vendredi 30 octobre 2009

Focus sur : Charity Water

Cette ONG, trop peu connue en France, a commencé à collecter des fonds il y a 3 ans pour permettre l’accès à l’eau dans les pays pauvres. Aidons-les !



Source : youtube

Rendez-vous sur Charity Water

jeudi 29 octobre 2009

"Saqayti" : une fontaine à eau à carte

« Saqayti » - ma fontaine en arabe – est une borne automatique substituant aux fontaines publiques dans les régions reculées du Maroc. Fonctionnant avec des cartes prépayées, les bornes fontaines ont facilité l’accès à l’eau potable et évité le gaspillage. Dominique Héron, Directeur des partenariats de Véolia Environnement, en a fait une présentation lors du forum organisé par l’association Alliés à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation 2009.

En milieu rural, certain quartiers ne peuvent encore être desservis individuellement en eau potable, pour des raisons structurelles ou financières. La seule solution pour les habitants est de recourir aux fontaines publiques qui délivrent de l’eau à volonté. Ce système provoque toutefois le gaspillage et la surconsommation de l’eau d’où une facture très salée à la charge des collectivités locales. Pour corriger ces dysfonctionnements, de nouvelles bornes fontaines automatiques « Saqayti »- ma fontaine en arabe- ont été mises en place par Véolia Environnement Maroc. Elles fonctionnent avec une carte à puce créditée chaque mois, d’un volume d’eau prépayé par les communes.
Le principal bénéfice de ce nouveau procédé est le développement de l'accès à l'eau, avec toutes les conséquences sociales que l'on connaît, notamment en matière de réduction de l’échec scolaire chez les enfants astreints à la corvée d’eau.
Profitant de l’énergie solaire, les bornes fontaines permettent également aux autorités locales de budgéter leur consommation - 50 à 70% d’économies réalisées - et de préserver ainsi leurs ressources en eau. Testées en 2006 à Témara (6 kms de Rabat), les bornes fontaines automatique ont été étendues au nord du Maroc et les autorités de Tanger prévoient d’en implanter une cinquantaine.


source : Afrik.com

mercredi 28 octobre 2009

L’eau, source de conflits frontaliers - article de Jean-Louis Lemarchand


La revue Géopolitique dans sa dernière livraison trimestrielle d’octobre 2009, propose treize articles qui portent sur les différents aspects d’actualité de l’eau, traitant aussi bien des questions stratégiques que d’exemples régionaux , au Moyen-Orient, en Afrique ou en Chine.
Dans ce numéro 107, Géopolitique dresse notamment un panorama des risques de conflits entre pays pour l’accès à l’eau. L’aspect stratégique de l’eau et la nécessité d’une coopération internationale ont été affirmés lors du Forum mondial de l’eau de mars dernier à Istanbul.
« Rien n’indique que l’absence de conflits dans le passé offre la même garantie pour le futur ». Sous une formulation diplomatique, un haut fonctionnaire du Ministère de l’Ecologie, Jacques Sironneau, évoque les risques existant des guerres pour l’eau. Une mise en garde qui ouvre le dossier spécial consacré à l’eau dans ses aspects internationaux par la revue Géopolitique dans sa dernière livraison trimestrielle d’octobre.
Tout l’intérêt de ce panorama réside dans une présentation des situations existantes en soulignant la persistance des zones de tension pour les ressources en eau partagées –Turquie et Syrie, Egypte et Soudan, Israël et Palestine et Syrie, Chine et Tibet, Mexique et Etats-Unis…- et l’émergence de nouvelles zones de tension potentielles –Inde avec le Népal et le Bangladesh, Chine avec le Cambodge.
Un chiffre suffit à mesurer l’ampleur de la conflictualité : sur les 263 bassins fluviaux internationaux, 158 accusent une carence en termes de coopération. Autrement dit, la vision bilatérale l’emporte majoritairement sur une approche multilatérale, à l’évidence plus équilibrée.
Le récent Forum mondial de l’eau, tenu à Istanbul en mars 2009, a mis l’accent dans ses conclusions sur « la mise en œuvre d’une gestion intégrée des ressources en eau au niveau des bassins dans chaque pays et si approprié dans le cadre d’une coopération internationale ». Le champ des possibles est ouvert, il est large.
Dans le monde, observe Jean-François Donzier, directeur général de l’Office international de l’eau, 15 % des pays dépendent à plus de 50 % des ressources en eau d’autres pays amont. Pour certains, cette dépendance dépasse même les 2/3 : Pays-Bas, Luxembourg, Syrie, Roumanie, Egypte, Hongrie, Bulgarie, Paraguay, Soudan…

Pour tout contact Institut International de Géopolitique, 27, Quai Anatole France. 75007.
instit.geopol@wanadoo.fr

lundi 26 octobre 2009

Chantal Jouanno pose la première pierre du forum mondial de l’eau de Marseille en 2012

Représentant le Ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, la Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Chantal Jouanno, a signé la convention cadre établissant officiellement un partenariat entre l’Etat, la ville de Marseille et le Conseil mondial de l’eau en vue de l’organisation du 6e Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012.
Le 15 octobre, devant un auditoire de plus de deux cents acteurs du monde de l’eau, parmi lesquels le Dr HAN Seung-soo, ancien Premier Ministre coréen et envoyé spécial des Nations unies pour le climat en 2007 et 2008, Chantal Jouanno a marqué, avec le maire de Marseille Jean-Claude GAUDIN, le président du Conseil mondial de l’eau et l’ambassadeur délégué à l’environnement, le début formel du processus qui mènera jusqu’à la tenue du Forum au printemps 2012 à Marseille.
En présence également d’élus locaux, Chantal Jouanno a rappelé la détermination d’une ville et de la France à faire de ce 6ème forum mondial de l’eau un événement international coopératif et convivial, avec deux exigences : « mettre l’accent sur une nouvelle gouvernance autour du modèle du Grenelle de l’environnement, et porter avec vigueur la thématique du droit d’accès à l’eau et à l’assainissement. »
La Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie a reconnu les progrès indéniables accomplis depuis le premier forum mondial de l’eau en 1997, mais elle a aussi rappelé que près d’un milliard d’êtres humains sont encore privés d’eau potable. Au total, ce sont 2 millions de personnes qui meurent encore chaque année des maladies liées à l’absence d’eau ou à l’eau souillée, à quoi s’ajoutent la fragilité des cultures, la déstabilisation d’écosystèmes ou encore la perte sèche de biodiversité.
Pour Chantal Jouanno, le 6ème forum mondial de l’eau devra constituer non seulement une tribune pour faire porter encore plus loin la voix des quelque 39% de la population qui n’aura pas accès à une eau propre en 2030 si rien n’est fait d’ici là, mais également une véritable transition vers la reconnaissance d’un droit universel d’accéder à l’eau et à l’assainissement.
Selon Chantal Jouanno, « c’est dans cet esprit que l’Etat, la ville de Marseille et le Conseil mondial de l’eau vont travailler, en étroite coopération avec tous les acteurs de tous les continents, pour faire de ce 6ème forum mondial de l’eau un événement tout à la fois humble, car à l’écoute, et ambitieux, car agissant. »

samedi 24 octobre 2009

L'Algérie investit 15 millards dans les infrastructures d'eau

L'Algérie investira plus de 15 milliards de dollars dans l'eau entre 2010 et 2014, notamment pour construire 19 nouveaux barrages, des stations de dessalement et des réseaux de transfert, a annoncé le 4 octobre le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal.
"Le secteur de l'hydraulique va bénéficier de 15 à 16 milliards de dollars" de 2010 à 2014 "afin d'assurer aux Algériens une bonne qualité de l'eau", a déclaré M. Sellal à la radio publique chaîne III (francophone).

Dix-neuf nouveaux barrages seront réalisés d'ici à 2014, a-t-il ajouté.

L'Algérie a entamé depuis 2004 un programme de construction de quinze stations de dessalement d'eau de mer d'une capacité totale de 2,3 millions de m3, pour "sécuriser de façon définitive l'alimentation des Algériens en eau potable", a dit M. Sellal.

