lundi 29 juin 2009

World Water Week in Stockholm


L’édition 2009 de la World Water Week se tiendra du 16 au 22 août sur le theme “Accès à l’Eau pour le Bien Commun” avec pour theme central la gestion des eau transfrontalières. Cette Edition sera la première étape d’une période de trois ans intitulée ”Eau: Répondre aux Changements Mondiaux”.

Á propos du Prix de l’eau de Stockholm

Présenté pour la première fois en 1991, le Prix de l’eau de Stockholm est le prix le plus prestigieux du monde récompensant les réalisations les plus remarquables dans le domaine de l’eau.
Le prix annuel comprend une récompense de 150 000 $ ainsi qu’une sculpture en cristal.

Un Comité international chargé des nominations a été désigné par l’Académie Royale des Sciences de Suède qui étudie ces nominations et propose un candidat. Les fondateurs du Prix sont des sociétés suédoises ou internationales ainsi que la ville de Stockholm. Le programme du Prix est administré par l’Institut international de l'eau de Stockholm.

Le parrain du Prix de l’eau de Stockholm est Sa Majesté le Roi Carl XVI Gustaf de Suède.

Pour aller plus loin : http://www.worldwaterweek.org/sa/node.asp?node=495

samedi 27 juin 2009

L'eau et la crise économique

L'observateur de l'OCDE alerte sur le fait que les débats sur les plans de relance budgétaire à court terme et l'avènement d'économies à « croissance verte » font l'impasse sur une chose essentielle : l'eau.

La « Réponse stratégique de l'OCDE à la crise financière et économique » omet de mentionner l'eau. D'autres études commettent la même erreur. Sous-estiment-elles les avantages directs et indirects de l'eau, ou ne perçoivent-elles tout simplement pas les coûts de la négligence et de l'inaction ?

De fait, il existe peu, voire pas de chiffres fiables sur les dépenses, les coûts et les avantages liés à l'eau. Les spécialistes du secteur de l'eau ont l'impression que dans la situation actuelle, les coûts outrepassent les avantages perçus. S'ils disent vrai, la perspective d'un avenir durable s'éloigne. Sans informations solides, comment les experts peuvent-ils convaincre les décideurs de la gravité de la situation actuelle ? Il est temps de revenir aux fondamentaux.

La crise économique est l'occasion de susciter une prise de conscience du rôle vital de l'eau. Il est urgent de rattraper le temps perdu et de faire face aux pressions grandissantes sur les ressources en eau - dues à la croissance démographique, à nos modes de vie ou au changement climatique - avec tout le sérieux que requiert la situation.

Une partie du problème tient au manque d'intérêt de nombreux responsables politiques pour l'eau. Déjà avant la crise, les fonds publics et privés nécessaires à l'entretien et à l'extension des services d'eau étaient inadéquats. Les risques perçus des investissements dans l'eau sont apparus de plus en plus importants, entraînant une baisse des investissements dans les nouveaux ouvrages et l'entretien. Des approches irréalistes de recouvrement des coûts ont entraîné des performances opérationnelles insatisfaisantes, une couverture réduite et une baisse de la qualité des services. Les particuliers et les entreprises, notamment dans les pays les moins avancés, n'ont pas un accès suffisant à l'eau potable, à l'assainissement et aux autres services essentiels. Les Objectifs du Millénaire pour le développement sont loin d'être atteints. Selon le Rapport mondial sur le développement humain du PNUD de 2006, les investissements annuels nécessaires pour atteindre les objectifs liés à l'eau et à l'assainissement devraient représenter environ 2,7 % du PIB, soit 7 milliards de dollars US par an pour la seule Afrique subsaharienne. C'est bien plus que les 0,3% du PIB, ou 800 millions de dollars, consacrés à l'eau actuellement.

Cette situation risque d'empirer avec la crise, la Banque mondiale ayant récemment constaté que la diminution des investissements publics a particulièrement touché l'investissement dans les infrastructures de l'eau. Enfin, si rien n'est fait, les coûts de la négligence et de l'inaction seront catastrophiques, et se répercuteront dans tous les secteurs de l'économie : les pénuries feront disparaître des emplois dans l'agriculture et l'industrie ; les individus et les familles en ressentiront les effets sur leur niveau de vie, et une ressource indispensable à la vie sera menacée.

L’agriculture, premier utilisateur d'eau, sera frappée de plein fouet, avec une baisse des rendements, entraînant des pénuries alimentaires et une hausse des prix des produits de base, ce qui pourrait paralyser les échanges avec les économies émergentes. Le secteur énergétique sera également menacé et le développement d'énergies à faibles émissions de carbone sera ralenti. Le secteur manufacturier sera lui aussi menacé par la cherté et la rareté de l'eau et des produits qui en dépendent.

Un échec dans le traitement des eaux polluées et la protection des populations et des écosystèmes aquatiques aggraverait les coûts liés aux affections et aux maladies, avec des répercussions sur l'éducation et la productivité, sans parler de la perte d'une partie des ressources en eau utilisables et de la destruction de certains écosystèmes. Quel sera le coût de ces conséquences de l'inaction, et à quel prix pourra-t-on les éviter ? Nul ne le sait, mais nous devons tout faire pour éviter ce scénario.

C'est ici que peuvent intervenir les gouvernements, les entreprises et des organisations internationales telles que l'OCDE. Des stratégies nationales doivent assurer les investissements nécessaires aux infrastructures et aux services de l'eau. Par exemple, il conviendrait désormais de préaffecter une partie des fonds publics issus des plans de relance budgétaire au financement de l'amélioration des infrastructures de l'eau. Après tout, comme l'OMS et d'autres l'ont constaté, le rapport coûts-avantages de tels investissements se situe aux alentours de 1/8, et peut atteindre 1/40 dans certains cas (voir « Global cost-benefit analysis of water supply and sanitation interventions », Hutton, Haller and Bartram, WHO Journal of Water and Health, 5 avril 2007). Les investissements consacrés à l'eau doivent ainsi figurer en bonne place dans les plans de relance à court terme, mais il faudra aussi les maintenir par la suite.

