lundi 20 octobre 2008

L'assainissement, priorité dans la question de l'eau


L’assainissement représente un enjeu planétaire majeur et fait actuellement l’objet d’une importante mobilisation de la part des organisations internationales d’aides au développement, des pouvoirs publics mais uassi des entreprises. Selon l’OMS, 2 personnes sur 6 dans le monde n’ont pas accès aux services d’assainissement (soit 2,6 milliards de personnes). Face à ce constat alarmant les Nations Unies ont déclarée l’année 2008 : « Année internationale de l’assainissement », et consacré le 20 mars 2008 comme Journée Mondiale de l’Assainissement afin de sensibiliser le plus grand nombre à cet élément fondamental du développement. Ces différentes initiatives témoignent de l’importance de cette question à la vue des enjeux sanitaires, sociaux et environnementaux quelle véhicule à l’échelle mondiale et surtout dans les pays en voie de développement et les zones rurales. Cependant, selon Jon Lane, président du Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement (WSCC), « il y a cinq fois plus d’argent investi dans l’accès à l’eau potable que dans l’assainissement, alors que si l’on regarde les chiffres, cela devrait être l’inverse. » En effet, l’absence d’équipement d’assainissement a un impact non négligeable sur la qualité des eaux et de ce fait peut considérablement diminuer l’efficacité des investissements réalisés pour l’eau potable. Les campagnes de prévention et l’inscription de l’assainissement dans les Objectifs du Millénaire définis par l’ONU afin de réduire de 50% d’ici 2015 du nombre de personnes n’y ayant pas accès ont néanmoins pour objectifs de mettre en marche les investissements dans ce domaine. L’ONU estime à 10 milliards de dollars par an les investissements nécessaires à la réalisation de cet objectif.

On observe tout d’abord, de fortes disparités concernant l’accès à l’assainissement selon les différentes régions du monde. En effet, les pays en voie de développement et les zones rurales sont les plus touchés par de fortes lacunes dans ce domaine.

En Afrique, seulement 45% de la population dispose d’installations sanitaires et 62% des Africains n’ont pas accès à des sanitaires convenables, selon un rapport conjoint de l’UNICEF et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Contrairement cependant à la croyance d’un grand nombre, l'Europe n'est pas non plus épargnée par le problème. Ainsi selon l’Institut International de l’Eau (SIWI), 20 millions d'Européens n'ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Les régions rurales et les derniers pays entrés dans l’Union Européenne sont ceux qui connaissent le plus de retard dans ce domaine. Cela est notamment le cas de la Roumanie, dont 40% de la population n’est pas relié à un système d’assainissement et de la Bulgarie, où 42% de la population habite dans des zones rurales où seulement 2% des foyers sont reliés au tout-à-l’égout.

A l’inverse, en Amérique du Nord et notamment au Canada, 99% des habitants ont accès à des installations sanitaires de base.

Le mauvais accès à l’assainissement et les conséquences sanitaires qu’il emporter mobilisent les organisations d’aides au développement telles que l’UNICEF et pose cette problématique aujourd’hui comme un enjeu fondamental qui nécessite des investissements colossaux.

D’après le président de l’Association Africaine de l‘Eau, Mamadou Dia, le manque d’eau salubre et d’assainissement a de graves répercussions sur la santé des populations. Les enfants étant les premiers exposés aux maladies hydriques diarrhéiques et parasitaires. L’absence d’assainissement accroît également le risque d’épidémie de choléra, de typhoïde et de dysenterie.

Ces problèmes sanitaires graves impliquent ainsi des investissements rapides de la part des pays concernés et mobilise par conséquent de nombreux fonds humanitaires.

Le Fonds International pour l’Assainissement de l’Eau espère ainsi récolter plus de 65 millions d’euros par an pour permettre d’améliorer l’accès aux installations sanitaires et à l’hygiène dans les pays en voie de développement.

Le Fonds créé par le Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement (WSSCC) s’est fixé lui comme objectif la collecte de 100 millions de dollars par an, une aide qui sera principalement consacrée à la création d’un réseau d’assainissement dans certains pays en voie de développement et en priorité au Burkina Faso, en Ouganda, au Pakistan, en Inde, au Népal et à Madagascar.

Parallèlement, un Fonds mondial pour l’assainissement vient aussi d’être créé sous l’égide de l’ONU.

Enfin, l’Union Européenne va allouer 336 milliards d’euros aux états membres les plus nécessiteux dont 18 milliards destinés à l’amélioration des conditions sanitaires.

L’assainissement représente un objectif de santé public mais il implique aussi un enjeu environnemental. En effet, les eaux usées reversées dans des cours d’eau, engendrent une pollution considérable porteuse notamment de bactéries. De la même façon, les eaux industrielles reversées sans trai_tement préalables sont une importante source de pollution en raison de la présence de nombreux produits chimiques parfois toxiques. Chaque jour ce sont 2 millions de tonnes d'excréments qui sont rejetées dans les eaux libres de la planète.

En Europe notamment, dans certaines zones de Roumanie, le taux de nitrates dans les eaux atteint 500 mg/litre. (le taux de nitrates autorisé est de 50 mg/litre d’eau).

En France, la question de l’impact environnemental de l’assainissement se pose essentiellement pour les installations d’assainissement non collectif c'est-à-dire pour les systèmes d’assainissement géré par un particulier et non relié au réseau d’épuration collectif. Ce type d’installation concerne encore 11 millions d’habitants en France. La loi sur l’eau de 1992 avait imposé aux collectivités le contrôle du fonctionnement et de la conformité des installations individuelles d’assainissement, existantes et à construire. Alors que la loi sur l’eau de décembre 2006 a renforcé les pouvoirs des communes en cette matière. Ainsi, la commune a maintenant le droit de contrôler l’installation en considération de son ancienneté et si l’état n’est pas conforme elle peut obliger le propriétaire à se mettre aux normes. De plus, cette loi a également fixé l’obligation d’un premier contrôle des systèmes d’assainissement individuel au plus tard en 2012, qui devra être suivi d’un contrôle au minimum tous les 8 ans.
Aujourd’hui en France, l’assainissement représente 37% de la facture d’eau, à quoi s'ajoute une part significative correspondant aux investissements réalisés par les agences de l’eauL’IFEN estime à 2,5 milliards par an les besoins d’investissement sur les réseaux et les stations d’épuration pour être en conformité avec la réglementation en 2015.

Une étude de la TNS Sofres de février 2008, révèle une réelle sensibilité à l’enjeu environnemental attaché à l’assainissement non collectif. Ainsi, 89% des Français estiment que « ne pas bien entretenir sa fosse septique et/ou son système d’assainissement » représente un problème important pour l’environnement.
39 % des élus (maires et présidents d’intercommunalité confondus) estiment quant à eux, que l’assainissement représentera dans les années qui viennent un « enjeu majeur » dans leur commune ou leur intercommunalité.

Le développement économique et l’accroissement des populations dans certaines régions urbaines impliquent la construction de nouvelles infrastructures dédiés à l’assainissement. L’Institut International de l’Eau (SIWI) estime qu’il faut 10 milliards de dollars par an d’ici à 2015 pour l’atteinte de l’Objectif du Millénaire de l’assainissement.

Aussi, toujours selon le SIWI, une forte demande viendra d'Asie qui représente 60% de la population mondiale et dont le développement économique exponentiel a largement contribué à la détérioration de son réseau d’assainissement.

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