L'Algérie a également lancé des études pour le transfert de 600 millions de m3 par an à partir du Nord Sahara vers les Hauts plateaux, notamment pour développer l'agriculture et améliorer la distribution d'eau potable, selon le ministre.

Ce projet sera lancé durant le prochain plan quinquennal 2010-2014, a-t-il ajouté.
Il a indiqué que seules les entreprises algériennes pourront répondre aux appels d'offre qui seront lancés pour la construction de certains de ces nouveaux barrages.
Source : AFP

jeudi 22 octobre 2009

La Crise de l'eau vue par le Pulitzer Center

Le Pulitzer Center est une ONG dédiée à l'analyse des situations de crises globales. Dans cette video, son vice-président analyse la crise de l'eau, avec un éclairage lucide et loin de tout fatalisme. La crise de l'eau, une crise de l'investissement ?


Source : youtube

mercredi 21 octobre 2009

La sécheresse en Australie


Moulamein, à quatre heures de route au nord de Melbourne, est le centre administratif du comté de Wakool, en Nouvelle-Galles du Sud. Un département rural où la plupart des habitants vivent de l'agriculture. Car nous sommes au coeur du bassin de Murray-Darling, la principale région agricole d'Australie, s'étendant sur quatre Etats. Les deux plus grands fleuves du pays, la Murray et la Darling, s'écoulent là, et ont longtemps offert des conditions idéales aux agriculteurs. Depuis la seconde guerre mondiale, les fermiers se sont installés, faisant pousser à loisir coton, fruits ou blé. Aujourd'hui, 40 % des fermes australiennes se trouvent dans ce bassin d'un million de km2. La région représente presque la moitié de la valeur de la production nationale agricole.
Mais le temps des récoltes fertiles semble lointain. Car depuis une décennie, une sécheresse persistante, la plus grave jamais enregistrée, a asséché les réservoirs. Et la Murray ne coule plus guère que dans les rêves des fermiers. Au sortir de l'hiver austral, cette année encore, les réservoirs du bassin sont peu remplis, à un quart seulement de leur capacité. Si certaines zones ont bien vu leurs précipitations augmenter, ce ne fut pas assez pour restaurer l'équilibre de la région. Les riverains sont contraints de limiter leur consommation d'eau, des usines de dessalement se construisent. La crise est devenue politique : les gouvernements des Etats s'accusent mutuellement d'avoir trop exploité le système fluvial.
Les fermiers, premiers concernés, sont désormais désignés à la vindicte publique. "On dit qu'il y a eu trop d'irrigation. C'est vrai, avec le recul, on s'en rend compte. Mais on ne pouvait pas deviner qu'il y aurait une telle sécheresse", commente Lawrence, qui exploite sa ferme depuis vingt-cinq ans, et espérait pouvoir la laisser à ses enfants. En Australie, les agriculteurs doivent acheter des "water entitlements", des droits à l'irrigation. Des droits théoriques, car tout dépend de l'eau disponible.
Lorsque la sécheresse s'est accentuée, les irrigateurs ont vu leur allocation diminuer progressivement. Jusqu'à ne plus rien obtenir du tout. Depuis quatre ans, Lawrence est ainsi privé d'eau, totalement ou presque, pour ses champs. "On n'a jamais connu un tel phénomène. Même les plus âgés ne se souviennent de rien de tel. L'Australie connaît des sécheresses, mais il y a quelque chose d'anormal cette fois, remarque-t-il. On n'aime pas parler de changement climatique ici, mais je pense que si, c'est bien cela."
Depuis les éleveurs poussés à vendre leurs troupeaux jusqu'aux horticulteurs arrachant leurs arbres, les agriculteurs se retrouvent dans une situation extrêmement difficile. Rod Chalmers, le maire du comté de Wakool, habite lui aussi dans le bush, sur une propriété où il fait pousser riz et céréales. En dix ans, son chiffre d'affaires a été divisé par dix. "1996 fut la dernière année où les allocations en eau étaient normales", se rappelle-t-il. Pour compliquer les choses, même lorsqu'ils ne reçoivent plus d'eau, les fermiers irrigateurs doivent continuer de payer des charges fixes pour maintenir les infrastructures en état. Pour un gros exploitant comme Lawrence, cela représente 80 000 dollars par an.
Alors, dans ce pays de bush, la résilience légendaire des habitants s'est peu à peu émoussée. 2009 semble être l'année de trop. "Jusqu'à maintenant, les gens se sont dits : on reste et on essaie de survivre en attendant la fin de la sécheresse. Mais là, ils sont désespérés, on se rend compte d'un changement d'esprit. Depuis deux mois, les fermiers veulent partir", confie le maire de Wakool.
Certains adoptent des stratégies étonnantes. Lawrence, en charge de la question de l'eau pour la Fédération nationale des agriculteurs, a ainsi décidé de louer des terres en Australie-Occidentale, à 3 900 kilomètres de chez lui. Chaque semaine, il fait la route pour transporter ses machines jusqu'à son nouvel eldorado. "J'avais deux possibilités : être ruiné sans rien faire. Ou me ruiner en agissant", plaisante-t-il.
D'autres, lourdement endettés, n'ont d'autre choix que de vendre leur ferme pour partir travailler en ville. Pour Deborah Warne, qui fait pousser des avocats à Barham, pas loin de Moulamein, la décision est presque prise. "Si j'étais sûre d'arriver à vendre ma propriété, je la mettrais sur le marché dès demain", jure l'horticultrice, qui reproche au gouvernement un manque de soutien financier. "Qui va nourrir le pays si le bassin de Murray-Darling ne produit plus rien ?", s'irrite-t-elle. "Etant donné le climat de la région, il va falloir considérer l'arrêt des cultures très gourmandes en eau", estime Samuel Marx, chercheur en gestion de l'environnement à l'université du Queensland.
Progressivement, toute la communauté a été touchée par la crise. "Les commerces ferment peu à peu. Avant, les exploitations agricoles embauchaient des employés. Plus maintenant", déplore M. Chalmers. Il y a quelques mois, Lawrence Arthur a décidé d'investir dans un nouvel équipement sur sa propriété. Dans l'affluent de la Murray qui traverse ses terres, il a installé une nouvelle pompe, qu'il montre fièrement : "Et 2 kilomètres de tuyaux pour limiter l'évaporation". Si la sécheresse perdure, la pompe flambant neuve pourrait bien ne jamais avoir à fonctionner.

Source : Le Monde

mardi 20 octobre 2009

Stratégies d'adaptation à une ressource en eau changeante

Avec une augmentation de plus de 2°C des températures moyennes entre la fin du XIXème et le début du XXIème siècles, les Alpes ont connu une évolution bien plus rapide que le reste de l’hémisphère Nord, qui a subi en moyenne une hausse de 1°C. Ces changements affectent à la fois la disponibilité et la qualité de la ressource en eau.

Les modèles climatiques tablent pour cette zone montagneuse sur une augmentation des températures variant entre +2,6°C et +3,9°C d’ici la fin du XXIème siècle ; ils prévoient aussi des précipitations moins importantes en été et plus fréquentes au printemps et en hiver – avec des pluies remplaçant de plus en plus les épisodes neigeux.
Ces transformations touchent les habitants et les entreprises des communes alpines mais aussi les usagers situés dans les bassins alimentés par le « château d’eau de l’Europe » : les plaines du Rhône, du Rhin, du Danube et du Pô. Agriculteurs, forestiers, gestionnaires d’installations électriques, industriels et bien sûr milieux naturels et services de l’eau verront la concurrence augmenter pour l’accès à la ressource, notamment en été. Certains effets du réchauffement climatique pourraient aussi menacer indirectement l’alimentation en eau ou son traitement : ainsi, plusieurs études lient l’augmentation des métaux lourds dans certains lacs du Tyrol au relargage de ces métaux lors de la fonte des glaciers.