Quant aux entreprises, beaucoup d'entre elles s'efforcent depuis des années d'utiliser l'eau de façon plus efficiente, notamment en améliorant leurs technologies. Elles devraient toutefois redoubler d'efforts, en collaborant avec des associations telles que le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable ou la Water Environment Federation en cherchant à s'engager aux côtés des autres acteurs pour trouver de meilleures manières d'utiliser et de gérer l'eau. Elles devront en outre continuer d'encourager les responsables politiques à valoriser et à promouvoir la conservation de l'eau.

L'OCDE peut elle aussi apporter sa pierre en approfondissant ses analyses sur l'économie de l'eau, afin d'évaluer la situation actuelle de l'investissement et d'aider à préparer l'avenir. Selon le BIAC, ces analyses devraient mettre en évidence les avantages économiques de l'accès à une eau salubre, ainsi que le coût de l'inaction. Elles pourraient aussi démontrer la valeur des nouvelles stratégies de financement pour l'ensemble de l'économie. Les décideurs doivent être bien informés pour pouvoir mobiliser à court terme les fonds nécessaires aux infrastructures de l'eau et stimuler les investissements à long terme en faveur du développement durable.

La crise mondiale est grave, mais la catastrophe peut être évitée. Le débat sur l'adoption de plans de relance et l'essor d'économies solides offre une occasion unique de revenir aux fondamentaux - or quoi de plus fondamental pour la vie que l'eau ?

Le BIAC est le Comité consultatif économique et industriel auprès de l'OCDE. Voir www.biac.org

Pour voir les travaux de l'OCDE sur l'eau, www.oecd.org/eau


source : L'Observateur de l'OCDE n° 272

vendredi 26 juin 2009

Vers une plateforme européenne de recherche sur l’eau

La WssTP est un consortium comprenant déjà une quarantaine de membres et qui s’apprête à faire à la fin de l’année ses premières recommandations sur six thèmes liés à la gestion durable de l’eau.


Dans ses supports de communication, la WssTP (Water supply and sanitation technology platform) invite les chercheurs à la rejoindre. Pour l’heure, cette plateforme associe quelque quatre cents chercheurs européens (une cinquantaine de Français) travaillant dans le domaine de l’eau. Mais seule une quarantaine en sont des membres à part entière. Basée à Bruxelles, la WssTP a officiellement vu le jour en 2007 dans la droite ligne du volet « eau » de l’agenda de Lisbonne lancé en 2000. Sa principale mission : mettre en place une stratégie de recherche en technologies innovantes dans le secteur de l’eau en Europe.


La plateforme favorise la collaboration entre différents acteurs du secteur de l’eau : chercheurs, industriels (en France Veolia et Suez Environnement), politiques, usagers. Considérée comme la référence européenne en matière de recherche dans le domaine de l’eau, la WssTP a du pain sur la planche.


Car même si l’accès à l’eau potable est effectif pour la très grande majorité des Européens, il existe sur le vieux continent quelques situations de tension sur la ressource dues principalement à l’urbanisation. De plus « un grand nombre de zones rurales et sous-développées en Europe et hors de l’Europe manquent d’infrastructures adéquates sur l’eau », constatent les experts de la WssTP.


Pour faire face à ces défis, la plateforme a défini six programmes d’action parmi lesquels figurent l’atténuation des tensions liées à l’eau dans les zones côtières, la gestion durable de l’eau à l’intérieur et autour des grandes zones urbaines, la gestion durable de l’eau dans l’agriculture et dans l’industrie. Relativement à ce dernier volet, la plateforme a contribué à l’élaboration du projet dénommé Aquafi4U qui a permis de réaliser des économies d’eau dans le secteur industriel par recyclage et réutilisation. Les premières recommandations de la plateforme à l’Union européenne sont attendues pour fin 2009.

Le promoteur de l’assainissement décent reçoit le Prix de l’eau de Stockholm 2009

Le Dr. Bindeshwar Pathak, fondateur du mouvement sanitaire Sulabh en Inde, a été désigné Lauréat du Prix de l’eau de Stockholm 2009.

En tant que fondateur de l’Organisation du service social international Sulabh, le Dr. Pathak est connu dans le monde entier pour ses nombreux travaux dans le domaine sanitaire visant à améliorer la santé publique, à accéler les progrès sociaux et à oeuvrer pour les droits de l’Homme en Inde ainsi que dans les autres pays. Ses réalisations couvrent les domaines de la technologie sanitaire, de l’entreprise sociale et de l’éducation sanitaire de millions de personnes dans son pays natal, servant ainsi de modèle pour les ONG et les initiatives de santé publique dans le monde entier.

Depuis qu’il a créé le Mouvement sanitaire Sulabh en 1970, le Dr. Pathak a travaillé pour faire évoluer les comportements sociaux par rapport aux latrines traditionnelles peu hygiéniques dans les quartiers pauvres, les villages et les zones urbaines à forte densité de population. Il a également développé des systèmes de toilettes rentables qui ont amélioré la vie quotidienne et la santé de millions de personnes. Le Dr. Pathak mène continuellement une campagne pour abolir une pratique habituelle en Inde qui consite à faire les poubelles et à récupérer les déchets dans des seaux tout en défendant les droits des anciens fouilleurs d’ordures et de leurs familles en leur offrant des opportunités économiques, des niveaux de vie décents ainsi qu’une dignité sociale.

« Les résultats des efforts du Dr. Pathak constituent l’un des exemples les plus surprenants de la façon dont un seul être humain peut influencer le bien être de millions d’autres, » a remarqué le Comité d’attribution des nominations du Prix de l’eau de Stockholm. « La capacité du Dr. Pathak à atteindre ces résultats socio-environnementaux remarquables a été universellement reconnue, notamment par ceux qui ont sécurisé la liberté de la dignité humaine à la suite de ses efforts.»

Le Dr. Pathak recevra officiellement le Prix de l’eau de Stockholm 2009 lors de la Cérémonie Royale des Récompenses qui sera suivie d’un Banquet. Ces évènements auront lieu lors de la Semaine mondiale de l’eau à Stockholm en août prochain.


mardi 23 juin 2009

Développement durable et services d’eau français : la convergence ?

Le mensuel de l’Université publie un article de Marie-Agnès Bordonneau, présenté comme une version synthétique de sa thèse (cf notre post sur du 02/06/09 « Regard juridique sur la double nature de l’eau »)
Il s’agit là d’un article issu d’un dossier que le mensuel a consacré à l’eau. On peut y voir aussi une vidéo de David Blanchon, dont on a déjà parlé ici.


