rien ne s’infiltre en profondeur.

Le mieux serait finalement de renoncer à faire pousser des plantes gourmandes en eau dans des endroits secs (par exemple le maïs), et d'arrêter d'arroser en plein soleil... comme le savent tous les bons jardiniers.



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