Stratégies d'adaptation

Un rapport publié début septembre par l’Agence européenne de l’environnement (EEA) intitulé « The Alps facing the challenge of changing water resources » détaille, usage par usage, l'ensemble de ces effets du réchauffement climatique, à la fois sur la ressource en eau et sur ses usagers. Il se penche aussi sur les stratégies d’adaptation.
Il étudie plus particulièrement six études de cas régionales, soulignant dans chaque cas les insuffisances de la stratégie d’adaptation et les « leçons » à en tirer. Il en conclut notamment qu’il faudrait :
*créer une plate-forme d’information régionale sur les impacts du changement climatique ;
*mettre en place des politiques d’adaptation sur le long terme, participatives et intégrées ;
*mêler des approches jouant sur l’offre en eau et sur la ressource. Le rapport souligne par exemple qu’en Savoie, le choix a été fait des solutions technologiques permettant d’accroître la ressource ; elles sont très utiles mais insuffisantes sur le long terme. Un travail sur les comportements doit venir en complément ;
*favoriser la coopération régionale ;
*améliorer les flux d’information entre les différents niveaux d’acteurs, de gestionnaires et de décideurs politiques.


dimanche 18 octobre 2009

L’ASTEE contribue à la prévention du risque sanitaire

L’Association scientifique et technique pour l’eau et l’assainissement (Astee) vient de développer avec Ogeris (outil de gestion des risques sanitaires), un outil précieux, fonctionnant sur le logiciel Excel, à destination des petites sociétés de traitement et de distribution de l’eau. Cette démarche est une nouvelle approche pour l’association, dont la vocation première est d’avantage d’être une plate-forme de réflexion et d’expertise qu’un centre de développement d’outils opérationnels. Ogeris doit permettre aux unités de distribution de petite taille c’est-à-dire, desservant moins de 5000 habitants, de gérer préventivement les éventuels risques sanitaires d’origine biologique. Notez bien que,t ces petites installations représentent 91,6 % des UDI et approvisionnent 26,7 % de la population française !

Créée en 1905, l'Astee est une association reconnue d'utilité publique. Elle rassemble des experts, chercheurs scientifiques et praticiens, ainsi que des représentants d'organismes publics et privés et de ministères, qui interviennent dans les différents secteurs de l'environnement.

Sa mission consiste à mener des réflexions approfondies sur les multiples aspects méthodologiques, techniques et réglementaires liés à la gestion de l'eau potable, de l'assainissement, des milieux aquatiques, des déchets, ainsi qu'à la qualité de l'air, aux nuisances sonores et aux ressources énergétiques. Elle est habilitée à faire des recommandations aux pouvoirs publics.

En se basant sur les travaux d'une université américaine, le groupe de travail formé par l'Astee s'est attaché depuis fin 2005 à créer un outil adapté au contexte technique et réglementaire français et à le tester sur 15 sites pilotes.
Il s'agit d'évaluer les risques puis de mettre en place un système de suivi et de contrôle opérationnel des points essentiels pour la maîtrise de la qualité de l'eau en tout point du système de production et d'alimentation. OGERIS réalise une description fine du circuit de l'eau par l'intermédiaire de questionnaires simples à renseigner.

Le logiciel Ogeris est ainsi mis gratuitement a disposition sur sur le site de l’association (www.astee.org/projets/ogeris). Une fois le logiciel téléchargé, l’exploitant renseigne une série de données sur son installation. Elles permettent à l’outil de pointer du doigt les étapes les plus vulnérables : la ressource, le traitement, le stockage, le pompage de l’eau traitée… A chaque question est attribuée une note, pondérée ensuite, assurant alors une hiérarchisation des risques sur l'ensemble du système. Grâce à ce bilan détaillé, OGERIS :
cible les points de vulnérabilité au risque microbiologique du site,
propose des recommandations d'actions en termes de connaissance, de surveillance, d'exploitation, de conception du site et aide l'utilisateur à définir un plan d'action,
cible les points de suivi des étapes essentielles à la surveillance et à la maîtrise du risque microbiologique.
« Si la ressource en eau est identifiée comme source de risques sanitaires potentiels, le logiciel va pointer du doigt les causes de cette vulnérabilité : le type d’aquifère, l’absence de protection de la ressource… », explique Séverine Jacob, ingénieur à Veolia Eau, qui a participé au groupe de travail de l’Astee ayant produit l’outil.
Ogeris propose ensuite des actions correctives pour remédier à cette faiblesse, et affecte ces actions d’une note de priorité. Celle-ci est déterminée à la fois par la facilité de mise en œuvre de la solution, et par la gravité de la vulnérabilité.

Un outil d’analyse rapide
L’outil permet en outre d’éditer un dossier complet, informatisé et imprimable, résumant l’analyse. Ainsi, les trois étapes d’un Water safety plan (plan de sécurité de l’eau) telles que définies par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont respectées : évaluation du système, mise en place d’un suivi opérationnel, définition d’actions correctives.
Cependant, contrairement aux outils très complexes utilisés par les grandes sociétés de l’eau, comme le Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP, Analyse des dangers - points critiques pour leur maîtrise), cet outil donne ses résultats en une seule journée.
Ogeris répond à un enjeu de taille : « 45 % des maladies d’origine hydrique sont d’origine microbiologique. Ce n’est pourtant qu’un premier pas : si Ogeris a du succès, nous prévoyons de créer un logiciel plus robuste et de prendre en compte aussi l’analyse des risques chimiques, » promet Séverine Jacob.

vendredi 16 octobre 2009

L'assainissement du Gange, priorité environnementale de l'Inde


Un nouveau programme de nettoyage du Gange a été lancé lundi 4 octobre qui vise à réduire drastiquement la pollution du fleuve sacré dans les dix prochaines années. Reste à savoir si ces objectifs ambitieux seront tenus, alors que les missions se succèdent vainement depuis plus de vingt ans.
La mission « Clean Ganga » veut en découdre définitivement avec le problème de la pollution du Gange. Son principal objectif selon le quotidien The Hindu : d'ici 2020, les eaux usées des villes et des industries devront subir un traitement complet avant d'être déversées dans le Gange.
Les représentants des Etats les plus concernés, ainsi que la National Ganga River Basin Authority (NGRBA) se sont réunis lundi sous la présidence du Premier ministre indien, Manmohan Singh. Ils se sont mis d'accord sur le calendrier : d'abord, le ministre de l'Environnement Jairam Ramesh collaborera avec les Etats pour mettre en œuvre avant la fin janvier 2010 des actions ciblées contre la pollution industrielle. Puis, un plan global de gestion du bassin de la rivière devrait voir le jour en décembre 2010.
Cependant, les différentes autorités ne sont pas parvenues à s'entendre sur le partage du coût du projet, estimé à 150 milliards de roupies (plus de 2 milliards d'euros). Les chefs de gouvernement des Etats concernés, notamment du Bihar et de l'Uttarkhand, plaident en faveur d'une prise en charge totale du financement par l'Etat fédéral, alors que celui-ci voudrait n'en assumer que 70 %, rapporte The Indian Express.
Le gouvernement met tout en œuvre pour mobiliser des fonds. Il négocie actuellement un prêt d'un milliard de dollars avec la Banque mondiale dont le Président est attendu en Inde début décembre. L'organisme financier a déjà prêté 3 millions de dollars pour la préparation du projet.
La question financière est cruciale puisque depuis plus de 20 ans, les différents projets se succèdent et échouent face au manque d'argent des Etats. En avril 1985, un premier projet est lancé, Ganga Action Plan I (GAP 1) suivi par GAP 2 entre 1993 et 1996. Deux échecs, malgré la somme considérable de 30 milliards de roupies (plus de 400 millions d'euros) investie. « Tout l'enjeu est de savoir si le Gange est plus propre qu'il y a vingt ans. La réponse est un déprimant non », a du reconnaître le ministre de l'Environnement Jairam Ramesh en juillet dernier.
En 2008, l'association environnementale WWF a classé le Gange parmi les dix rivières les plus menacées au monde. Le rejet des eaux domestiques usées non traitées est responsable à 75% de la pollution croissante de la rivière sacrée, le reste étant causé par les industries. En effet, seulement 20% des eaux sales des villes bénéficient d'un traitement avant d'être rejetées dans le Gange. Les installations actuelles ne permettent de traiter que 1 000 millions de litres d'eaux usées par jour… Alors que les villes du Gange rejettent actuellement 3 000 millions de litres par jour.
La NGRBA attend beaucoup de « Clean Ganga », davantage centrée sur le traitement des eaux usées, alors que les programmes GAP se focalisaient plutôt sur la pollution industrielle. De plus la nouvelle mission adoptera une approche globale du bassin du Gange avec une prise en compte accrue des rives et des sources, et ne sera plus seulement centrée sur les villes.
Pour sensibiliser la société civile, le dauphin du Gange a été élu lundi l'animal aquatique national de l'Inde. Incongru symbole, pour sauver un fleuve dont dépend près de la moitié des Indiens.