Par Marie-Agnès Bordonneau :

Les services d’eau en France fonctionnent selon des modèles anciens, ayant prouvé leur efficacité, et sont même reconnus internationalement comme l’ « école française de l’eau ». Mais ces illustres acquis ne dispensent pas ces services d’évoluer. Ce modèle doit en effet s’adapter aux nouvelles exigences du public de sécurité sanitaire, de transparence dans la gestion et de respect de l’environnement. Se pose dès lors la question de savoir si les récentes évolutions intervenues dans le régime juridique encadrant cette activité (la récente loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 réforme en effet la politique de l’eau en France) s’inscrivent bien dans une démarche que l’on peut qualifier de « développement durable » ?

Le développement durable n’est pas qu’une formule ; cette notion est intégrée en droit interne, non seulement dans le Code de l’environnement, mais aussi -au sommet de la hiérarchie des normes- dans la Charte de l’environnement. Dans l’encadrement des services d’eau se retrouvent des préoccupations qui relèvent sans conteste du concept de développement durable dans ses aspects économiques et sociaux ou environnementaux.

Nous pourrons ainsi constater que si les premiers semblent une réelle préoccupation pour nos gouvernants (reconnaissance d’un droit à l’eau, consécration des principes d’information et de participation), les exigences environnementales (notamment le principe pollueur-payeur) ne sont pas toujours pleinement intégrées dans le droit des services d’eau.

Reconnaître un droit à l’eau constitue en effet la remarquable consécration par le droit d’un des besoins les plus essentiels pour l’homme et son développement : avoir accès à de l’eau potable pour ses besoins quotidiens. Le droit à l’eau, souvent évoqué au plan international, n’a longtemps bénéficié que d’une reconnaissance symbolique.

En droit interne, il a fallu attendre la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006(1) pour qu’il reçoive une formulation normative(2) . Toutefois, ce texte ne fait pas -à ce jour encore- du droit à l’eau un droit directement opposable faute d’autorité désignée pour le mettre en œuvre et de mesures concrètes d’application. Sa portée risque donc de demeurer limitée et repose actuellement sur des palliatifs (mesures sociales, droit à un logement décent, abus dans le refus de raccordement…). .

En outre, lorsque l’eau est disponible, encore faut-il qu’elle soit saine. Le régime juridique particulièrement détaillé et contraignant applicable aux eaux destinées à la consommation humaine(3) est une autre illustration de l’importance qu’accorde le législateur à cet usage spécifique. Il a été récemment renforcé(4) et la jurisprudence suit la même tendance rigoureuse s’agissant des qualités sanitaires des eaux destinées à la consommation humaine qu’elle qualifie régulièrement d’obligation de résultat(5) .

Dès lors, pour faire face à ces nouvelles exigences, lourdes en termes de coûts et de responsabilité, les collectivités locales ont souvent eu recours à la délégation de service public ou l’intercommunalité. Le législateur, afin de favoriser la concurrence et d’inciter au renouvellement des infrastructures vient dans la récente loi sur l’eau d’adopter diverses mesures facilitant le financement par les collectivités locales de leurs infrastructures(6) . Elle supprime notamment l’inégalité entre secteur public et privé en permettant aux communes d’appliquer, pour leurs amortissements et provisions, les mêmes principes comptables que le secteur privé. L’objectif est sur le long terme de relancer l’investissement public dans ce domaine par une approche de « gestion patrimoniale des réseaux ».

L’information du public et participation sont également des vecteurs de développement durable dans les services d’eau car ils reflètent l’implication de la société civile dans l’exercice de cette activité. Les dispositifs destinés à véhiculer une information sur la qualité de l’eau distribuée et sur les services d’eau (le principal étant le rapport annuel sur le prix et la qualité du service public d’eau potable(7) ) sont pléthoriques quoique parfois obsolètes (affichage municipal!). Il n’en va pas de même du principe de participation dont le vecteur essentiel demeure la planification de la gestion de la ressource.

Ainsi, la prise en compte par le législateur des aspects sociaux et économiques du développement durable dans les textes les plus récents encadrant les services d’eau semble avérée. Il n’en va pas de même pour les aspects écologiques -pourtant fondamentaux- de cette notion.

Selon la vision européenne, inspirée du principe pollueur-payeur(8) , la tarification doit refléter le coût réel de l’eau fournie et donc intégrer les atteintes que chaque usager porte à la ressource. Elle doit remplir deux conditions : être intégrale et se faire par secteur d’activité (distinguant au minimum industrie, ménages, agriculture). En France, l’instauration d’une stricte sectorisation bouleverserait un système traditionnellement fondé sur des mécanismes de péréquation et de solidarité. La France pratique en effet une solidarité par bassin notoirement « biaisée » au profit du monde agricole qui ne paie qu’une partie minime de ses coûts réels d’usage et d’assainissement de l’eau(9) .

La loi réformant la politique de l’eau a fait preuve d’une grande prudence et, quoique simplifiant ce dispositif, n’a pas apporté de changement fondamental à cette organisation fondée sur un système de redevances perçues auprès de chaque usager. Les usagers des services d’eau supportent ainsi des coûts générés par d’autres usages et sans doute dans une mesure qu’ils ne peuvent compenser ; ce qui ne permet pas une protection efficace de la ressource et ne s’inscrit pas dans une démarche de développement durable.

Quant à la protection quantitative, le régime encadrant les prélèvements d’eau non domestiques vient d’être renforcé. Un décret 2006 réformant ce dispositif (10) prévoit de soumettre certains prélèvements à autorisation et d’autres à déclaration, en fonction de leur débit. Ce dispositif est encore plus strict dans des zones où, en raison de la fragilité ou de l’importance particulière du milieu, s’applique un contrôle plus strict des prélèvements (zones de répartition des eaux, ZRE). Et la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 vient de créer de nouvelles zones protégées intéressant directement l’approvisionnement en eau(11) .L’identification de ces zones nouvelles, spécifiquement dédiées aux eaux potabilisables, nous semble manifester une réelle prise de conscience de la part du législateur des enjeux considérables attachés à la préservation de ces ressources afin de garantir la durabilité de l’approvisionnement en eau des populations.

En conclusion, nous pouvons affirmer que le législateur a manifesté dans les dispositions récentes qu’il consacre aux services d’eau - et notamment dans sa réforme de la politique de l’eau- sa volonté de tenir compte des exigences de développement durable (reconnaissance d’un droit à l’eau, renforcement des mesures sanitaires, protection quantitative de la ressource…). Mais il ressort aussi de cette étude que dans le domaine de l’écologie, et notamment de l’application du principe pollueur-payeur, d’importants progrès restent à accomplir. Sans prôner une application « aveugle » du principe de récupération des coûts par secteur, consciente des arbitrages délicats à pratiquer en ce domaine, nous estimons toutefois qu’un rééquilibrage, entre le « monde agricole » et le « monde des collectivités » doit s’opérer, essentiellement dans le domaine de la lutte contre la pollution, dans l’objectif d’une durabilité de tous les usages de l’eau.

La thèse de Marie-Agnès Bordonneau, Regard juridique sur la double nature de l’eau, soutenue en 2008 à l’université Aix-Marseille III est à paraître aux éditions Johanet.

Notes

  1. Loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques, J.O n° 303 du 31 décembre 2006, p. 20285. [retour au texte]

  2. Le nouvel alinéa 2 de article L 210-1 du Code de l’environnement dispose ainsi que « Dans le cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement établis, l’usage de l’eau appartient à tous et chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous ». [retour au texte]

  3. Articles L 1321-1 et s. et R. 1321-1 et s. du Code de la santé publique. [retour au texte]

  4. Décret n° 2007-49 du 11 janvier 2007 relatif à la sécurité sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, J.O n° 10 du 12 janvier 2007, p. 778. [retour au texte]

  5. Pour une illustration : Cass. civ., 1e, 30 mai 2006, Syndicat d’adduction d’eau du Trégor, Bull., 2006, I, n° 279 ; Cour d’appel de Rennes, 9 mai 2003, n° 02/04/669, Baulier, Dr. env., n° 109, juin 2003, p. 107, note R. ROMI ; Cour d’appel de Rennes, 14 novembre 1996 et Cass. Civ. 1e, 5 nov. 1996, Bull. civ. 1996, I, n° 370 ; JCP G 1997, II, n° 22822, note A. PERDRIAU. [retour au texte]

  6. Nouvel article L 2224-11-1 du Code général des collectivités territoriales. [retour au texte]

  7. Article L 2224-5 du Code général des collectivités territoriales. [retour au texte]

  8. Directive du Parlement et du Conseil, n° 2000/60 du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau, JOCE L 327, 22 décembre 2000, p. 1. Cf. spécialement article 9 « Récupération des coûts des services liés à l’utilisation de l’eau. [retour au texte]

  9. Il apparaît ainsi effectivement - ce qui est bien connu et souvent décrié- que ces contributions en termes de redevances sont très inégales en importance, avec une forte dominance de la contribution des collectivités locales (environ 84 %) et une faible part supportée par l’agriculture (légèrement supérieure à 1 %). Cette répartition n’est en aucune façon proportionnelle aux pressions, aux niveaux de perturbation, exercés sur les milieux aquatiques respectivement par les différents types d’usagers. On retrouve la même disparité au regard des aides perçues car si les agriculteurs sont ceux qui contribuent le moins, ce sont en revanche ceux qui, en proportion, perçoivent le plus. Le ratio «aides/redevances » en ce qui concerne l’agriculture est globalement supérieur à 6 en valeurs absolues (94 M€/15 M€) et atteint presque 30 dans le domaine de la « pollution ». [retour au texte]

  10. Décret n° 2006-881 du 17 juillet 2006, J.O du 18 juillet 2006, p. 10786. [retour au texte]

  11. « zones stratégiques pour la gestion de l’eau » et « zones où il est nécessaire d’assurer la protection quantitative et qualitative des aires d’alimentation des captages d’eau potable d’une importance particulière pour l’approvisionnement actuel ou futur » (Articles L 211-3 II al 5 et L 212-5-1 I al 3 du Code de l’environnement). [retour au texte]




lundi 22 juin 2009

L’eau dans le monde arabe : perspectives de gestion et innovations


Une nouvelle publication partage les connaissances de la Banque mondiale en matière de gestion des ressources hydrauliques dans l’une des régions les plus arides du monde.

« Water in the Arab World: Management Perspectives and Innovations » (« L’eau dans le monde arabe : perspectives de gestion et innovations ») traite de questions relatives à l’eau aussi diverses que l’impact prévu du changement climatique sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’irrigation, les technologies de dessalement et l’art de la diplomatie dans le domaine de l’eau.

Ce rapport de la Banque Mondiale présente les expériences des pays dans cinq domaines de la gestion de l’eau : l’approvisionnement, la distribution, la gouvernance, les responsabilités et l’ingénierie.


Le but de cette publication est de « regrouper par écrit les connaissances existantes qui ont été acquises dans le cadre des projets financés par la Banque mondiale au Moyen-Orient pour aider à gérer une ressource rare et essentielle pour la région », a déclaré Vijay Jagannathan, responsable de l’équipe du secteur de l’eau, région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), à la Banque mondiale.

Les 24 chapitres du rapport traitent des principaux enjeux relatifs aux politiques de gestion de l’eau, du rôle qu’occupent la voix des populations et les choix dans le processus décisionnel, de l’impact des lois, règlements et autres mesures relatives à l’eau, des expériences en matière de délégation des services d’eau au plus bas niveau de gestion et des études prospectives sur de nouvelles approches d’investissements dans le domaine de l’eau.

Le rapport traite également du réchauffement climatique mondial en tant que principal moteur de l’amélioration de la gestion de l’eau et de l’innovation, note M. Jagannathan. Le changement climatique entraîne déjà de nouveaux défis en matière de gestion de l’eau et altère complètement ce que tenaient pour acquis bon nombre des pays depuis plusieurs siècles, dit-il.

Les modèles du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) prévoient que la température et la variabilité de l’eau augmenteront dans plusieurs pays de la région et que les précipitations vont également diminuer de 30 % d’ici 2050.

De récentes conclusions du GIEC confirment les tendances observées au cours de la dernière décennie en Algérie, au Maroc et en Tunisie : les données historiques sur la configuration des pluies ne permettent plus de faire des projections exactes pour les précipitations futures.