jeudi 15 octobre 2009

La Grande Bretagne et l'Espagne accusées de pollution fluviale par la Commission Européenne

Commission européenne a assigné, jeudi 8 octobre, la Grande-Bretagne en justice et adressé un avertissement à l'Espagne pour des négligences dans le traitement des eaux usées, qui ont entraîné une pollution fluviale et maritime.
Londres et Madrid risquent de payer de fortes amendes s'ils ne se conforment pas aux recommandations européennes. La Commission a décidé de traduire le Royaume-Uni devant la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) au motif que les systèmes de collecte des eaux urbaines résiduaires et les installations de traitement de ces eaux de Londres et de Whitburn (nord-est de l'Angleterre) ne sont pas conformes à la législation communautaire. "Les systèmes de collecte des eaux résiduaires de Londres et de Whitburn donnent lieu à des rejets trop fréquents et en quantités excessives d'eaux résiduaires non traitées provenant des déversoirs d'orage", a déploré la Commission dans un communiqué.
Dans le cas de l'Espagne, la Commission a envoyé un "dernier avertissement" avant la saisie de la CJCE. Elle reproche à Madrid de ne pas avoir respecté un arrêt de la Cour relatif au traitement des eaux usées à Playa de la Motilla, dans la région de Valence (est de l'Espagne).
"Les eaux urbaines résiduaires non traitées sont une menace pour la santé des citoyens européens et nuisent à la qualité des cours d'eau, des lacs et des eaux côtières de l'Europe. Je conseille vivement à l'Espagne de faire diligence pour régler le problème, faute de quoi, la Commission envisagera de demander à la Cour de lui infliger des amendes", a dit Stavros Dimas, commissaire européen chargé de l'environnement.

Source : Le Monde

mercredi 14 octobre 2009

La Jordanie entreprend seule le canal des deux mers

Le projet du canal des Deux-Mers a vu le jour pour remédier à la sécheresse du pays et surtout de la mer Morte, qui est menacée de disparition d’ici quarante ans si rien n’est fait. L’objectif affiché de ce projet titanesque est de renflouer la mer Morte, le lac naturel le plus salin de la planète, par une jonction avec la mer Rouge.
Jordanie, Israël et Palestine se sont accordés depuis 2005 sur la nécessité d’un plan de sauvetage de la mer Morte, qui consistera à transporter, via un canal reliant la mer Morte et la mer Rouge sur 200 km, environ 2 milliards de m3 d’eau par an. Mais les problèmes politiques ont ralenti les accords sur ce sujet.
Lassée donc d’attendre ses voisins, la Jordanie va débuter seule, la première phase du canal.
Cette première étape qui devrait débuter en 2010 pour être achevée en 2014, prévoit la construction d’une canalisation reliant le port d’Aqaba, situé sur la mer Rouge, à la mer Morte.
Fayez Batayneh indique que lors de cette première phase, « 310 millions de mètres cubes d’eau de la mer Rouge devraient être pompés, dont une partie sera acheminée vers une usine de dessalement d’Aqaba ».
La Jordanie espère ainsi produire 120 millions de m3 d’eau potable. Le reste de l’eau, non dessalée, soit 190 millions de m3, sera acheminé vers la mer Morte.
Cette première phase a un coût faramineux, puisqu’il s’élève à 2 mds$ (1,36 mds€). L’ensemble du projet du canal des Deux-Mers, s’il est réalisé un jour, est estimé à 11 mds$ (7,53 mds€).
Plusieurs responsables jordaniens estiment que la construction de ce canal résoudra une grande partie des problèmes hydriques du royaume, mais aussi des pays riverains qui en souffrent également, Israël et la Palestine.
Pour pallier son déficit en eau, la Jordanie collecte et utilise 90% de ses eaux de pluie, mais ces ressources naturelles tendent à décroître depuis deux ans, en raison des bouleversements climatiques. De plus, le seul fleuve du pays, le Jourdain, connaît lui aussi un grand déclin et ressemble aujourd’hui plus à une rivière qu’à un fleuve.
Des études menées par l’Onu révèlent que la Jordanie est un des pays au monde où règnent la plus forte insécurité hydrique, même si la consommation moyenne des Jordaniens est cinq fois moins élevée que celle des Européens.
D’après l’édition 2009 du Rapport arabe sur le développement réalisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) la Jordanie disposait en 2005, sur son territoire, d’environ 150 mètres cubes d’eau douce renouvelable par habitant, ce qui la classe, en la matière, parmi les pays les plus mal lotis du monde arabe, après le Qatar, l’Arabie saoudite, la Libye, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte.
La résolution del’approvisionnement en eau de la Jordanie est donc vitale pour le pays. Il est en effet établi que le royaume aura des besoins en eau estimés à plus d’1,7 milliard de m3 d’ici cinq ans.

lundi 12 octobre 2009

Un Vaisseau futuriste pour tout savoir des océans

C'est une chimère devenue rêve, un rêve devenu réalité. Dans deux ans, la station Sea Orbiter se jettera à l'eau. Ce géant fuselé de 51 mètres de hauteur dont 31 sous l'eau, sorte de crustacé du futur aux antennes dressées vers le ciel, se promènera six mois en Méditerranée pour des tests ultimes, avant de prendre définitivement le large et de dériver au gré du Gulf Stream.
Il y a du Jules Vernes dans cette aventure, mais aussi la volonté de porter l'héritage des grands pionniers, de La Pérouse (1741-1788) au commandant Cousteau, au côté de qui Jacques Rougerie, concepteur de Sea Orbiter, a fait ses premiers pas sous-marins. Depuis, notre homme a construit des maisons sous la mer (Galathée au Japon, Hippocampe au Mexique), conçu des centres comme Océanopolis à Brest et Nausicaa à Boulogne-sur-Mer avant de naviguer sur le trimaran transparent Aquaspace.
Enthousiasmé par Sea Orbiter, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie, lui a donné un sérieux coup de pouce avec le Grenelle de la mer. Et le Président de la République l'a définitivement adoubé dans son discours sur la politique de la mer fin juillet, au Havre. Pour autant ce projet français, qui doit permettre d'observer les grands fonds en continu, «est une plateforme internationale», insiste Jacques Rougerie.
Le comité d'éthique est là pour en témoigner avec, parmi les membres, Dan Goldin, un ancien administrateur de la Nasa, ou encore le Norvégien Kjell Holden, vice-président de Marintek, le plus grand centre d'essais en bassin de carène, qui a délivré le permis de naviguer à Sea Orbiter. Mais on y trouve également l'astronaute Jean-Loup Chrétien, Henri-Germain Delauze, le président de la Comex, ou encore Patricia Ricard, la présidente de la Fondation océanographique Paul-Ricard…
Avec dix-huit personnes à bord, dont une poignée de permanents, Sea Orbiter sera une plaque tournante de chercheurs de tous horizons, en relation permanente avec l'Ifremer, partenaire scientifique, qui travailleront sur les liens entre le climat, les gaz à effet de serre et les océans, mais également sur les grands mouvements migratoires des poissons, la biologie marine…
«Sea Orbiter pourra également se mettre en position fixe, notamment à proximité des montagnes sous-marines», s'enthousiasme Jacques Rougerie. «On pourra alors envoyer un drone d'observation capable de descendre à 3 000 mètres de profondeur»,ajoute-t-il.
Ce vaisseau sera également équipé d'un module pressurisé qui servira de simulateur spatial. De quoi «permettre à un équipage de six astronautes de la Nasa ou de l'Agence spatiale européenne (ESA) de tester leurs capacités à vivre en milieu extrême et à effectuer, à l'intérieur comme à l'extérieur, des tâches similaires à celles qu'ils devront effectuer dans l'espace», précise encore le document de présentation. Enfin, une grande part sera accordée à l'éducation des jeunes.
Les appels d'offres pour la construction de Sea Orbiter vont être lancés prochainement avec un budget de 35 millions d'euros. La mise en chantier est prévue fin 2010, et la mise à l'eau un an plus tard.