Une partie de la solution pour la région consiste à mettre au point un ensemble de réformes qui s’attaquent tant aux problèmes de demande en eau (mesures incitatives pour encourager les agriculteurs à passer à des récoltes avec une meilleure productivité de l’eau) qu’aux problèmes d’approvisionnement (conservation de l’eau par la modernisation de l’irrigation et un meilleur suivi du cycle eau/évapotranspiration), soutient le rapport.

Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas que l'eau constitue un formidable potentiel économique dans la région : selon un autre rapport, intitulé « Marché de l’eau du Moyen Orient 2010 », et publié par le mensuel Global Water Intelligence.com, « le secteur du traitement des eaux usées du pays connaîtra sa croissance la plus rapide au cours des prochaines années. »

Selon le rapport, les gouvernements du Moyen-Orient chercheraient à améliorer leur efficacité à travers le cycle d'eau. Cela pourrait mener à une augmentation « spectaculaire » de l'investissement dans la réutilisation des eaux usées. Les dépenses d'investissement totales dans les secteurs des eaux usées pourraient passer de 5,3 milliards de dollars en 2009 à 13,3 milliards en 2016. Le rapport ajoute que « l’accroissement des populations, des surplus de capitaux et la pénurie critique d'eau sont des conducteurs forts du marché, menant à une augmentation significative des dépenses en vue des nouveaux besoins en équipements de production d'eau et des programmes de réutilisation d'eau qui seront mis en action. »

Italie - Publication du Blue Book 2009

En Italie, le « Blue Book 2009 » a récemment proposé une «radiographie de la consommation de l’eau par les familles italiennes et du service hydrique intégré». Il a été présenté lors de la conférence internationale de l’Association Internationale de l’Eau (IWA) dans le cadre du séminaire H2Objectif 2000.

Selon ce rapport, publié par l’Institut de recherche Utilitatis en collaboration avec l’Association nationale des autorités et organismes de l’environnement (Anea), en 2008, l’Italie fait partie des pays où le prix de l’eau et des services hydriques est le moins élevé.

En revanche, il existe une forte diversité entre les villes : les « tarifs de l’eau les plus élevés sont à Agrigente, en Sicile - 200 m3 d’eau pour 440 euros par an et les plus bas à Milan - 103 euros par an. » Le rapport compare également les prix du m3 d’eau dans des grandes métropoles mondiales, telles que Buenos Aires, Hong Kong, Miami, Berlin, Zurich, Paris, Bruxelles, Helsinki.

Enfin, pour faire face aux besoins, l'investissement au cours des 30 prochaines années devrait être de 2,02 milliards de dollars par année.

En effet, selon le rapport, « 15% des Italiens ne sont pas raccordés au réseau de canalisation et que 30% manquent de services d’assainissement. » Les participants ont donc qualifié cette situation d’« urgente » et « nécessitant des investissements privés immédiats. »

vendredi 19 juin 2009

Marseille choisie pour accueillir le Forum Mondial de l'eau 2012

Info de dernière minute : Suite à notre post du 4 juin sur le prochain Forum mondial de l'eau, nous apprenons à l'instant que le board du World Water Council a choisit aujourd'hui la ville de Marseille pour accueillir le prochain World Water Forum de 2012. Actuellement réunit à Madrid, le board a majoritairement choisit (28 voix pour Marseille et 6 pour Durban) la capitale phocéenne pour accueillir le prochain Forum. Pour en savoir plus sur le Water World Forum, sa fiche Wikipédia.

dimanche 14 juin 2009

L’Or bleu, l’origine de l’eau

Pour cerner les enjeux à venir des ressources en eau, il n'est pas inutile de revenir aux origines. Comment l'eau est-elle apparue sur terre? Comment se renouvelle-t-elle depuis la nuit des temps? Réponses du géologue Ghislain de Marsily, professeur émérite à l'université Pierre et Marie Curie - Paris Universitas et à l'École des Mines de Paris, qui intervient sur les questions de l'eau auprès des instances internationales et de nombreux gouvernements, et auteur de "L'eau, un trésor en partage" (éditions Dunod, 2009).


samedi 13 juin 2009

Le génie civil face à la pénurie d’eau


François Anctil est l’auteur de L’eau et ses enjeux -Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, 2008 - et a reçu la même année un prix d’excellence en enseignement de l’Université Laval pour son cours en ligne de culture scientifique Eaux. Il fait le point sur les possibilités et les limites des sciences de l’ingénieur face aux problématiques de pénurie.

L’eau a longtemps été perçue comme une ressource peu limitée qui se renouvelle au rythme des saisons. Depuis, l’homme a appris à maîtriser et à détourner les cours d’eau et à exploiter les nappes souterraines. Par exemple, l’irrigation est devenue une très grande consommatrice d’eau. Les réserves et les flux étant en réalité limités, ces usages font que l’eau peut aujourd’hui manquer même là où les précipitations sont passablement abondantes.

La disponibilité en eau doit donc être évaluée sous la perspective des quantités disponibles pour l’ensemble des usages économiques, sociaux et naturels. La qualité est également un enjeu, car une eau dégradée n’est plus disponible ou seulement partiellement disponible au milieu.

Mais que peut faire le génie civil pour contrer les pénuries d’eau ? Ce texte aborde cette question en quatre temps, en distinguant d’abord aridité et sécheresse, en énonçant les moyens techniques du génie civil, en discutant des principes de gestion de la ressource en eau dans un contexte de pénurie, puis en concluant par une réflexion sur les multiples conséquences du manque d’eau.

Aridité ou sécheresse ?

Pour aborder le manque d’eau, il faut en retracer les causes, étudier les processus physiques en jeu, observer le comportement hydrologique, aborder la problématique de gestion de l’eau et formuler des mesures de conservation et d’économie de la ressource.

L’aridité reflète un manque naturel et permanent d’eau, à la suite de modestes précipitations annuelles. Les milieux arides se caractérisent par la faible teneur en eau de leur sol et par de longues périodes de faibles débits, voire de débits nuls. Ces milieux sont parfois soumis à d’intenses précipitations locales pouvant mener à des crues éclairs.

La sécheresse marque un état naturel mais temporaire de manque d’eau à la suite d’une période de précipitations inférieures à la moyenne. La durée, la fréquence et la sévérité de cet état sont toutefois difficiles à anticiper puisqu’elles sont très variables dans le temps et l’espace. Il reste tout de même que les sécheresses sont des phénomènes récurrents, souvent catastrophiques pour l’agriculture, pour les milieux aquatiques et pour les activités humaines.

La variabilité des sécheresses en intensité, dans l’espace et dans le temps, complique leur définition. Par exemple, on qualifie parfois les sécheresses par leurs conséquences météorologiques (rareté de précipitations), par leurs conséquences agricoles (pertes de production) ou encore par leurs conséquences hydrologiques (faibles débits ou bas niveaux de nappe phréatique).

Pour sa part, la désertification est un manque d’eau permanent résultant d’une mauvaise gestion du territoire (et de l’eau), telle que l’appauvrissement des sols et l’exploitation abusive de l’eau souterraine.

Contrer les pénuries

Faire pleuvoir à volonté, pour combler un manque d’eau, reste encore une utopie technologique(1) .

L’outil technique de prédilection pour contrer les pénuries est plutôt le barrage, qui permet d’accumuler en son réservoir de l’eau pour les périodes de faible abondance. Aujourd’hui, près de la moitié des fleuves sont pourvus d’au moins un des quelque 47 500 barrages existants de plus de 15 mètres de hauteur(2) . Or, l’irrigation est la fonction exclusive de la moitié de ceux-ci, reflet de la rareté de l’eau et de ces bienfaits attendus. Ainsi, entre 30 % et 40 % des 271 millions d’hectares irrigués le sont à partir de ces barrages, ce qui assure entre 12 % et 16 % de la production alimentaire mondiale.

Malgré les meilleures volontés du promoteur, construire un grand barrage entraîne des répercussions sur l’environnement et la société. Le barrage sans conséquence est une illusion. Tout au plus peut-on promettre des conséquences minimales. Par exemple, le territoire inondé à la suite de la construction d’un barrage se comportera à la manière d’un lac et non plus d’une rivière. L’écosystème aquatique initial sera biffé et remplacé par un nouvel écosystème dont on ne maîtrisera que difficilement la destinée. La valeur économique de cette nouvelle ressource aquatique sera souvent moindre que l’écosystème initial qui assurait la subsistance d’une partie de la population riveraine.

Vivre en pénurie

La meilleure façon de vivre en milieu aride est d’appliquer un mode de gestion en harmonie avec l’environnement, c’est-à-dire adapté à la rareté de l’eau. Une partie des problèmes actuels de gestion de l’eau des pays arides et semi-arides proviennent de l’importation de techniques et de modes de gestion mis au point dans un contexte où l’eau est plus abondante et de l’abandon de techniques millénaires développées localement(3) .

L’exploitation durable de l’eau en milieu aride implique l’adoption et la mise en œuvre d’une gestion intégrée de l’eau et du territoire, l’amélioration des systèmes de distribution et d’irrigation, l’adoption de politiques d’allocation d’eau incitant la conservation et l’utilisation raisonnée de la ressource, la valorisation de l’eau comme un bien à grande valeur économique, sociale et environnementale, l’exploitation durable de toutes les ressources disponibles, incluant le recyclage et l’exploitation de sources saumâtres pour certains usages, la participation des meilleures techniques d’irrigation (dans une perspective d’économie de l’eau), la collaboration des usagers dans la planification et la gestion de l’eau à l’échelle locale et l’éducation des gestionnaires, opérateurs et utilisateurs.

La gestion de l’eau en période de sécheresse peut emprunter beaucoup d’éléments énoncés pour les milieux arides.

Le problème ici réside en bonne partie dans la difficulté à prévoir le début, la durée et l’intensité d’une sécheresse, ce qui fait que l’on réalise trop souvent qu’une sécheresse est active lorsque les conséquences se font déjà sentir. La mise en place de plans d’urgence permettant de prendre les décisions adéquates au fur et à mesure que se développe une sécheresse est donc incontournable.

Un tel plan devrait inclure les éléments suivants : des modifications aux allocations en eau et dans le fonctionnement quotidien des systèmes de distribution et d’irrigation, l’exploitation de sources de moindre qualité (tout en contrôlant les conséquences possibles), des modifications aux plans de cultures des fermes (par exemple, cultiver des végétaux moins exigeants en eau), de l’aide financières aux agriculteurs ou aux industries qui sacrifient des droits d’eau au profit d’autres usages et une communication efficace de la situation et des décisions qui sont prises.

Conséquences du manque d’eau

Le manque d’eau est une réalité fortement répandue. Mais quelles en sont les conséquences? L’eau disponible est alors insuffisante pour la production locale de nourriture. L’absence d’eau interfère dans le développement industriel, urbain et touristique. Les cours d’eau et les lacs sont ponctionnés au point de ne plus pouvoir accueillir sans conséquence les charges polluantes industrielles, urbaines et agricoles qu’on y déverse, ayant pour effet de rendre leur eau impropre.

La détérioration des sources d’eau est propice à la prolifération de maladies, sans compter que la pauvreté ne favorise pas la mise en place de systèmes de traitement et de distribution efficaces. Le manque d’eau ne peut qu’envenimer les conflits associés au partage de la ressource entre régions ou pays, ou encore entre des utilisateurs différents au sein d’une même région. Et la préservation des écosystèmes est généralement négligée lorsque l’eau se fait rare.

Notes

  1. Le débat sur l’ensemencement des nuages perdure encore, à savoir si cette technique tient davantage du mythe que de la réalité. Une perspective historique de la question est proposée par Fleming JR - The pathological history of weather and climate modification: Three cycles of promise and hype. Hist Stud Phys Biol, 2006, 37, 3-25.

  2. Devant les succès et insuccès de l’expérience mondiale des grands barrages, la Banque mondiale et l’Union mondiale pour la nature s’associent à de nombreux autres groupes d’intérêt pour créer en 1997 la Commission mondiale des barrages qui a pour mandat de faire un examen impartial approfondi de la situation et de proposer des normes pour l’avenir. Les informations divulguées sont tirées de leur rapport : Commission mondiale des barrages - Barrages et développement. Un nouveau cadre pour la prise de décisions. Tour d’horizon. Cape Town, Afrique du Sud, 2000, 29 p.