dimanche 11 octobre 2009

Réunion de crise au Moyen-Orient sur le partage des eaux de l’Euphrate

Nous vous en parlions ici, en juillet, l'Irak, qui fait face à une importante sécheresse, avait réclamé une réunion urgente avec la Syrie et la Turquie après la chute de moitié du débit de l'Euphrate. Chose faite : les ministres turc, syrien et irakien chargés du dossier de l'eau se sont retrouvés à Ankara pour discuter notamment du partage des ressources hydrauliques de l'Euphrate et du Tigre. Ankara a d'ores et déjà indiqué qu'elle ne pouvait en principe fournir plus d'eau à ses voisins en raison de ses besoins hydrauliques.
Long de 2.800 km, l'Euphrate prend sa source en Turquie et traverse la Syrie et l'Irak. Depuis des années, Bagdad et surtout Damas demandent un partage plus équitable, accusant Ankara de lui rationner l'eau, surtout pendant l'été, en raison du gigantesque projet GAP d'irrigation et de construction de barrages sur l'Euphrate et le Tigre pour développer le sud-est anatolien.
Aux termes d'un accord, la Turquie accepte de laisser s'écouler une moyenne annuelle de 500 m3 par seconde des eaux de l'Euphrate vers la Syrie. "La Turquie laisse couler actuellement en moyenne un peu plus que ce débit. Nous reconnaissons que l'Irak et la Syrie ont besoin d'eau (...) mais nous ne sommes pas non plus riches en eau. De ce fait, nous ne pouvons dépasser d'une façon considérable ce débit qui est très convenable", a indiqué aux journalistes le ministre turc de l'Energie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, avant le début de la réunion.
Le ministre turc de l'Environnement, Veysel Eroglu, le ministre syrien de l'Irrigation, Nader Bounni, et le ministre irakien des Ressources hydrauliques, Latif Rachid, doivent se pencher sur la "supervision saisonnière de l'eau laissée (à la Syrie et l'Irak) depuis l'Euphrate et la sécheresse", selon un communiqué des services de M. Eroglu. Les parties doivent aussi discuter en présence d'experts des trois pays de l'installation sur certains points de ces deux fleuves de stations communes de relevage hydrauliques.

Source : AFP

samedi 10 octobre 2009

Le business des fontaines à eau

Selon un sondage réalisé par l'institut de sondages et d’études MV2, 37 % des interrogés indiquent que leur entreprise ne leur fournit pas d'eau. Le Code du travail est-il boudé ? Plutôt ignoré. Ce qui laisse croire en des perspectives aussi larges qu'un fleuve pour le commanditaire de cette étude, l'Afifae (l'Association française de l'industrie des fontaines à eau, qui comprend les représentants des principaux opérateurs de la profession).
Le marché, en l'état, représente déjà un beau bébé : 389 000 fontaines à eau sont installées dans tout le pays. Il s'est véritablement lancé en 1995 avec le décret stipulant que « les chefs d'établissement doivent mettre à la disposition du personnel de l'eau potable et fraîche pour la boisson, à raison de trois litres au moins par jour et par travailleur ». Il a connu un coup d'accélérateur post canicule 2003 : « Un véritable déclic s'est produit au sein des collectivités », explique Charles Guillot, directeur commercial de Waterlogic.
La ville de Bordeaux, par exemple, distribue pas moins de 13 500 litres d'eau à boire, chaque année, à ses 25 clubs seniors. Au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux (probablement l'établissement le plus fréquenté de la région), 239 fontaines sont réparties sur les quatre sites.
Le marché n'est pas réputé pour ses allures de long fleuve tranquille : « Quatre acteurs se partagent 90 % du marché. Il n'y a pas pire en matière de concurrence », relève une observatrice. Le quatuor se compose de Château d'eau, Culligan, Elis et Nestlé Waters : « Ces sociétés se sont emparées du marché et il est devenu extrêmement difficile d'y mettre un pied », relève le gérant de Drinkso, petit distributeur bordelais rencontrant plus de facilités pour installer dans les entreprises des machines à café que des points d'eau. Une partie de la bataille se joue actuellement sur la dualité entre les fontaines bonbonnes et les fontaines raccordées au réseau. Les premières dominent les débats, représentant 70 % des machines disposées. Mais elles perdent du terrain (- 3,5 %) quand les secondes enregistrent une progression à deux chiffres (+ 19 %).
« Le boom du développement durable a sérieusement amélioré nos ventes », relève le cadre de Waterlogic, un petit dans la cour des grands, uniquement sur les fontaines « réseau » et jouant de la corde « écolo ». Il faut croire que ça marche : « On ne connaît pas la crise. Depuis 2004, on a multiplié par dix notre chiffre d'affaires et notre volume. »
Si le produit ne se prête pas à l'innovation, les fabricants ne se gênent pas pour emprunter les chemins de traverse. Vous voulez du fun dans votre gobelet en plastique ? Depuis peu, sont apparus sur le marché des fontaines produisant de l'eau gazeuse. Vous voulez vous équiper à moindre coût ? On trouve sur le marché des fournisseurs se décrivant comme « low cost » Vous voulez une fontaine citoyenne ? Certains proposent de remettre 1 euro à une ONG par fontaine achetée. Reste que si les fontaines à eaux génèrent moins de déchets que l’eau en bouteille, on cherche toujours la valeur ajoutée de ces produits par rapport à un distributeur de gobelets installé près d’un classique robinet !

vendredi 9 octobre 2009

Les stars s’engagent pour l’accès à l’eau – 4

Après Matt Damon, Sharon Stone, et Jennifer Connelly dont nous vous parlions le mois dernier, de nouvelles stars s’engagent pour l’accès à l’eau ; et pas des moindres !
On a en effet davantage l'habitude des voir celles-ci à la Une des tabloïds qu'avec le piolet et une combinaison pour ne pas mourir de froid. Pourtant, dans un peu plus de trois mois, Jessica Biel et Justin Timberlake vont relever un impressionnant défi : gravir le Kilimandjaro. La montagne de 5890 m environ est située dans le nord-est de la Tanzanie. Il y a quelques mois, le magazine GQ révélait que Justin Timberlake s'entraînait " pour l'ascension d'un mont majeur ". Même si l'information n'est pas encore officielle, on sait désormais que le chanteur devrait se lancer dans cette expédition avec sa compagne Jessica Biel..
D'autres célébrités comme Lupe Fiasco et Isabel Lucas devraient faire partie de la cordée imaginée par le musicien et producteur Kenna. Cette expédition n'a d'autre buts que de faire prendre conscience que l'eau est, d'après Jessica Biel, " une nécessité humaine de premier ordre", ainsi que de récolter des fonds destinés au programme d'accès à l'eau potable pour les enfants, créé par les Nations Unies. Selon l'Associated Press, l'actrice s'est en effet déclarée effondrée en apprenant que près d'un milliard d'être humains sur la terre n'avaient pas accès à l'eau potable. Car comme le dit Kenna à l'AP :" Ce n'est pas un problème africain. Ce n'est pas un problème sud-américain. C'est un problème mondial, global. En Amérique, 11 millions de personnes vivent sans eau potable..."