  3. Pereira LS, Cordery I et Iacovides I - Coping with Water Scarcity. Technical Documents in Hydrology 58, UNESCO, Paris, France, 2002, 269 p.

Le Stockholm Junior Water Prize 2009 en France : le génie civil au service des poissons


Selon un communiqué émis par le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire :

Le 29 mai dernier, son Excellence Gunnar Lund, ambassadeur de Suède en France, a présidé la cérémonie de la sélection française du Stockholm Junior Water Prize 2009. Les lauréats sont une équipe de jeunes lycéens en génie civil, qui ont créé des « caches et des passes à poissons ». Cette équipe a été choisie pour porter les couleurs de la France à la finale qui aura lieu en Suède en août prochain.


Des jeunes de plus 40 pays impliqués
Le Stockholm Junior Water Prize est un prix international qui, chaque année, met en compétition des jeunes d'une quarantaine de pays du monde entier, qui mènent des projets liés à la protection, à l'utilisation et au partage de l'eau. Ces projets font auparavant l'objet d'une présélection au niveau national, dans chacun des pays concourants.

Il s'inscrit dans le cadre de la « Semaine mondiale de l'eau » suédoise, événement à audience internationale que le pays organise chaque année au mois d'août depuis maintenant plus de dix ans. Plusieurs prix internationaux sur l4eau sont décernés à cette occasion dont le prestigieux Stockholm Water Prize considéré comme le « Prix Nobel de l'eau ». Le Stockholm Junior Water Prize est une déclinaison de ce dernier.

La sélection française

La sélection française pour le Stockholm Junior Water Prize est une initiative de la Fondation pour l'éducation à l'environnement en Europe (FEEE), association connue nationalement pour son fameux « Pavillon Bleu ».

Sous le haut patronage du ministère du Développement durable, l'opération est développée chaque année avec le soutien des agences de l'eau Seine-Normandie et Artois-Picardie, de Véolia, d'ITT et d'Hydroplus.

En France, le Stockholm Junior Water Prize ouvre la possibilité de concourir à 3 catégories de prix distinctes :

. « Action terrain »
. « Mobilisation d'un public »
. « Science et technique ».
Seul un projet de la catégorie « Science et technique » a vocation à être présenté à la finale internationale suédoise.

Le 29 mai 2009, ce sont donc trois équipes de jeunes qui ont été récompensées en présence de son Excellence Laurent Stefanini, ambassadeur français délégué à l'environnement (projets présentés en pièces jointes). Le jury, présidé cette année par Patrick Lavarde, directeur général de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques, et auquel participait notamment Philippe Guettier de la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère en charge de l'écologie, leur a attribué à chacun la somme de 1000 euros.

Les jeunes Damien Maury et Léopold Noto, élèves en 1ère STI génie civil au lycée de Souillac (Lot) et lauréats du prix « Science et technique » défendront ainsi nos couleurs face à une quarantaine de finalistes du monde entier. Ils ont travaillé en spécialistes du béton à la mise au point de « caches et de passes à poissons » préfabriquées permettant une repopulation du lit de petites rivières désertées après les travaux de curage et recalibrage. Une opération entre futurs professionnels de la construction et défenseurs de l'environnement jugée très « originale et exemplaire » par le jury français ! (photo ci-contre)

Et demain !

Selon Philippe Guettier, le ministère entend promouvoir et s'impliquer davantage dans de ce type d'opérations à retombées positives pour la promotion des savoir-faire français. Le ministère soutiendra en ce sens le Partenariat Français pour l'Eau, plate-forme des différents acteurs français de l'eau actifs à l'international, en vue de :

. faire connaître davantage le Stockholm Junior Water Prize en France pour faire émerger beaucoup plus de projets à l'instar notamment de la Russie et des USA
. créer un quatrième prix destiné à des projets associant des jeunes français et des jeunes étrangers, en priorité de pays en développement, et inciter les organisateurs suédois à faire de même
. identifier les différents prix internationaux sur l'eau auxquels la France pourrait présenter des candidats.

Le lycé Louis Vicat de Souillac.

Le Collège Etouvie à Amiens

Organe de sauvetage écologique OSE Paris

L’eau s’expose sur les berges de la Seine

Une photo de l’usine de traitement des eaux de Valenton, une autre du barrage d’Ablon ou encore les châteaux d’eau de Villejuif : ces clichés sont visibles, depuis hier, en bord de Seine, près du Port-à-l’Anglais à Vitry. Le long de la promenade, quarante panneaux ont pour objectif de montrer la diversité de l’eau dans le département.

Cette exposition, «l’Eau libre du Val-de-Marne », s’inscrit dans le cadre du Festival de l’Oh !, qui se déroulera les 27 et 28 juin.
Derrière ces clichés, il y a l’œil du photographe et écrivain Patrick Bard. Cet habitant de l’île des Loups à Nogent-sur-Marne s’intéresse aussi bien à l’eau qui l’entoure qu’à celle de l’autre bout du monde. « A travers ces photos, j’essaye de montrer un autre regard sur des lieux que l’on voit tous les jours », explique l’artiste.

Ainsi, l’usine de traitement de Valenton, une fois immortalisée par l’objectif, ressemble «presque à l’opéra de Sydney », lance Patrick Bard. « Ce cliché me rappelle le rôle indispensable des stations d’épuration. Car l’eau tue dans le monde : en Ouganda, pour la santé des nourrissons, le lait d’une mère atteinte du sida est préférable à l’eau polluée de ce pays d’Afrique…», confie le photographe.
L’exposition alterne des photos en noir et blanc prises par l’artiste dans les années 1980 avec des images en couleur actuelles. Les promeneurs des berges de Seine peuvent découvrir ces clichés jusqu’à la fin du mois.


vendredi 12 juin 2009

Campagne de l’ONG Compassion pour développer l’accès à l’eau



http://www.tangle.com/view_video.php?viewkey=69f3f7a941cc2dbc11cd

La Banque Mondiale débloque 31 M $ pour l’eau en Tunisie

La Banque mondiale (BM) a octroyé un prêt de 31 millions de dollars US à la Tunisie pour financer un projet dans le secteur de l'eau, a indiqué le 30 mai l'agence tunisienne TAP.