jeudi 8 octobre 2009

De la montée des océans

Alors que la reprise des négociations climatiques, en décembre à Copenhague, devrait focaliser l'attention sur les projections d'élévation de la hauteur des mers, les marégraphes d'Europe du nord notent depuis longtemps une baisse continue du niveau de l'océan... Pour le béotien, de telles observations semblent trancher avec le pessimisme des experts. Elles ne font, en réalité, que refléter la diversité des mécanismes en jeu. Pour cause de réchauffement, les eaux s'élèvent en moyenne de 3,3 mm par an. Mais cette montée des eaux est perturbée - tantôt compensée, tantôt aggravée - par des phénomènes d'origine géologique difficiles à appréhender. Et qui compliquent une question épineuse : comment monteront les océans d'ici à 2100 ?
En 2007, le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) tablait sur une augmentation moyenne comprise entre 18 cm et 59 cm. Mais, s'agissant des calottes glaciaires, cette estimation tenait uniquement compte de leur fonte prévisible. Elle ignorait un phénomène encore peu documenté au moment de la rédaction du rapport : le glissement des glaciers du Groenland et de l'Antarctique vers la mer. Ce mécanisme est aujourd'hui reconnu comme majeur. Selon les travaux d'Eric Rignot (université de Californie à Irvine), l'inlandsis du Groenland perd environ 300 milliards de tonnes (Gt) de glace par an ; l'Antarctique en relâche quelque 200 Gt. Soit environ 500 Gt de glaces polaires qui s'écoulent, chaque année, dans la mer.
A prendre en compte cette glissade des glaciers polaires, on noircit forcément le tableau. En mars, plusieurs centaines de climatologues réunis dans la perspective de la reprise des négociations climatiques ont rendu publique une mise à jour des connaissances sur la question. Les nouvelles estimations d'élévation moyenne globale du niveau de la mer, précisaient-ils, "sont de l'ordre du double" de celles émises en 2007 par le GIEC.
Y a-t-il pour autant consensus sur la question ? "A l'heure actuelle, beaucoup de mes collègues hésitent à accepter cette estimation parce que d'une part elle fait peur, et que d'autre part nous ne pouvons pas prévoir si les tendances actuelles vont se maintenir, diminuer ou augmenter, dit M. Rignot. Je crois important de noter qu'un mètre de montée du niveau des mers d'ici à 2100 ne relève pas de la science-fiction puisque les calottes polaires sont déjà sur cette trajectoire." Au rythme actuel, précise le chercheur, elles provoqueraient à elles seules "une élévation de 60 cm à 80 cm à la fin du siècle", la fonte des glaciers de montagne et l'expansion thermique des océans (la dilatation des eaux due au réchauffement) se chargeant d'ajouter encore quelques centimètres.
Le débat, parfois vif, n'est pas illégitime. Car l'océan réserve parfois des surprises. Au début de l'année, une équipe de chercheurs français exploitant des données satellitaires et le réseau de bouées océanographiques Argo, a ainsi observé qu'entre 2003 et 2007, le rythme d'élévation de l'océan avait ralenti. De 3,3 mm par an en moyenne entre 1993 et 2003, il était passé, entre 2003 et 2007, à 2,5 mm par an.
Les auteurs ont eu le fin mot de cette étrangeté. "Entre 1993 et 2003, le principal contributeur de la hausse du niveau marin était l'expansion thermique de l'océan, explique Anny Cazenave (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales), principal auteur de ces travaux. A partir de 2003, ce phénomène a, semble-t-il, marqué une pause, tandis que la fonte des glaciers d'altitude et la réduction des calottes glaciaires devenaient dominantes, responsables d'environ 80 % de la hausse observée." Reste que malgré la contribution accrue des glaces, la "pause" intervenue dans le réchauffement de l'océan a ralenti la hausse des océans. Pour le climatologue Edouard Bard (Collège de France), "il ne s'agit là que d'une petite fluctuation de l'océan comme on en a déjà observé par le passé, en 1998 par exemple". De plus, les dernières mesures du niveau moyen global de la mer suggèrent que cette "pause" s'achève et que l'océan monte, à nouveau, à un rythme supérieur à 3 mm par an.
Dans certaines régions pourtant, il persiste à baisser. "Au Canada et en Scandinavie, par exemple, on mesure des baisses du niveau de la mer de l'ordre d'un centimètre par an", explique M. Bard... Cette bizarrerie n'est pas, elle, due au changement climatique actuel. Pas plus qu'aux caprices de l'océan. Elle tient à un phénomène, baptisé "rebond postglaciaire", provoqué par la dernière déglaciation, il y a plusieurs milliers d'années. "Il y a 20 000 ans, lors du dernier maximum glaciaire, il y avait des calottes de glace de 4 et 2 km d'épaisseur sur l'Amérique et l'Europe du Nord, explique M. Bard. En fondant, ces énormes masses de glace ont provoqué un réajustement de la croûte et du manteau terrestres."
Cette lente remontée de la croûte est encore sensible dans les hautes latitudes. Ce que les marégraphes des pays nordiques enregistrent n'est donc pas, stricto sensu, une baisse du niveau de la mer, mais une élévation locale de la croûte terrestre, plus rapide que celle de l'océan ! Ailleurs sur le globe - notamment sur les côtes françaises atlantiques et méditerranéennes -, la même relaxation "postglaciaire" du manteau est responsable d'un affaissement des terres émergées, d'où une montée relative des eaux plus importante.
A ce "rebond" s'ajoutent d'autres phénomènes. Qui, eux aussi, peuvent accroître la vulnérabilité de certains littoraux. Dans certains bassins, l'océan stocke plus de chaleur que dans d'autres et, localement, s'y dilate plus. Dans certaines régions, le sol s'enfonce à la suite du pompage de l'eau ou de l'exploitation pétrolière... D'autres mécanismes sont contraires à l'intuition. "Lorsqu'une grosse calotte glaciaire perd de la glace, cela fait augmenter le niveau marin moyen, mais autour de la calotte, la mer descend, explique ainsi M. Bard. Tout simplement parce que la calotte exerce alors une force d'attraction gravitationnelle moindre sur les eaux qui sont autour !"
L'un des objectifs nouveaux de la communauté océanographique, dit Mme Cazenave, "est de bâtir un modèle intégré, tenant compte des effets climatiques mais aussi de tous les autres, pour pouvoir prévoir la montée des eaux à l'échelle locale, pour les vingt, cinquante ou cent prochaines années". Une gageure.

Source : Le Monde

mercredi 7 octobre 2009

De l’eau sur la lune !

Comme sur notre bonne vieille planète, l’établissement d’une base permanente sur la Lune demanderait d’y trouver d’importantes ressources en eau. On en cherchait dans certains cratères installés aux pôles mais des chercheurs français et américains viennent d’en trouver, bien qu’en faible quantité, partout ou presque et en surface...
Envoyer une mission habitée sur Mars pour y partir à la recherche de traces de vie, même fossile, passera probablement par l’établissement préalable d’une base lunaire pour y rôder hommes et matériel. Mais une telle base nécessite des ressources en eau pour de très longs séjours.
La Lune semblait jusqu’ici désespérément sèche, sauf peut-être au fond de certains cratères polaires ne voyant jamais la lumière du Soleil depuis des centaines de millions d’années au moins et où on pouvait espérer trouver des dépôts de glaces accumulés par les chutes de comètes.
L’Univers vient une fois de plus de déjouer les prédictions humaines car les analyses des données fournies récemment par les sondes Chandrayaan-1 et Epoxi indiquent que la surface lunaire contiendrait l’équivalent d’un demi litre d’eau par hectare en moyenne, selon l’un des chercheurs auteurs de cette découverte, le Français Olivier Groussin, du Laboratoire d’astrophysique de Marseille.
Cette découverte n’a été possible que parce que la signature des molécules d’eau dans le domaine de l’infrarouge a enfin pu être obtenue par les instruments des sondes spatiales survolant la Lune, notamment celui nommé Moon Mineralogy Mapper équipantChandrayaan-1. Sur Terre, l’atmosphère est opaque dans la bande où cette signature spectrale serait observable.
Cette eau pourrait trouver son origine dans le flot de protons H+ du vent solaire frappant la surface de la Lune. Ces particules commenceraient à libérer des atomes d’oxygène O présents dans les minéraux lunaires puis se combineraient à eux pour former des molécules H20 et OH. Au final, les molécules d’eau se fixeraient dans les zones du régolite lunaire où l’éclairage du Soleil est rasant et la température plus basse. Par ailleurs, cette découverte renforce l’idée que la Lune peut stocker de l’eau au fond de ses cratères. LCross ne devrait pas tarder à nous en apprendre plus sur cette question importante pour la colonisation du système solaire.


mardi 6 octobre 2009

Parole d'experts - David Blanchon (3)

Suite de l'interview de David Blanchon

Quelles solutions vous paraissent aujourd'hui devoir être mise en œuvre ?

Comme l'on montré les deux exemples précédents, les solutions techniques existent. Tous les problèmes sont techniquement solvables et proviennent de fait de modes de gestion parfois inadaptés et du manque de financements.
Les trois piliers de la solution aux problèmes de l'eau en Afrique sont pour moi la progressivité, la diversité et la solidarité.
La progressivité signifie qu'il ne faut pas vouloir et construire tout, tout de suite. Dans l'agriculture irriguée comme dans l'accès à l'eau potable, les expériences passées ont montré que les grands projets livrés « clés en main » ne donnaient pas de résultats satisfaisants au bout des quelques années. Il vaut mieux commencer lentement et mettre en place progressivement des réseaux durables, quitte à ce qu'il y ait provisoirement des inégalités entre quartiers ou entre régions. Il ne faut pas oublier que les pays du Nord ont eux aussi mis plusieurs dizaines d'années pour parvenir à une couverture universelle pour l'accès à l'eau et à l'assainissement.
La diversité, ou, autrement dit, « One size does not fit all ». Il n'y aura pas un modèle unique, tant pour les solutions techniques adoptées que pour les modes de gestion. Les « histoires d'eau » de chaque pays sont différentes et il faudra donc des modes de gestions différenciés pour régler au cas par cas des problèmes spécifiques. Cela implique donc nécessairement la participation des populations concernées.
La solidarité enfin. Cette solidarité doit se situer bien sûr au niveau international, notamment pour apporter les financements nécessaires aux projets locaux. Mais elle s'organise aussi au niveau local, car l'entraide pour l'accès à l'eau existe traditionnellement dans presque toutes les cultures africaines. Aussi bien au Soudan, où il est habituel de laisser de l'eau disponible aux passants devant sa maison, qu'en Afrique du Sud, où l'eau nécessaire aux besoins fondamentaux est distribuée gratuitement par le réseau public. Les modèles de développement hydraulique devront s'appuyer sur ces solidarités pour que « l'eau pou tous » devienne réalité en Afrique.

lundi 5 octobre 2009

Parole d'experts - David Blanchon (2)

Suite de l'interview de David Blanchon

Un exemple emblématique de ces enjeux de l'eau en Afrique ?

Je prendrais deux exemples : l'un parmi les pays les plus avancés du continent, l'Afrique du Sud, l'autre parmi les plus défavorisés, le Soudan.
L'Afrique du Sud est un des pays le mieux équipés en infrastructures hydrauliques. Et pourtant, il cumulait, à la fin de l'apartheid, les problèmes du « premier » et du « troisième » monde : un niveau de pollution élevé et des maladies liées au manque d'accès à l'eau comme le choléra.
Le gouvernement de l'African National Congress, au pouvoir depuis l'élection de N. Mandela en 1994, a décidé de remettre en cause la gestion de l'eau du régime d''apartheid, avec une nouvelle politique résumée par le slogan « Some, For All, For Ever » censée remplacer le « All, for Some, Now ». L'enjeu est de concilier la protection de l'environnement en limitant le gaspillage (Some, sous entendu water), tout en donnant accès à l'eau à la population noire (for All) avec une perspective de préservation des ressources à long terme (For Ever). Quinze ans plus tard, les résultats de cette nouvelle politique sont mitigés. De nombreux foyers ont bénéficié d'un accès amélioré à l'eau potable, mais dans le même temps, les gaspillages par les agriculteurs exportateurs blancs et les niveaux de pollution restent préoccupants.

Au Soudan, la problématique très différente, car les infrastructures sont actuellement très limitées. Il s'agit pour ce pays très pauvre, mais qui a acquis une capacité à s'équiper grâce à la rente pétrolière et l'aide chinoise, de mettre en valeur ses ressources en eau, et notamment le Nil, qui n'a été l'objet d'aucun aménagement majeur depuis l'indépendance en 1956. Dans ce contexte, tout aménagement apporte d'importants bénéfices à court terme : le seul barrage de Marawi, inauguré en avril 2009 sur le Nil à 300 kilomètres au nord de Khartoum, permet de doubler la production électrique du pays. Les suivants, aujourd'hui en construction, permettront au Soudan d'en exporter. Mais les conséquences environnementales comme les intérêts des populations riveraines ont été négligés. Cela pose évidemment la question de la durabilité de ces investissements, d'autant qu'ils se doublent, au Soudan, de conflits politiques sur le partage des bénéfices futurs.

dimanche 4 octobre 2009

Parole d'experts - David Blanchon

Infos-eau inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique, "Parole d'experts", dans laquelle nous invitons des spécialistes à mettre en perspective leur travaux sur les problématiques de l'eau. Pour inaugurer cette série, nous avons interviewé David Blanchon, Maître de conférences en géographie et membre du laboratoire Gecko à l'Université Paris X Nanterre.
Il a réalisé sa thèse d'agrégation sur l'espace hydraulique Sud Africain, pour laquelle il a reçu en 2004, le prix du Comité national Français de Géographie et le prix Henri Milon de la Société Hydrotechnique de France. Cette thèse a été publiée cette année aux éditions Karthala David Blanchon est également l'auteur de "L'Atlas Mondial de l'Eau", paru aux Editions Autrement début 2009, et dont nous avons parlé ici
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Quels sont les spécificités de la situation africaine et les grands enjeux de l'eau en Afrique ?

L'Afrique présente par rapport aux grandes régions du monde une double spécificité : un grand retard dans l'équipement en infrastructures hydrauliques, mais aussi un grand potentiel d'aménagement.
Les manifestions du retard sont malheureusement bien connues. L'Afrique est le continent où les cours d'eau sont le moins aménagés pour la production hydroélectrique et où l'agriculture irriguée est la moins développée par rapport au potentiel existant, alors que, si l'on excepte les grands déserts du Sahara et du Namib, elle a des ressources en eau relativement abondantes et se trouve, en tout cas, dans une situation qui n'est pas pire que celle de l'Asie.
De plus, peu d'attention a été portée historiquement à la prévention des risques hydrologiques. Cela explique pourquoi les populations africaines paient un si lourd tribut aux sécheresses et aux inondations.
Troisième manifestation de ce retard : le sous-équipement dans l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. L'Afrique se situe au dernier rang pour l'accès à l'eau et à l'assainissement : les taux n'y sont respectivement que de 56 % et 37 % contre 83 % et 59 % au niveau mondial. Dans ces deux domaines, la situation ne s'améliore que lentement, car les investissements restent insuffisants. L'Afrique sub-saharienne n'atteindra les Objectifs du Millénaire -réduire de moitié la population n'ayant pas accès à l'eau potable et à l'assainissement- qu'en 2040 et 2076, alors que ces objectifs fixés en 2000 sont déjà en passe d'être atteints en Asie et en Amérique Latine.

Ce « retard » explique en contrepartie que l'Afrique est également le continent où le potentiel de développement est le plus fort. Et il est possible d'y mettre en valeur les ressources en eau, tant pour l'agriculture que pour l'hydroélectricité, sans commettre les erreurs qui ont été faites en Europe et Amérique du Nord, c'est-à-dire en respectant plus l'environnement et les intérêts des populations. C'est le grand enjeu de la question de l'eau en Afrique : parvenir à mettre en valeur les ressources en eau, pour produire de l'hydroélectricité, pour irriguer, pour fournir un service adéquat à une population urbaine en rapide expansion, sans trop compromettre la préservation de ses riches écosystèmes aquatiques.

vendredi 2 octobre 2009

Ces eaux minérales qui nous veulent du bien

Nous avons tous à l'esprit les images du monde merveilleux que les vendeurs d’eau en bouteille nous promettent traditionnellement sur les packagings de leurs produits : la jeunesse de notre corps par l'élimination, une nature intacte, des nourrissons en patins à roulettes aux yeux pétillants (merci photoshop)...