Afin de parer aux importants problèmes d’eau, découlant d’une demande grandissante et d’une diminution de l’approvisionnement, la Tunisie a mis au point un programme de dix ans (2001-2011) pour le soutien au secteur de l’eau.

Le projet est axé sur la gestion et la conservation intégrée de l’eau, l’efficience économique de l’utilisation de l’eau dans le domaine agricole ainsi que la restructuration des institutions et le renforcement des capacités dans le secteur de l’eau.

Ce projet est également financé par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence française de développement (AFD). Le coût total du projet est équivalent à 163 millions de dollars EU. Il devrait également "accroître la qualité et la disponibilité de données techniques" en matière de gestion des ressources en eau, précise la TAP.

Cette information est certainement à rapprocher du post que nous vous proposions le 17 mai et qui reprenait l’interview de Lebdi Fethi, directeur de l’institut national agronomique de Tunis (INAT) et spécialiste de l’eau en Tunisie, dont l’analyse sur les problématiques de l’eau en Tunisie est résolument optimiste mais sur le réalisme de laquelle on peut s’interroger….

jeudi 11 juin 2009

De l’eau et de la Paix : Israël-Palestine


A lire pour tenter de comprendre un peu, au-delà des menées bellicistes d’ordre ethnique ou religieux, l'une des clés du problème : la nécessaire maîtrise des ressources en eau qui explique en partie le si complexe découpage des "territoires".

Cet ouvrage, publié dans le cadre du GIPRI (Geneva International Peace Research Institute, nommé Messager de la Paix par l’ONU en 1988 et doté du statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies) est le fruit d’une session de recherches sur les racines du conflit au Proche-Orient, axées sur la problématique de l’eau. Il constitue une analyse précise des enjeux qui imposent aux deux peuples une coopération jamais interrompue, même au plus fort des actions armées.


Les baisses de précipitations, l’augmentation de la pollution et la surexploitation des ressources donnent toutefois au problème une acuité sans précédent.


Israël est tenu de fournir des quantités précises à ses voisins, dont la Jordanie, mais, sauf pendant la brève période Rabin, la gestion des ressources n’a jamais été vraiment orientée de manière conjointe. Les perspectives dessinées par cet ouvrage sont très sombres, sachant que l’existence même de l’Etat Hebreu dépend de cet apport vital et que même les "colombes" ne céderont rien à ce sujet en ce qui concerne l’approvisionnement. Pourtant, si la ressource peut faire l’objet de conflits d’appropriation, la gestion de sa qualité devra nécessairement être l’objet d’une coopération.

La seconde partie de l’ouvrage évalue les multiples projets de coopération en cours. Laurent Calligé constate : "L’accord dit de Genève de 2003 n’a pas réussi à aboutir sur le volet "eau". Il est symptomatique qu’il se soit trouvé des interlocuteurs des deux camps pour se mettre d’accord sur les frontières redessinées, mais pas sur le partage des ressources hydriques."


"De l’eau et de la paix

Conflit et coopération Israélo-palestiniens"

Sous la direction de Laurent Calligé

Edité par L’Harmattan, hors série du GIPRI

ISBN 978-2-296-06101-9

Porter secours aux océans

Forum scientifique international organisé par l'Indonésie, la Conférence mondiale de l'océan s’est close mi-mai sur un appel solennel : la mobilisation contre les dégradations des mers. Ceux que l'on appelle les petits Etats insulaires, menacés par la montée du niveau de l'océan, sonnent l'alarme sur le problème des réfugiés climatiques.

Il faut « porter secours aux océans ». C'est sur cet appel que s'est conclue la Conférence mondiale sur les océans, qui réunissait du 11 au 15 mai 1.500 représentants de 70 pays à Manado, sur l'île de Sulawesi (alias Célèbes), en Indonésie, le pays organisateur.

Dans la déclaration finale, ces nations se sont engagées à promouvoir « la préservation » et « l'utilisation raisonnée des ressources marines ». Ces engagements n'ont rien de contraignant, cette conférence n'étant qu'informelle et exprimant des souhaits pieux. Mais elle souligne l'importance de négociations sur la gestion des océans, qui devront être discutées lors du prochain sommet sur le climat, à Copenhague, en décembre 2009, pour décider de la suite à donner au protocole de Kyoto. Cette réunion de Manado préfigure également la prochaine Conférence mondiale pour les océans de 2010 qui se tiendra cette fois au siège de l'Unesco, à Paris.

Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) en a profité pour demander des investissements dans la réduction des rejets de déchets dans les océans. Selon cette organisation, huit millions de détritus sont jetés chaque jour à la mer dans le monde, dont l'essentiel est constitué de matières plastiques. Le PNUE avait déjà souligné, juste avant Manado, l'importance des équipements de pêche perdus par les navires, surtout des filets. Il en flotterait actuellement 640.000 tonnes, soit 10% de la masse de déchets mondiaux.

L'impact de ces engins perdus serait considérable, réalisant ce que le PNUE appelle une pêche fantôme. Les principaux accusés sont les filets maillants, très utilisés depuis l'interdiction des grands filets dérivants. Accrochés sur le fond, ces engins forment des pièges verticaux s'étendant sur 600 à 10.000 mètres de longueur. Certains sont abandonnés ou perdus et continuent à pêcher durant des mois voire des années. Le rapport du PNUE cite également les nasses et autres pièges de pêcheurs qui ne sont pas tous récupérés. En Guadeloupe, par exemple, environ 20.000 engins de ce genre seraient perdus après chaque ouragan.

D'autres sonnettes d'alarme ont été tirées à Manado. En marge de la conférence, l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis, Alliance of Small Island States), qui regroupe 43 Etats, répartis dans toutes les régions du monde et dont le territoire est constitué d'îles, ont fait entendre leur voix sur les conséquences de la montée du niveau de l'océan. Les estimations actuelles du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) prédisent une élévation de 59 centimètres au maximum en 2100.

Selon l'Aosis, une telle hausse du niveau de la mer pourrait contraindre, dès 2050, 150 millions personnes à quitter leurs lieux d'habitations. De plus, il n'est pas impossible que les prévisions du Giec soient sous-estimées car elles ne prennent pas en compte la fonte possible d'une partie des glaces d'eau douce de l'Antarctide et du Groenland (mais seulement l'augmentation de volume de l'océan mondial due à son réchauffement).


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