Quand on y réfléchit deux secondes, on ne peut pas dénier un certain culot aux publicitaires : car la seule chose que les eaux en bouteille font maigrir, c'est notre portefeuille (elles sont en moyenne 200 fois plus chères que l'eau du robinet), quant à la nature, gageons qu'elle se passerait bien des 170 000 tonnes de plastiques d'emballages (rien que pour la France) appelés à encombrer nos poubelles ; le plus cynique, au vu du bilan écologique désastreux de cette industrie, c'est encore de montrer des bambins : on leur laissera déjà une planète bien chaude, c'est sûr, mais de là à leur remettre une louche de millions de tonnes de CO2 pour transporter des palettes de bouteilles à leur riante effigie, il fallait oser.

Seulement voilà: après s'être notoirement enrichis pendant des décennies, les vendeurs d’eau en bouteille voient depuis quelques années l'avenir sous un jour nettement plus sombre. Même si les pays émergents représentent un potentiel de croissance encore considérable, dans les économies occidentales, une prise de conscience a lieu, et des initiatives se multiplient pour dénoncer l'aberration économique et le scandale écologique que constitue l'eau en bouteille. Quelques exemples parmi tant d'autres, aux Etats-Unis, la Conférence des maires a voté une résolution appelant les municipalités à abandonner l'eau en bouteille et à promouvoir l'importance des réserves publiques d'eau potable, à Londres, la ville impose l’eau du robinet dans la restauration avec sa campagne « London on Tap », en Australie, les habitants de la ville de Bundanoon, un lieu touristique célèbre pour ses beaux paysages et se trouvant à 150 kilomètres au sud-ouest de Sydney, a même voté avec une écrasante majorité l’interdiction pure et simple des bouteilles d'eau en plastique. Ces campagnes ne sont pas forcément très coordonnées, mais elles traduisent une évolution des mentalités dont l'impact sur les ventes est indéniable. Un peu de crise financière par là-dessus, et les minéraliers boivent le bouillon (je sais, c'est facile) : car le consommateur, quand les temps sont durs et que c'est bon pour son budget, a tendance à devenir vite écolo.

Bilan des courses en France, le marché s'est retourné en 2007. Et les ventes en 2008 ont fini à -7,3% ! Evian, qui représente presque 10% du chiffre d'affaires de Danone, ne produit plus qu'1,5 milliards de litres, pour une capacité de 2 milliards. Et encore est-elle la marque qui s'en sort le mieux : Nestlé Waters tablait pour sa part, à la mi-année dernière, sur une production 2008 « pessimiste » d'1,6 milliards de bouteilles, et n'a pu en écouler qu'1,4 milliard (source Challenges). Ajoutez à cela qu'au sein même du rayon eaux en bouteille, les eaux de source, moins chères, commencent à sérieusement cannibaliser leurs grandes soeurs « minérales ».

Deux leviers s'imposaient pour redonner de l'attractivité à court terme aux grandes marques : la promotion et la communication. Sur le premier, elles ont fortement appuyé : la part de vente sous promotion a quasiment doublé en deux ans. Sur la communication, l'affaire est autrement épineuse : car l'heure ne semble plus à l'innovation (les eaux aromatisées, qui ont tiré la croissance du marché au début des années 2000, sont à -22%), et les fallacieuses promesses de jeunesse, santé, minceur, etc., qui ont fait les beaux jours du secteur, ont été battues en brèche par la communauté scientifique, et ne font plus recette. Restent donc les publicités choc de la marque cristalline, associant l'eau du robinet aux eaux usées des toilettes. Reste surtout à revenir aux fondamentaux, à la raison d'être de ce marché : la peur diffuse du robinet.

Aujourd'hui, l'eau du robinet est en France le produit alimentaire le plus surveillé ; 85% des français lui font d'ailleurs confiance (baromètre CIEau – TNS Sofres 2009). Sa qualité est presque partout équivalente, voire supérieure, à celle d'un bon nombre d'eaux en bouteille. Mais qu'importe ; qu'importe aussi que dans le monde, chaque année, 1,5 à 2 millions de personnes meurent faute de bénéficier d'une eau de la même qualité que celle qui coule dans nos cuisines. Il suffit d'instiller le doute. De parler de la santé des tout-petits. De sous-entendre, quand on n'a rien à montrer.

Dans ce registre, l'inflexion est très nette : voyez par exemple cette campagne réalisée par Danone dans le magazine « Côté Mômes », diffusé dans les maternités et les hôpitaux. Entre deux articles renforçant la caution médicale, un sur l'ostéopathie pour les tout-petits, et un sur la psychologie des mamans, se glisse un « comedito» (quelle dénomination pudique!) de 4 pages sobrement intitulé « Pour la santé des bébés et des mamans... Quelle eau choisir ? ». On conserve bien sûr la typographie et les codes du reste du magazine : il s'agit de nous informer, en toute objectivité, sur la question de l'eau pour les nourrissons. C'est même le rédacteur en chef qui se fend d'un petit chapeau pour expliquer : « l'eau est un aliment essentiel à la santé de votre enfant (…) Mais toutes les eaux ne conviennent pas aux besoins du bébé ». Seul le code-couleur est celui d'Evian, pour le reste, on s'intéresse surtout à l'eau du robinet.
Pas pour en dire du mal, bien entendu, juste quelques petites phrases : certes, l'eau du robinet est utilisable pour votre tout-petit, mais il suffit d'une fois... ne vous inquiétez pas, avec tout le chlore et les produits chimiques qu'on met dedans, il n'y a que le problème des canalisations en plomb... bien entendu, pas de risque, si vous pouvez par vous-même contrôler en continu sa qualité... Les escrocs qui font du porte-à-porte en terrorisant les petits vieux pour leur installer des alarmes à prix d’usure ont-ils d’autre technique de vente?

On n'allait pas s'arrêter en si bon chemin : il fallait quand même trouver une garantie pseudo-scientifique à tout cela. Et dans ce contexte, un rapport est miraculeusement sorti du chapeau du bon docteur Servan-Schreiber, qui justifiait récemment son existence médiatique en s’attaquant à la dangerosité des téléphones mobiles. Cette fois-ci, c’est avec l’aide de WWF-France qu’il déclencha sa tempête dans le verre d’eau, recommandant (au terme d’une « étude » qui consistait en fait en une compilation de données déjà parfaitement établies), je cite, « aux personnes malades du cancer ou qui sont passées par la maladie de ne boire quotidiennement de l’eau du robinet que si elles sont sûres de sa qualité »… Devant l’indignation des experts, du ministère et des écologistes (qui eurent beau jeu de rappeler que deux études scientifiques de mars 2006 et de novembre 2008 soulèvent également la question de la migration du plastique de la bouteille vers l’eau de substances nocives comme l’antimoine), Servan-Schreiber a affirmé ne pas avoir voulu critiquer l’eau du robinet, et s’en est tenu à cette position d’évidence :
La qualité de l’eau est globalement bonne en France, mais cela dépend un peu des régions et des dispositifs mis en place pour la traiter ; il est aussi très probable que boire une eau de mauvaise qualité est dangereux. En somme, rien de nouveau sous le soleil. Mais alors pourquoi lancer cette polémique ? Comme disent les Dupond et Dupont dans « Tintin au pays de l’or bleu », pardon de l’or noir, cherche à qui le crime profite.

Dernier volet du marketing anxiogène, bien sûr, la toile. La question mériterait une enquête à part entière, tant les inénarrables interventions des marketeux de tous poils sur les forums féminins sont à se taper sur les cuisses, mais limitons-nous à un anecdote : l'étude sus-mentionnée de notre bon docteur Servan Schreiber, sur l'eau et le cancer, a été diffusée le 23 juin 2009. Le même jour, à 14h17, l'info était relayée sous l'article « eau du robinet » de l’encyclopédie en ligne Wikipedia par un contributeur répondant au surnom de Wikiman75. Une telle réactivité est bien entendu exceptionnelle : par comparaison, l'article « eau minérale » annonce toujours tranquillement que le secteur est en pleine croissance, tiré par les eaux aromatisées, le tout se fondant sur des données de 2003. Réactivité exceptionnelle, donc, surtout pour un rédacteur qui n'était pas intervenu sur wikipedia depuis le 12 septembre 2008, et dont les contributions précédentes étaient de publier la liste des interdictions à la consommation d'eau du robinet... C’est curieux, non ? Vous n'auriez pas vu passer un nourrisson sur des patins à roulettes ?


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